On entend et on lit souvent dans les énoncés des exercices de français, Cochez la phrase correctement orthographiée/ Quelle est la bonne orthographe? / Soulignez la bonne orthographe/ Cette orthographe est-elle correcte? / … Ces formulations ne sont -elles pas pléonastiques, quand on sait que ortho = correct, bon et graphe= écriture?
On entend et on lit souvent dans les énoncés des exercices de français,
Cochez la phrase correctement orthographiée/ Quelle est la bonne orthographe? / Soulignez la bonne orthographe/ Cette orthographe est-elle correcte? / …
Ces formulations ne sont -elles pas pléonastiques, quand on sait que ortho = correct, droit, bon et graphe= écriture?
Bonne question !
Voici ce qu’écrit La Figaro à ce sujet :
«Orthographe correcte», «bonne orthographe»
« Voici un pléonasme qui tend à devenir correct. L’une des définitions du mot «orthographe» (du grec orthos pour «droit», «correct», et «graphe» pour «écrire») indique «la manière correcte d’écrire un mot». Une «mauvaise orthographe» ne peut donc pas être une «ortho-graphe». Préférez donc dire «Je suis bon / mauvais en orthographe» plutôt que «J’ai une orthographe correcte / mauvaise».
Mais même l’Académie française écrit dans son Dictionnaire (art. Orthographe) :
« Expr. Cet élève a une bonne, une mauvaise orthographe, une orthographe détestable, n’a pas d’orthographe. Être fâché ou, fam., brouillé avec l’orthographe. »
C’est que orthographe a aussi ce sens :
Manière dont un mot, un énoncé, un texte est écrit.➙ Écrire,1. graphie .Écrire un mot selon telle ou telle orthographe […] . Orthographe correcte, barbare (cit. 16), capricieuse(→ Illettré,cit. 6), vicieuse.Cet enfant a une très mauvaise orthographe, il doit l’améliorer. »
© 2017 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française
(C’est moi qui ai souligné.)
Employé dans ce sens, bonne orthographe n’est donc pas pléonastique.
Rem. : le mot orthographe semble bien une variante incorrecte de orthographie.
La réponse de Prince est documentée et répond déjà à votre question. J’ajouterais seulement que nombreux sont les mots du français moderne qui ont purement et simplement « avalé et digéré » leurs racines anciennes. Plusieurs sont des pléonasmes invisibles à un œil non averti : loup-garou, mante religieuse, noyau dur, population civile, rafale de vent et bien sûr aujourd’hui sont autant de mots ou tournures sanctionnés par l’usage.
Par ailleurs, limiter le préfixe « ortho » au sens de bon est restrictif. À l’origine, la Renaissance ne connaissait pas encore la notion de faute et l’Académie ne publiera son premier dictionnaire qu’un siècle plus tard. Il ne s’agissait pour les lettrés qui employaient ce mot que de rectitude (orthos = droit, comme dans orthogonal) en référence (orthodoxie) aux graphies nobles, grecque ou latine classique. Une bonne orthograph(i)e signifiait finalement alors « manière d’écrire un mot en français conforme aux Anciens ». La mauvaise était une perversion, souvent populaire, dans l’adaptation.