Les smileys et l’orthographe
Pour moi, les smileys constituent un véritable ovni typographique. Ingénieux en ce qu’ils favorisent l’empathie du destinataire du message, ils sont également très inventifs,
- du banal : ) (ou alors, si on n’a pas le coeur à omettre le nez :- ) )
- à l’enthousiaste =D
- en passant par l’horizontal et ahuri 0_o
- le courroucé è_é
- ou l’inconsolable et sa flaque de larmes :'(‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘0
Les smileys ne sont pas des mots, et sont parfois utilisés comme signe de ponctuation (qui n’a jamais vu une phrase se terminer, non pas par un point, mais par un : ) ?)
Quelle est exactement la place de ces signes dans le monde de l’orthographe ? Celui-ci les ignore-t-il complètement ? Ou existe-t-il déjà des tentatives de normalisation de l’usage de ces signes ? Si non, est-ce souhaitable ?
Question très décalée : bravo !
Les émoticônes sont une des rares innovations récentes dans la langue écrite et connaissent un succès aussi durable qu’agaçant pour les amateurs de l’écriture traditionnelle. On peut donc s’y attarder quelques instants…
Votre question ne portant pas sur leur intérêt propre mais sur leur rapport à la langue, voici quelques réflexions sans arrière-pensée d’un froid relecteur-correcteur :
1. Ces pictogrammes ne contiennent aucune idée : ils ne reflètent qu’une émotion (ou sentiment) ajoutée à un contenu antécédent. Isolés, ils deviennent stéréotypés, tristement insignifiants, voire carrément ricanants.
2. Malgré l’imagination de certains, le nombre en reste très limité : quelques dizaines, pour un demi-million de mots attribuables à la Francophonie. Faut-il faire une photo ?
3. Il n’y a ni syntaxe, ni orthographe, ni flexion, ni conjugaison : plus simpliste, on meurt…
4. Au total, ces combinaisons de clavier sont des sortes d’onomatopées ponctuant la pensée de leurs auteurs de prouuuuts mémorables. On dit que les chiens ressemblent à leur maître : eh bien, les smilés aussi !
Je vous avais promis une réponse impartiale, j’espère m’y être tenu…
Je trouve certains signes bien faits mais d’un emploi régressif et répétitif ; amusants mais sans aucune visée rédactionnelle ; la langue c’est du recul, ça doit penser. Il ne me viendrait pas à l’idée de les utiliser professionnellement.
Donc, et malgré l’intérêt de la question, je les évite personnellement sauf pour m’amuser avec mes enfants…,et pour finir, je les laisse aux jeunes, avec leurs expressions et leurs tics de langage (qui passent). Dans la correspondance personnelle, chacun est libre …
Bien sûr, il y avait et il y a encore les pictogrammes, utiles pour la prise de notes et les abréviations ; la technologie permet d’enrichir (ou de radicaliser) mais n’a rien inventé. C’est comme le prétendu langage SMS, Queneau avait quand même déjà écrit : « doukipudonktan » en 1959.
Bonjour,
J’utilise beaucoup les « émoticônes » dans ma correspondance personnelle et amicale. Dans mes relations professionnelle (et ici) je les évite, car en effet, elles ne relèvent pas du registre « soutenu ». Elles permettent de nuancer un discours écrit rapidement et peuvent éviter quelques malentendus quand on n’a pas le temps d’affiner une phrase ou de ciseler une plaisanterie, car certaines sont inventives et très parlantes. Mais leur multiplication peut se révéler épuisante pour le lecteur.
Pour répondre à votre question, il me semble qu’une nomenclature académique peut attendre XD