Leur ou leurs?
Bonjour
J’ai vu un tract passer, sur lequel il est écrit: « Police nationale en colère, leur conjoint aussi ».
Instinctivement, j’aurai mis »leur conjoint » au pluriel, mais comme il est utilisé en tant qu’adjectif possessif, et que selon la règle, cela s’accorde, ça me fait douter. (À moins qu’ils ne se partagent tous le même conjoint!)
Qu’en pensez-vous? Quelqu’un pour m’éclairer?
A ce niveau, c’est de la délinquance orthographique ! Que fait la police ???
1) remarque 1, sur la syntaxe : La police nationale n’a pas de conjoint, donc la phrase est mal rédigée car mal pensée…
2) remarque 2, sur la grammaire : « Policiers en colère, leurs conjoints aussi ! ou leur conjoint aussi »
Les deux sont justes : tout au pluriel si l’on considère l’ensemble des conjoints et tout au singulier si l’on considère chaque conjoint de tous les policiers.
Je partage votre point de vue, joëlle.
Bonjour,
On parle de synecdoque lorsqu’un terme est substitué à un autre et que le rapport entre le terme utilisé est le terme sous-entendu est celui d’une inclusion : On utilise le tout pour désigner la partie.
« L’hymen chez les Romains n’admet qu’une Romaine.
Rome hait tous les Rois, et Bérénice est Reine.» Bérénice Jean Racine ─ acte I ; scène 5
Racine utilise la ville « Rome » pour désigner ses citoyens : les Romains. Il y a donc synecdoque.
Dans « La Police nationale en colère » il y a synecdoque puisque le mot « Police » désigne l’ensemble de ses membres : les policiers.
Quel que soit son sexe tout policier peut avoir un conjoint, qui comme lui manifeste sa colère.
Le policier et son conjoint.
Les policiers et leur conjoint.
Je trouve ce slogan à la fois correct et percutant
Comment justifiez-vous l’emploi du déterminant « leur » alors que le possesseur « La Police nationale » est au singulier ?
La syntaxe de cette phrase est-elle techniquement correcte ?
J’ai peut-être manqué un point.
Relisez attentivement ce que j’ai écrit.
Sans doute czardas, néanmoins, je ne pense pas que la synecdoque permette ensuite un accord au pluriel (leur).
J’ai pourtant bien écrit :
Les policiers et LEUR conjoint.
Peut-être serait-il bon de revoir l’accord de l’adjectif possessif leur.
Grevisse § 592 ─ douzième édition.
Des ouvriers flanqués de leur épouse
Elles mettent leur bonnet et leurs gants lorsqu’il fait froid.
Dans le slogan :« La Police nationale en colère, leur conjoint aussi » l’accord contredit le genre et le nombre du donneur d’ordre : il s’agit d’un accord sylleptique, car par synecdoque la Police représente les policiers, et l’accord se fait selon le sens et non selon les règles grammaticales.
Où est donc l’anacoluthe ?
Je vous remercie de votre bon conseil, des révisions sont toujours utiles.
J’ai dû mal m’exprimer puisque je suis mal comprise : « leur » ou « leurs » ne signifie-t-il pas « à eux » (donc plusieurs possesseurs ?).
Je n’ai pas remis en cause la synecdoque dans la première partie de la phrase, mais je pense que le possessif de sens pluriel n’a rien à faire ici et constitue l’anacoluthe (rupture syntaxique).
Car je ne trouve pas d’exemples où une synecdoque s’accompagne d’un accord selon le sens.
Peut-être faudrait-il demander à Ceci64 où elle a lu ce tract. Je n’en trouve trace nulle part.
La notion d’accord sylleptique est très intéressante. Merci pour cette trouvaille.
Elle correspond parfaitement au point litigieux de la phrase.
Cette notion semble encore plus règlementée que l’anacoluthe.
Les usages acceptés sont indiqués par l’Académie française :
– le « nous » de modestie
– les phrases du type « la plupart des gens sont … »,
– « On est allés« .
Le phrase étudiée me semble bel et bien fautive du fait qu’elle ne correspond à aucun de ces cas-là.
Finalement, je rejoins Joelle.