Liaisons (dangereuses ?)
Bonjour,
À l’oral, je fais (ou ne fais pas) les liaisons entre les mots à l’instinct (ou par souvenir), ce sans réellement en connaître les règles.
Je les ai cherchées ce jour et d’après ma petite « enquête » ;), la liaison est obligatoire seulement dans les cas suivants :
– entre le déterminant et un nom (ex : un oiseau, les enfants)
– entre le pronom et le verbe, antéposé ou pas (ex : ils étaient/étaient-ils)
– entre le verbe être et l’attribut du sujet (ex : la Terre est une planète)
– entre les verbes être et avoir et le participe passé des formes verbales composées (ex : ils ont agi avec méthode)
– entre l’adjectif « antéposé » et le nom (ex : un petit homme, un grand homme, un premier acte, de minuscules enfants)
– entre la préposition et le syntagme nominal (ex : dans un an)
– après certaines prépositions (en, dès, sans et sous)
– dans certaines locutions figées (ex : de temps en temps)
Je ne vois nulle part une obligation de liaison entre un nom ET l’adjectif postposé, ni aucune règle à ce sujet précis, et c’est pourtant ce point qui m’interroge, car je ne le connais pas.
Par exemple, à tort ou à raison (vous allez me le dire 😉 ), je ne dirais pas :
Passe-moi le poulet « t » orange
J’ai vu des poulets « z » orange ou « z » ivres
Je cherche un bistrot « t » ouvert
Et, je dirais :
Des rêves « z » imaginaires
Des livres « z » interdits
En fait, j’aimerais bien une âme charitable pour m’expliquer le cas concernant les liaisons entre un nom suivi par son adjectif.
Que dire pour « des œuvres originales », pour « des filles osées », pour « un paquet intrigant », » une baguette ordinaire » ?
Merci…
Liaisons entre un nom suivi par son adjectif. Je ne pense malheureusement pas pouvoir vous expliquer pourquoi on fait ou non la liaison dans ce cas, mais seulement reproduire la description qu’en fait la Banque de dépannage linguistique Banque de dépannage linguistique – Liaisons facultatives :
Les liaisons sont facultatives dans de nombreux contextes. Nous n’aborderons ici que les contextes les plus courants; les liaisons peuvent donc être facultatives dans d’autres contextes que ceux présentés ici.
La liaison est facultative entre le nom pluriel et l’adjectif ou le complément du nom qui le suit.
Exemples :
– On a entendu plusieurs chansons entraînantes. [ʃãsɔ̃zãtʀɛnãt] (chan-son-zan-trè-nante) ou [ʃãsɔ̃ãtʀɛnãt] (chan-son-an-trè-nante)
– Luc a raconté des histoires effrayantes. [dezistwaʀzɛfʀɛjãt] (dé-zis-touar-zè-frè-yante) ou [dezistwaʀɛfʀɛjãt] (dé-zis-toua-rè-frè-yante)
– Les personnes en question n’ont pas réagi. [pɛʀsɔnzãkɛstjɔ̃] (pèr-sonn-zan-kes-tion) ou [pɛʀsɔnãkɛstjɔ̃] (pèr-sonn-nan-kes-tion)
– Les gens en deuil portent souvent du noir. [ʒãzãdœj] (jan-zan-deuil) ou [ʒããdœj] (jan-an-deuil)
– Virginie aime les bateaux à voile. [batozavwal] (ba-to-za-voual) ou [batoavwal] (ba-to-a-voual)
Bonsoir Tara,
Vaste sujet (encore 😉 ) que celui des liaisons…
Dans la règle globale relative à ces dernières ou bien dans les infos complémentaires proposées (glanées çà et là), il me semble qu’il existe (ici aussi) des « oubliés »
Merci pour votre retour 🙂
Bonjour Cocojade,
En effet, j’ai pu lire quelque part que le champ des recherches reste largement ouvert en la matière.
