Mots qui n’apparaissent plus dans le dictionnaire
Bonjour,
Je pense avoir déjà la réponse à cette question mais je préfère vous interroger pour en être sûre.
Est-il admis d’utiliser des mots qui n’apparaissent plus dans les dictionnaires ? Ou est-ce considéré comme une faute ?
Par exemple : « immémoré » ou « gourmandement »…
Merci beaucoup !
Bonsoir,
Il n’est pas possible, à mon sens, de parler « de mots qui n’apparaissent plus dans les dictionnaires » : tel mot ne sera plus repris dans tel ouvrage dictionnairique qui le sera dans un autre. C’est le cas justement de « immémoré », qui figure dans le Grand Robert mais qui n’est plus enregistré plus dans le Dictionnaire de l’Académie française (sauf erreur de ma part).
« Immémoré » est enregistré dans le Grand Robert de 2021.
« immémoré, ée [i(m)memɔʀe] adj.
◆ Rare et littér. Dont le souvenir est perdu. ➙ Oublié.
© 2021 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
En fait, tout dépend de ce qu’on écrit et à (pour) qui on écrit.
Dans une copie d’examen ou de concours, il est préférable d’éviter les vocables vieillis* (vieux), archaïques, « paléologiques ».
* « Mots, termes vieillis, qui tombent en désuétude, sans être absolument écartés de l’usage normal (on dit alors : vieux).
© 2021 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
Par contre, certains écrivains emploient des archaïsmes. Ce sont des écrivains archaïsants.
© 2021 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
« Mais à côté de l’aspect plaisant, ludique, se manifeste un attachement à la langue
française avec sans doute un regret de voir disparaître des mots et de constater que les
contemporains ne les (re)-connaissent plus, à défaut de les employer. L’œuvre cherche à
attirer l’attention sur eux et à leur redonner vie. L’entreprise a fait des émules puisque des
initiatives ont été lancées, entre autres par Bernard Pivot, pour sauver quelques dizaines de
mots anciens ou vieillissants. Cette nostalgie est néanmoins suspecte et se fonde sur une méconnaissance des usages sociaux qui président aux évolutions du lexique. »
Vos deux exemples : immémoré et gourmandement se trouvent au moins dans le TLF. L’un est rare et l’autre vieilli.
D’autre part vous demandez : est-ce admis ? est-ce considéré comme une faute ?
Par qui ?
Dans le doute, et dans le cas d’une évaluation de votre texte, abstenez-vous.
Sinon, qui peut vous interdire d’employer un terme si vieux qu’on ne le trouve plus dans les dictionnaires si vous en avez envie ? Et si votre lecteur apprécie (de comprendre ou de ne pas comprendre d’ailleurs) ?
L’intérêt d’un dictionnaire est d’abord de définir le sens des mots, de manière à ce qu’une communauté linguistique élargie se retrouve autour de définitions communes.
Sauf prétention, que je qualifie d’abusive, ce n’est pas leur mission de décerner des certificats d’archaïsme, de bonne langue ou de registre. Ces notions se définissent autrement. C’est ce qui fait que l’Académie n’est aujourd’hui plus fondée à s’occuper de ces éléments dont la conception remonte à plusieurs siècles en arrière. Leurs appréciations font d’ailleurs souvent bien rire la communauté des linguistes qui , eux, passent leur temps dans la réalité de la pratique langagière. On rappelle que l’Académie n’a jamais eu dans ses rangs un seul linguiste pour tant d’hommes politiques…
Concrètement, sentez-vous libre d’utiliser les mots qui vous chantent (au sens propre) s’ils sont recevables par votre lectorat. En cas de doute, il vous reste les guillemets pour signaler ce qui peut surprendre, les parenthèses explicatives et les notes de bas de page dans un ouvrage.
Bonsoir à tous,
Je vous remercie pour toutes vos réponses et la clarté des informations.
Travaillant sur un projet digital autour d’une œuvre littéraire, je vais donc pouvoir prendre la liberté d’employer ces mots avec grand plaisir. J’aurais trouvé cela dommage de devoir les retirer.
Tous mes remerciements pour le temps que vous avez pris pour m’apporter vos réponses.