Les zéro(s) faute(s), la zéro faute, le zéro faute ?
Bonsoir,
J’ai une nouvelle (potentielle) bizarrerie à vous soumettre. On dit :
« J’ai fait une faute —> La faute que j’ai faite m’a coûté la première place. »
« J’ai fait x fautes —> Les x fautes que j’ai faites m’ont coûté la première place. »
OK, facile, pas de problème(s), mais si je dis : « J’ai fait zéro(s) faute(s). »
Que se passe-t-il ?
Les zéros fautes / Les zéro faute / Les zéro fautes que j’ai faites/faits/faite/fait à la dictée m’ont valu la première place ???
Le zéro faute que … ???
La zéro faute que … ???
La formule qui me plait le plus, c’est avec le déterminant pluriel (et alors, je ne sais pas trop quoi faire avec l’accord de « zéro » et « faute »), pourtant ça ne parait pas très logique d’associer un pluriel avec le rien, n’est-ce pas ? Mais les déterminants singuliers (le masculin pour s’accorder avec « zéro » ; le féminin, avec « faute ») qui seraient plus logiques me paraissent terriblement dissonants.
Que dites-vous de tout ça ? Merci.
Merci à tous pour vos réponses. Mais je reste un peu frustré dans la mesure où aucune explication de ce phénomène n’a été proposée. On trouve le même genre de paradoxe avec l’unité :
« Hier, nous avons fêté les un an de notre fils. »
« Avec mes 1 mètre 95, j’ai du mal à passer inaperçu. »
(Et, oui, bien sûr on peut reformuler : « Hier, nous avons fêté le premier anniversaire de notre fils » / « Avec mon mètre 95, … » ; mais ça évite de se pencher sur un phénomène linguistique (ou cognitif) récurrent et fréquent, je trouve ça dommage.)
Dans la langue courante, zéro est parfois utilisé comme déterminant avec le sens de aucun, pas un seul. Le nom qui suit s’écrit donc logiquement au singulier :
J’ai fait zéro faute à la dictée.
Un câlin, ça coûte zéro euro.
On rencontre toutefois fréquemment l’accord au pluriel, lorsque le nom désigne des choses ou des personnes pouvant être diverses, afin d’insister sur cette diversité :
Il y a zéro sucres dans cette boisson. (La boisson ne contient aucun des différents types de sucres.)
Le gouvernement s’est fixé l’objectif zéro chômeurs. (Il n’y aura plus de chômeurs, quels qu’ils soient.)
https://dictionnaire.lerobert.com/guide/accord-du-nom-apres-zero#:~:text=est%20parfois%20utilis%C3%A9%20comme%20d%C3%A9terminant,z%C3%A9ro%20faute%20%C3%A0%20la%20dict%C3%A9e.
Et pourquoi pas « un sans-fautes à la dictée m’a valu la première place » ?
Merci Joëlle pour votre réponse, effectivement sans l’article pluriel, cette distinction fait sens, avec l’article pluriel, on tombe sur des choses très étranges comme celle-ci :
« Toujours convoités, les zéro faute sont rares. » (sur le site midilibre.fr)
« convoité » au masculin (pluriel),
« zéro faute » précédé de l’article pluriel, mais tout les composants du groupe au singulier,
« être rare » le verbe et l’attribut au pluriel.
Bonsoir,
Un zéro faute, le zéro faute, les zéros fautes, les zéros fautes que j’ai faits, le zéro que je n’ai pas fait.
Quel est ce galimatias ?
Merci Prince.
Il me semble que dans l’expression « les zéro faute », il y a une ellipse ou un raccourci… Les zéro faute, ce sont en fait, les dictée comportant zéro faute. Donc, il n’y a aucune raison de mettre le pluriel à faute. Quant à l’article « les », il est légitime puisqu’il évoque bien les dictées ou les écrits sans fautes.
Pour les un an ou les 1 mètre 95, c’est plus discutable mais il y a un usage en effet, plutôt oral quand même.
https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/les-un-an-le-un-an-l-un-an-est-ce-bien-francais-7799534085
à lire
Il vaut mieux changer la formulation.
Si vous avez eu zéro faute(s), vous n’avez rien fait. Vous n’avez pas fait zéro fautes vous n’avez pas fait de fautes.
Le fait que j’ai eu zéro fautes m’a valu la première place.
Remarque : pourquoi fautes d’ailleurs ? Parle-t-on de fautes de maths ? Il vaudrait mieux parler d’erreurs…
Mieux encore : le fait que je n’ai pas fait de fautes m’a valu la première place.
Ah, Tara, vous avez raison mille fois.
L’erreur se corrige, la faute tient du péché et doit être expiée.
C’est ainsi, insidieusement, qu’on culpabilise au lieu d’enseigner.
Merci Tara pour votre réponse, mais je ne veux pas reformuler ! 🙂 Ce serait éluder la question (intéressante, à mon avis).
Sinon, je ne trouve pas grand-chose à redire à la formule « faire zéro faute », qui est tout de même très usitée et que l’on trouve d’ailleurs à l’article « zéro » du tlfi : « I. − Adj. numéral cardinal. Qui correspond à une valeur nulle, à un ensemble vide. Faire zéro faute dans une dictée. »
Mais si cette association vous chiffonne, on peut trouver d’autres formulations de ‘déterminant pluriel + zéro faute(s)’, ainsi, vu sur un site de formation (ça pourrait en faire douter certains quant au sérieux de l’organisme !!) :
« Maîtriser les écrits professionnels
-Viser les zéro fautes. »
(« Faute » n’a pas pour seul sens le sens moral, et cela depuis bien longtemps, extrait du dictionnaire du moyen français (1330 – 1500 !) – le sens non moral est même donner (oh ! pardon pour cette erreur de frappe ! 😉 ) en premier :
III. – « Action par laquelle on manque à ce qui est exigé ; en partic. aux règles morales ou sociales, au devoir ; p. méton. responsabilité ainsi encourue ou tort causé à qqn par une telle conduite » | ||
A. – « Action par laquelle on manque à ce qui est exigé (en partic. dans l’exercice du métier, d’une fonction…) » | ||
B. – « Action par laquelle on manque aux règles morales ou sociales, au devoir, mauvaise action » |
)