négation + que
Bonjour,
J’ai peine à formuler ma requête dans les moteurs de recherche pour trouver une réponse. J’ai récemment croisé une syntaxe qui sonne étrangement (pour moi) à la lecture, et ce de deux auteurs différents.
Exemple :
« Il n’a pas le temps de boire son thé que la tasse tombe au sol. »
Pour moi, on devrait faire un ajout comme « avant que », par exemple. J’ai eu l’impression que c’était comme une dérive de « à peine… que », qui n’a pourtant pas le même sens, puisque l’action serait accomplie. Mais même si j’ai du mal à accepter cette phrase, je ne vois pas tout à fait ce qui la rendrait fautive, au bout du compte.
Ai-je complètement tort ? Est-ce une syntaxe répandue ? Je ne me rappelle pas l’avoir croisée avant récemment.
Merci d’avance pour vos réponses.
Que introduit une subordonnée circonstancielle de temps.
Il était à peine sorti ou À peine était-il sorti que la maison s’écroula.
Il y a dix ans que je ne fume plus.
Il ne voulait pas partir que tout soit arrangé.
Dictionnaire de l’Académie
************
Il n’a pas le temps de boire son thé que la tasse tombe au sol.
La phrase est parfaitement correcte.
Nous avons là une nuance de l‘expression du temps : la précocité (même notion avec « déjà »)
>> la tasse tombe avant même qu’il ait le temps de boire son thé.
(Pour votre recherche, il suffisait de demander « que » conjonction.
Bonsoir Tara,
Je ne partage pas votre analyse ; il s’agit d’une construction singulière atypique (inverse) où la circonstance de temps est exprimée par la principale à la place de la subordonnée. En construction typique la phrase équivalente est : « La tasse tombe au sol avant qu’il ait eu le temps de boire son thé. »
En effet, vous avez raison.
(Je n’avais pas vu votre message, sinon je n’aurais pas pris la peine d’en commettre un erroné).
Bonjour,
La phrase citée est parfaitement correcte. Il s’agit d’un système corrélatif d’expression temporelle d’une succession rapprochée. Je cite la Grammaire méthodique du français :
« À plusieurs types de subordonnées correspondent des constructions sémantiquement équivalentes, mais de structure grammaticale singulière : elles sont introduites par la conjonction que (irréductible à ses emplois « complétifs ») ; mais celle-ci est parfois facultative, et les deux propositions sont alors simplement juxtaposées. Ce sont en fait des systèmes corrélatifs d’un type particulier.
> Expression temporelle (succession rapprochée)
Il s’agit toujours de faits qui se succèdent rapidement (cf. dès que, aussitôt que) . La première proposition est ou de type négatif (elle contient ne pas, ne pas encore, ne pas plutôt) ; ou au moins d’orientation argumentaire négative avec à peine. Mais c’est en réalité l’expression d’une circonstance. La seconde qui contient le fait principal, est introduite par que :
Il n’avait pas fait trois pas qu’il s’arrêta.
À peine avait-il ouvert la bouche qu’on le fit taire.
Il s’agit en somme de cas de subordination inverse. »
« Il n’a pas le temps de boire son thé que la tasse tombe au sol. »
Totoro,
Je suis de votre avis, cette phrase est mal tournée, car il y a deux phrases en une, et la tournure semblerait plus appropriée avec « à peine » :
Il n’a pas le temps de boire son thé. À peine se l’est-il servi que la tasse tombe au sol.
Il a à peine le temps de terminer sa phrase qu‘on sonne à la porte.
Malgré tout, cette tournure est tout à fait correcte dans un autre contexte, par exemple :
Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’on sonne (déjà) à la porte.