Majuscule dans « Maître » et « Seigneur »
Lorsqu’un individu s’adresse à un autre, applique-t-on la majuscule au titre porté par l’interlocuteur ?
« Je ne saurais vous répondre, Seigneur machin-truc. »
« Allons, Maître machin-truc, répondez ! »
La règle varie-t-elle selon que celui qui parle est inférieur, égal ou supérieur en rang à son interlocuteur ?
« L’Empereur leva des yeux fatigués. Allons, Seigneur Duc, cessez de fuir et répondez sans ambage ! »
« L’inconnu se récria : Absolument pas, maître machin-truc, vous m’avez mal compris ! »
De même lorsque « Maître » et « Seigneur » ne sont pas suivis d’un nom propre.
« Je ne saurais vous répondre, Seigneur. »
« Non, Maître, vous vous trompez ! »
Si cela ne tenait qu’à moi, je n’en mettrais nulle part, de majuscule…
Comme je l’ai déjà expliqué dans ma réponse à votre première question sur ce site, il n’y a pas de raison purement typographique de majusculer les appellations d’interlocuteurs figurant dans le corps du texte*. C’est une malheureuse habitude prise par imprégnation des en-têtes et des formes abrégées (M., Mme, etc.) et encouragée par certains médias ou commentateurs. Il y en a même pour prêter à la majuscule des vertus honorifiques ou de déférence !
Comme correcteur, j’ai redressé des centaines d’ouvrages qui pullulaient d’Inspecteur et de Commissaire, de Général ou de Caporal. Formé par Jean-Pierre Colignon (qui a animé les derniers cours formalisés pour le métier de correcteur) et utilisant chaque jour Orthotypographie de Lacroux, je n’ai pas varié.
Vous pouvez choisir de majusculer à la pelle, mais vos textes en seront farcis s’il y a beaucoup de dialogues et personne ne s’en sentira grandi pour autant.
* Vous trouverez dans l’article de Lacroux les quelques cas très particuliers d’usage de la majuscule.
Certains travers sont difficiles à guérir. C’est comme une ornière qui attire invinciblement.
Merci pour ce rappel. Je vais faire de l’ouvrage de Lacroux mon livre de chevet.

C’est un bon choix, bienvenue dans la confrérie des chevaliers du Tastetypo ! L’avantage de son ouvrage (en plus de son humour parfois caustique) est de rappeler les autres positions de confrères typographes. Il ne faut pas oublier de se familiariser avec les symboles utilisés (page de rappel).