l’histoire que nous a raconté mon père OU l’histoire que nous a acontée mon père ?
Bonjour,
Je suis en train de relire un article, et l’auteur souhaite que je corrige la phrase :
» l’histoire que nous avait raconté mon père » en ajoutant un « e » à « raconté », ce qui me choque.
Complément circonstanciel ou COD ?
De plus, si j’ai raison, j’ai du mal à expliquer SIMPLEMENT mes raisons à l’auteur…
Bon, si j’ai tort, ça résout le problème.
Merci !
L’histoire que nous avait racontée mon père. ==> mon père nous a raconté quoi ? l’histoire
Le COD est placé avant ==> il faut accorder le PP avec le COD placé avant.
Donc vous avez malheureusement tort.
Ah bon… merci.
Du coup, j’ai des doutes pour cette autre phrase :
« L’histoire qu’a vécu Stéphane »… ne me dites pas qu’il faut un « e » à « vécu »…
Bonjour,
Le participe passé du verbe vivre est invariable lorsque le complément placé avant le verbe est un complément de temps.
Ainsi vous écrirez :
• Bien des épreuves ont marqué les trente années qu’il a vécu en exil.
• Les années de guerre qu’il a vécues l’ont profondément marqué.
Écrivez donc
L’histoire qu’ a vécue Stéphane …
Merci aux Grands Maîtres qui se sont succédé pour m’aider à comprendre mieux ces cas épineux. Il faudra que j’y revienne car, pour l’instant, les différences sont un peu subtiles pour moi.
Bonne fin d’année studieuse.
Bonjour,
j’apporte juste une précision quant à l’accord du participe passé avec un complément circonstanciel.
A. On écrira :
– Les kilomètres que j’ai couru (mais : les kilomètres que j’ai parcourus)
– Les trente mille francs que m’a couté ce meuble
– Les trois jours qu’a duré notre marche
Dans ces phrases, il s’agit de compléments circonstanciels.
B. Quelques hésitations.
B.1 On peut noter parfois dans hésitations pour certains verbes.
Par exemple :
– La moitié de la dépense qu’il a couté (Code civil, art 660)
– La somme que le Narcisse m’avait couté (Green)
– Ce cheval ne vaut plus la somme qu’il a valu autrefois (Ac. 1935)
Dans ces trois phrases, certains considèrent « somme, dépense » comme compléments circonstanciels, d’autres les considèrent comme COD. Les deux accords sont donc possibles. On aurait pu écrire coûtée, coutée et value.
B.2. On note que certains verbes sont traités comme verbes transitifs par certains auteurs. C’est notamment le cas de « vivre ». Ce dernier est souvent traité comme transitif signifiant « passer, mener » quand on envisage, non pas la durée en elle-même, mais la nature, la qualité de ce qui a été expérimenté au cours de cette période.
Par exemple :
– Les heures qu’il avait vécues loin de Dieu (France)
– Un grand nombre de jours et des années que j’ai vécus moi-même (Barrés)
– Tant d’années qu’ils ont vécues sous le même toit (Genevoix)
Nonobstant, certains auteurs répugnent à considérer qu’il s’agit d’un véritable objet direct :
– Quelles heures il avait vécu (Mauriac)
– En faisant appel aux instant de bonheur qu’elle avait vécu (Ib)
– Quelles étranges minutes elle avait vécu (Green)
De surcroit, on note également deux autres exceptions. Le verbe dormir peut être traité comme transitif ou intransitif. Goosse, rédacteur du Bon usage, (para 947) précise que : « Parfois le PP dormi est employé au sens passif :
– Trois nuits mal dormies (Musset)
– Las d’une nuit mal dormie (Vian)
– Cette nuit étant la plus courte de l’année, elle ne valait pas la peine d’être dormie (Maalouf)
De ce fait, selon Goosse, il ne serait pas impossible d’écrire :
– Les trois nuits que j’ai mal dormies
On pourrait même écrire, je pense, par analogie a « dormi » :
– Les trois nuits que j’ai mal couchées
J’ai notamment posé la question à l’Académie, laquelle accepte la transitivité de dormir. Je joins sa réponse :
Monsieur,
1. Nous sommes ici devant des cas difficiles, mais les auteurs ont tranché et fait des choix cohérents avec la règle. Pour Jacques de Lacretelle, aux années qu’elle avait vécu signifie « au nombre d’années, « à toutes les années », ce qui justifie l’invariabilité.
Anatole France estime, à juste titre, que dans les heures qu’elle avait vécues…il n’y a pas de complément adverbial de mesure ; ce qui explique la variabilité de vécues. Mais il est vrai que l’on peut parfois choisir l’une ou l’autre de ces interprétations. L’accord avec dormi est possible. On lit chez Zola : Il songeait[…] aux nuits tièdes qu’il avait dormies sur sa poitrine blanche. Avec régné et parlé c’est impossible.
2. Je suis d’accord avec vous. L’accord dans la phrase 17 psychanalystes… est fautif et l’autre phrase est peu claire.
Cordialement,
Patrick Vannier
In fine, on remarquera que ce genre d’accords dépendront de l’interprétation de l’auteur.
PS : J’espère que ma réponse ne va pas faire chavirer force noeuds-papillons ! 🙂
Merci pour ces éclaircissements et précisions que je vais digérer avec force Alka Seltzer, en même temps que mon réveillon.
Bonne fin d’année à vous également.
PS : si ça ne vous ennuie pas, je voudrais bien lire votre question à l’Académie, car la réponse me laisse sur ma faim. Merci.