L’impératif du verbe pouvoir
Les ouvrages de grammaire nous l’affirment : le verbe « pouvoir » n’a pas d’impératif.
En principe, il est vrai qu’on ne peut pas ordonner à quelqu’un de pouvoir.
Cependant, l’impératif est également employé (en dehors de l’ordre et de l’interdiction) pour exprimer une prière ou un conseil.
Aussi, ne peut-on pas dire « Puissé-je y parvenir ! » / « Puissions-nous obtenir gain de cause » / « Puissiez-vous avoir raison ! » ?
Dans vos exemples, il ne peut s’agir de l’impératif.
• L’impératif est le temps que l’on emploie pour donner un ordre, faire une injonction :
Marchez !
Dormez-bien.
• L’impératif ne connaît que deux personnes, , la première et la deuxième, au singulier ou au pluriel : je et nous, tu et vous.
Dans vos exemples, nous avons toutes les personnes :
Puissé-je y parvenir !
Puisses-tu y parvenir ! (Avec s).
Puisse-t-il y parvenir !
Puissions-nous obtenir gain de cause !
Puissiez-vous avoir raison !
Puissent-ils avoir raison !
• La notion d’injonction est peu adéquate lorsqu’on émet un désir (soyez heureux !) ou un pur souhait qui ne dépend pas de notre volonté, mais dans ce cas, on emploie le subjonctif :
Que Dieu vous entende !
Le subjonctif s’emploie sans que dans un assez grand nombre de formules consacrées, surtout à la 3e personne :
Dieu vous garde !
Dieu veuille me pardonner !
Le ciel l’entende !
Il s’emploie également avec un pronom personnel placé après le verbe :
Dieu puisse-t-il me l’accorder le cas échéant ! (Stendhal).
• Ainsi, l’on voit bien que vous avez utilisé le subjonctif :
[Pourvu que] je puisse y parvenir ! : Puissé-je y parvenir !
[Pourvu que] nous puissions obtenir gain de cause ! : Puissions-nous obtenir gain de cause !
[Pourvu que] vous puissiez avoir raison ! : Puissiez-vous avoir raison !
Si je suis absolument d’accord avec vous sur le fait que j’ai posé une question complètement idiote (je suis morfondue d’avoir pondu une telle ânerie…), en revanche je me permets (très respectueusement) de contester certaines de vos affirmations :
_ Je suis formelle sur le fait que l’impératif s’emploie pour exprimer un ordre ou une interdiction, mais également une prière ou un conseil :
Ne discute pas ! (interdiction)
File dans ta chambre ! (ordre)
Prends un bain, ça te détendra. (conseil)
Mange un peu, je t’en prie, essaye au moins… (prière)
_ Je suis également absolument formelle sur le fait que l’impératif ne se conjugue pas à la première personne du singulier mais seulement à la deuxième personne du singulier et aux première et deuxième personnes du pluriel. (et sans pronoms, ce qui souligne la bêtise de ma question !)
_ C’est entendu j’ai cité « Puissé-je », qui était une ineptie, j’en conviens vous dis-je !… mais vous n’en rajoutez pas un peu beaucoup ?
Je n’ai cité que trois exemples, pas de « Puisses-tu » (avec ou sans « s »), et pas plus de « puisse-t-il » ou « puissent-ils ».
Je suis humblement d’accord avec vous.
Bonjour Cathy,
Pour progresser, je prends connaissance des questions posées par les grands maîtres du site qui sont souvent très intéressantes. La vôtre a suscité mon attention car je ne m’étais jamais posé la question.
Voici ce que j’ai trouvé sur ce site:
Vouloir et pouvoir exprimant une injonction
Les verbes « vouloir » et « pouvoir » peuvent être utilisés, dans la langue soutenue, avec une valeur d’impératif :
-
« Puisses-tu réussir ce concours ! »
-
« Veuillez prendre place. »
Une morphologie particulière
Alors que les impératifs des autres verbes sont formés sur la base de l’indicatif présent, « pouvoir » et « vouloir » sont fondés, eux, sur une base de subjonctif :
-
« puisse », « puissions », « puissiez » est en réalité non un impératif, mais un subjonctif injonctif ; la preuve en est qu’il conserve son sujet : « puisses-tu », « puissions-nous », « puissiez-vous » ;
-
« veuillez » (qui n’existe guère qu’à la deuxième personne du pluriel, soit comme vrai pluriel, soit comme pluriel de politesse : son registre soutenu ne s’accorderait pas avec un tutoiement) est un vrai impératif, sans pronom sujet ; mais il est construit sur la base d’un subjonctif : « que je veuille », « que tu veuilles »…
Une syntaxe particulière
Si rien ne signale la syntaxe du positif, en revanche, « pouvoir » et « vouloir » ne peuvent eux-mêmes recevoir de négation. Celle-ci est donc reportée sur l’infinitif complément.