On peut remarquer que selon l’accentuation dans la phrase, certaines liaisons sautent … ou pas : C’est un grand grand…. thomme – il est tout… abîmé. Peut-être n’a-t-elle pas le même rôle à l’intérieur d’un groupe comme adjectif+ nom que entre un adverbe et l’adjectif…
que la liaison [z] a (parfois) un rôle syntaxique : c’est elle qui indique le pluriel à l’oral : [ɛletɛ] / [ɛlzetɛ] (elle était /elles étaient)
Intéressant.
Bonjour Tara,
J’ai trouvé (lien ci-dessous) une règle sur les liaisons qui semblent assez complète et qui confirme également vos propos.
https://www.lalanguefrancaise.com/quiz/quiz-liaisons-va-vous-etonner
Bonne journée
Bonsoir,
En tant qu’amateur et néophite de la langue de Molière, il me semble que sauf exceptions, la lettre finale ne se prononce point. Et qu’aucune règle, hors cursus d’orthophonie ou de diction, n’existe. Toutefois, la plupart des exemples de liaison provenant de vos recherches sont correctes. Et, comme vous l’avez mentionné, les exemples « à tort ou à raison » n’établissent pas la liaison. Idem pour « et, je dirais ». Idem pour : « des œuvres originales » ; « des filles osées » ; « un paquet intrigant » ; « une baguette ordinaire ». Bien sûr, je parle en tant que francophone de souche, et, l’oreille s’est habituée… quoique. Mais, cela doit certainement poser question à un apprenant. Voici d’ailleurs deux erreurs souvent commise par le francophone : « quatre-vingts (t) ans » au « lieu de quatre-vingts (s) ans » ; « cent (z) ans » lieu de « cent (t) ans ». Ces erreurs et d’autres sont souvent le fait d’une méconnaissance de l’accord voire de l’oubli de celui-ci.
Excellente soirée
Bonsoir Nosferatus,
Merci d’avoir pris la peine de me donner votre avis d’amateur et néophyte de la langue de Molière 🙂
Je vous souhaite également une bonne soirée 🙂
Mais tout le plaisir est pour moi Cocojade. Tellement heureux (sans liaison naturellement) d’avoir pû rendre service à Voltaire et à la postérité. Bonne soirée. 🙂
Cocojade,
Je trouve votre question particulièrement intéressante.
Personnellement, je ne reviendrai pas sur les règles énoncées, et la logique que vous avez évoquée, je suis bien d’accord avec tout ce qui a été dit.
Mais je me suis aperçue que le passage à l’euro a marqué le début de « fautes d’orthographe orales » en chaîne.
Quel rapport, me direz-vous ?
Eh bien, avec les francs, la question ne se posait pas, puisque l’unité de monnaie commençait par une consonne.
Mais avec les euros, la plupart des gens avaient du mal à accorder « cent » et « vingt » à l’oral.
C’était tantôt « cent z’euros » ou « vingt z’euros « , tantôt « deux cents t’euros » ou « quatre-vingts t’euros« …
Et finalement, on a assisté très rapidement à la suppression systématique des liaisons, pour parler de sommes en euros.
Mais le plus grave est que cette tendance s’est également propagée comme une traînée de poudre à la langue entière, et je déplore que les enfants, étudiants, journalistes, ministres, et même grands intellectuels n’y échappent pas, notamment dans ces tournures :
Les z’autr’élèves / Les z’autr’habitants / Les z’autr’hommes avant toi (chanson), …
Il y a également une nouvelle mode qui fait fureur chez les journalistes et les intellectuels, c’est celle de prononcer « quand-h-on » et « quand-h-il « .
Bonjour,
Pour ceux qui se sont intéressés à ce post et qui aimeraient avoir une règle généraliste sur les liaisons, j’ai trouvé quelques éléments de réponse (lien ci-dessous)
https://www.lalanguefrancaise.com/quiz/quiz-liaisons-va-vous-etonner
En ce qui concerne ma question sur la liaison entre un nom et son adjectif postposé, celle-ci semble bien être facultative (comme l’avait indiqué Tara)
Bonne journée 🙂