Majuscules aux noms de fêtes

Bonjour,
Je sèche actuellement sur le nom des manifestations populaires locales, telles que la « fête du cidre » ou « la fête des maillots jaunes ».  Faut-il mettre des majuscules au mot « fête » et au nom qui l’accompagne ? Ou seulement à « fête » ? Que faire de l’adjectif « jaunes », faut-il lui mettre une majuscule à lui aussi ?

Pour ce qui est des fêtes du calendrier, j’ai trouvé une norme, mais pour ce qui est des manifestations populaires, je trouve différentes sources sur différents sites (je crois que l’usage varie entre le Québec et la France).

Je vous remercie d’avance pour vos réponses.

juju14 Amateur éclairé Demandé le 1 mars 2019 dans Général

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5 réponse(s)
 

Comme nom de jour, d’époque, avec identification unique (parfois selon le pays) c’est avec une majuscule.
Sous la Restauration, pendant la Révolution, le jour de l’Ascension…
Comme nom d’événement, c’est plutôt sans majuscule.
La première révolution anglaise a eu lieu hier, la fête des fleurs aura lieu demain, l’ascension de Jésus est une question débattue…
La majuscule de solennisation est fréquente, et dépend de qui parle, mais est souvent abusive et subjective.
Les Français écrivent « la Révolution a libéré la France », le maire écrit « la Fête des Fleurs », l’évêque écrit « l’Ascension de Jésus ».
On pourrait ainsi écrire : je suis venu pour l’Ascension, et j’ai célébré l’ascension de Jésus.

Dans tous les cas, on réserve la majuscule au mot « spécifique », l’identifiant supposé (souvent à tort) unique.
Pour ce qui est des compléments « génériques » :
* fête de + nom = pas de majuscule à fête
— la fête des Mères
* jour + nom = pas de majuscule au jour
— le jeudi de l’Ascension
* avec un adjectif = pas de majuscule à l’adjectif qui suit, mais majuscule à l’adjectif qui précède
— le Vendredi saint, le Nouvel An, la Fête nationale

Pour une fête locale, la seule question qui se pose est donc celle du substantif principal, le « spécifique ».
* la fête des J/jonquilles, la fête des M/maillots jaunes (pas de majuscule à fête, pas de majuscule à jaune, ça c’est certain)
Comme date ou comme solennité, on pourrait mettre une majuscule.
Je viendrai la veille de la fête des Maillots jaunes, la veille de la fête de l’Indépendance.
Comme événement ou commémoration d’événement, on ne devrait pas mettre de majuscule.
J’ai participé à la fête des maillots jaunes, à la fête de l’indépendance.
C’est très artificiel. En fait, je ne mettrais aucune majuscule, surtout si l’événement est reproductible ailleurs, que sa date n’est pas absolue, que l’événement n’est pas sacralisé… Pour la « fête des Reposoirs » à Cancale, à cause d’un mot rare, spécifique et peu générique, avec une certaine solennité, j’accepterais la majuscule mettant un mot en relief, mais pas pas pour la « fête du boudin », reproductible.
Mettons donc tout en minuscules, même pour désigner un événement particulier (avis personnel). La majuscule ne serait de toute façon acceptable que si nos lecteurs étaient tous de cet endroit, ou si c’était écrit d’un point de vue subjectif assumé, pour respecter l’idée d’unicité déterminante.

J’ai trouvé des choses intéressantes sur ce site québécois : http://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/regles-1MAJ-MIN.htm

numeric Maître Répondu le 1 mars 2019

Ramat propose une règle simple pour la composition des fêtes.
« On met la minuscule au générique, la majuscule au spécifique et à l’adjectif qui le précède. […]
la fête des Pères
la fête du Travail
[…]

Quand des fêtes autres que celles ci-dessus sont créées, elles sont considérées comme des manifestations, avec une majuscule au nom Fête ainsi qu’à l’adjectif qui le précède.
la Grande Fête des personnes âgées
la Fête des voisins »

Autrement dit on suit la règle habituelle (minuscule au générique, capitale au spécifique) pour les grandes fêtes nationales, tandis que les manifestations populaires locales prendront simplement la capitale initiale : la Fête du cidre, la Fête des maillots jaunes.

veso Maître Répondu le 2 mars 2019

Juju14, si vous devez choisir, écoutez Veso qui traite clairement des manifestations locales, plutôt que mon avis qui était de prolonger des conventions anciennes. Mais je poursuis, pour savoir si Veso veut bien nuancer, et atténuer ma tristesse.