On ne dira pas :
-
*Ne puisses-tu pas échouer. » mais « Puisses-tu ne pas échouer. »
-
« Ne veuillez pas vous asseoir sur ces fauteuils. » mais « Veuillez ne pas vous asseoir sur ces fauteuils. »
J’ai trouvé sur un site internet en partenariat avec quelques académies de français une proposition de conjugaison à l’impératif du verbe pouvoir, que voici ci-dessous :
– puisses (seconde personne du singulier)
– puissons (première personne du pluriel)
– puissez (seconde personne du pluriel)
J’espère que ma réponse vous sera utile.
Une source serait bien utile !
Merci Laurence pour cette séquence rapportée sur l’impératif de « vouloir » et de « pouvoir ».
Une des sources de difficultés et de confusions avec l’impératif réside dans le fait que l’on lit assez souvent que ce mode est celui de l’injonction, alors que cela est partiellement faux : l’impératif n’exprime pas que l’injonction, et celle-ci ne s’exprime pas qu’au moyen de l’impératif.
Il convient de distinguer aussi la notion de le « phrase impérative » et celle de « phrase optative ».
Cordialement.
Bonjour, je reviens sur ce post qui a répondu partiellement à la question que je me posais, et j’en remercie les contributeurs. Puisses-tu, puissions-nous et puissiez-vous est un subjonctif car il se conjugue à toutes les personnes : puissé-je, puisse-t-il et puissent-ils pour compléter les 3 premières citées. L’impératif n’a que trois personnes : la 2e du singulier, la 1ère du pluriel et la 2ème du pluriel, c’est entendu. Et puisque c’est un subjonctif, « puisses-tu » s’écrit bien avec un s à la fin.
La question que je me pose est quelle locution ou proposition adverbiale, conjonctive ou autre est sous-entendue pour introduire ce temps-ci. L’expression « que Dieu vous entende » est introduite par « que » et induit un subjonctif. La locution conjonctive « pourvu que » n’est pas appropriée, il faudrait inverser sujet et verbe, « pourvu que je puisse », « pourvu que tu puisses »… Alors quelle est la locution sous-entendue ou tout simplement y en a-t-il une ?
Là où je ne suis pas d’accord (bien humblement) avec Cathy Lévy (que je remercie au passage pour avoir créé ce post), est qu’un impératif est un ordre, une interdiction, une injonction, une prière, une requête que sais-je. C’est un temps de conjugaison, et le contexte de la phrase montre s’il s’agit d’un ordre ou d’une prière, si une formule de politesse est présente ou non.
Merci pour vos avis éclairés.
Bien à vous
LOU,
J’ai tout de même l’impression que vous enfoncez un peu des portes ouvertes dans votre commentaire-question.
En effet, et je n’ai cessé de le répéter tout au long de ce fil de discussion, cette question que j’ai posée il y a 6 ans était une énorme ânerie, et je m’en suis bien vite aperçue, vous en conviendrez.
Pour la petite histoire, j’étais un peu surmenée à cette poque, l’un de mes étudiants m’avait posé la question, et je n’avais pas su lui répondre… alors qu’un élève du primaire aurait su le faire, nous sommes tous d’accord !
Bravo Lou, vous connaissez toutes les formes de la conjugaison du subjonctif, avec un S à puisses-tu, excellent !
Bravo Lou, l’impératif est en effet un temps de conjugaison !
Un temps qui EXPRIME un ordre / un conseil / une prière…
J’ai bien l’impression que vous avez très mal lu mes interventions aussi bien que celles des autres contributeurs, et en réalité vous êtes tout à fait d’accord avec ce que j’avance, mais vous ne l’aviez pas remarqué……………
À propos de la nouvelle question que vous vous posez « quelle locution ou proposition adverbiale, conjonctive ou autre est sous-entendue pour introduire ce temps-ci. » :
Que Dieu vous entende –> Il faut que / Reste à espérer que / Pourvu que Dieu vous entende –> Puisse Dieu vous entendre
En effet il y a inversion du sujet dans cette forme.
Je vous remercie Cathy, vous n’aviez nul besoin de vous justifier, votre post que vous estimez être une ânerie, a servi à plus d’un 🙂 En ce qui me concerne je me posais justement la question du temps, et c’est grâce à ce post que j’ai pu me conforter dans cette réponse que c’est un subjonctif…Donc non je n’enfonce pas une porte ouverte, et une question même posée il y a 6 ans, sert encore aujourd’hui 😜
Bien à vous 🌺🌸😁