les temps verbaux dans la subordonnée circonstancielle de condition

Bonsoir , je voudrais savoir pourquoi dans cette phrase de Bossuet :  »Si vous aviez soulagé leurs maux, si vous aviez eu pitié de leur désespoir, si vous aviez seulement écouté leurs plaintes, vos miséricordes prieraient Dieu pour vous, leurs cotés revêtus, dit le saint prophète leurs entrailles rafraîchis, leur faim rassasiée vous auraient béni;  » : puisque le verbe de  la proposition  subordonnée subordonnée est conjuguée au plus que parfait ‘aviez soulagé ‘pourquoi on a utilisé le conditionnel présent et nom pas le conditionnel passé dans la proposition principale ‘prieraient’ et même après dans le  verbe béni on l’a conjugué au conditionnel passé?

salomaz Débutant Demandé le 21 novembre 2016 dans Conjugaison

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2 réponse(s)
 

Bossuet a pu faire quelques erreurs de concordance des temps, l’édition une  retranscription erronée, ou la règle plus flottante au 17è siècle, hypothèses qui ne sont pas à éliminer…

voici mon sentiment sur ce point :

vos miséricordes prieraient Dieu ==>seraient encore en train de prier (l’action se serait prolongée dans le présent)
Le passé du conditionnel exprime un fait qui ne s’est pas produit dans le passé, or là il est possible qu’il souhaite exprimer un fait qui ne se produit (ou ne produit pas d’effet) pas à l’heure actuelle.

Par exemple, « Si mes parents m’avaient mieux conseillé(e), je serais devenu(e) avocat(e) ou je serais avocat(e) (sous-entendu : je le serais aujourd’hui).
– avec le conditionnel passé, on met l’accent sur le fait passé (le fait de devenir avocat)
– avec le présent du conditionnel, accent sur le fait d’être encore aujourd’hui avocat

« …vous auraient béni » : l’action est datée et terminée dans le passé. L’acte de bénir n’aurait pas duré dans le présent.

Dans un autre sermon, Bossuet écrit « un crime inouï », ce que signifie inouï est en réalité « jamais entendu » (sens du mot ouïr). Aujourd’hui, on considère cela comme une impropriété.
C’était le plus grand de tous les crimes : crime jusqu’alors inouï, c’est-à-dire le déicide, qui aussi a donné lieu à une vengeance dont le monde n’avait vu encore aucun exemple…

joelle Grand maître Répondu le 22 novembre 2016

Bonsoir Salomaz,

Le choix du temps de la principale avec une proposition subordonnée introduite pas « si » et un verbe plus-que-parfait  de l’indicatif dépend de la réalisation de la condition par  rapport au moment où  l’on parle.

On peut dire :
Si vous aviez réussi vos examens (hier), je vous féliciterais (maintenant : conditionnel présent).
Si vous aviez réussi vos examens (hier), je vous aurais félicité (hier : conditionnel passé).

C’est ce qui se passe dans la phrase de Bossuet.
=>Si vous aviez soulagé leurs maux,  aviez eu pité… et aviez écouté… , vos miséricordes prieraient (aujourd’hui)… et leurs entrailles… vous auraient béni (hier).

Autres exemples :
Si tu m’en avais parlé (plus-que-parfait de l’indicatif), j’aurais compris (conditionnel passé).
Si la notice avait été plus claire(plus-que-parfait de l’indicatif), l’appareil fonctionnerait (conditionnel présent).

Evinrude Grand maître Répondu le 22 novembre 2016

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