La question devient apparemment : faut-il appeler une fête par son nom officiel ou peut-on continuer intégrer ce nom à une phrase ? Quand Ramat dit que la fête est considérée comme une manifestation, je pense qu’il faut comprendre que son nom doit simplement être l’intitulé officiel de la manifestation, c’est-à-dire un nom propre, ce qui justifie son choix de majuscule au mot « fête ».

Si le nom de la manifestation est générique et que ses organisateurs ne lui ont pas inventé un nom, on peut continuer à considérer tous les mots comme génériques, et durant un siècle, on a écrit « la kermesse paroissiale », ou « la kermesse à la Jument » quand un nom spécifique existait, mais quand un curé moderne débarque et la nomme « Folie des paroissiens » ou « Festiparoisse », on doit accepter ce nom tel qu’il nous est présenté, je reconnais qu’il n’y a pas vraiment le choix quand les mots n’ont pas de sens générique. Mais quand le premier mot est compréhensible, je proposais plus haut de faire de la résistance quand on écrit un article pour un journal, et de préférer « la biennale de Tours » à « la Biennale de Tours », même si c’est son nom, et de réserver la majuscule au premier terme spécifique. Je proposais un peu de brider la créativité des responsables associatifs. Dans les rédactions, une part du travail consiste à supprimer les majuscules des communiqués pour mieux intégrer les mots à la phrase, et je trouve que c’est un beau métier.

En lisant :
* « quelques semaines avant la fête des Jonquilles » (Vosges Matin 25/02/2019)
* « une sortie en bus à Gérardmer pour la nouvelle édition de la Fête des jonquilles » (L’Est républicain 4/02/2019)
je vois dans le premier cas une manifestation populaire ancienne avec un complément l’identifiant assez bien, et dans le second cas le nom d’une association ou d’un événement municipal.
Les journaux mettent rarement un majuscule à « Fête », mais là où ils le font, il y en a aussi presque toujours une à « Jonquilles », et ça ne respecte donc ni l’habitude ancienne ni la norme Ramat. Ramat n’a-t-il pas baissé les bras devant la complexité en admettant que c’était désormais l’organisateur de la fête qui décidait ? Un système éprouvé doit-il s’effacer devant des intitulés semi-officiels ? (Et de toute façon, l’organisateur souhaiterait des majuscules partout si on lui demandait son avis).

numeric Maître Répondu le 2 mars 2019

Numeric et Veso, merci beaucoup pour vos explications et vos réflexions !

Je partage votre avis, Numeric. Je ne vois pas trop en vertu de quoi on laisserait aux organisateurs le choix de placer des majuscules partout où ils le peuvent. Néanmoins, Ramat ayant rédigé une règle, je vais m’y tenir (il faut bien une règle de référence).
Cependant, et là je pousse un tout petit peu, cette règle est plus facile à suivre avec un article défini qu’avec un article indéfini. En effet, dans la phrase « La population perpétue cette tradition, au travers d’une Fête du cidre qui a lieu au mois d’août », le mot « fête », même s’il désigne la manifestation locale, « sonne » plus comme un générique, du fait de l’emploi de l’article « une ». Qu’en pensez-vous ?

juju14 Amateur éclairé Répondu le 3 mars 2019

Je comprends bien ce que vous voulez dire, Juju. Et on peut élargir la question à toute manifestation, qui devient alors « nom commun ».
Ce salon du livre est plus grand que celui de Loos. On a aussi une fête du cidre à Beton. C’est un festival de jazz très couru.
La capitale se justifie encore moins dans ce genre de cas. Je dirais qu’en l’occurrence le nom de la manifestation peut être remplacé par n’importe quel générique : fête, carnaval, salon, festival…
Pour résumer la question, on peut écrire : Demain c’est la Fête des pommes à Jarville. Cette fête des pommes est l’une des plus réputées de France. Mais, pas plus que vous, je ne trouve cet état de fait typographique pleinement satisfaisant. Mais voilà que faire ?
Il n’est pas (encore) question de laisser les organisateurs imposer leurs desiderata ailleurs que sur les affiches et autres flyers, mais j’admets que le bon usage perd du terrain à mesure qu’on laisse les compromissions le grignoter.

veso Maître Répondu le 3 mars 2019

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