Les gestes barrières ou les gestes barrière ?
Bonjour,
Partout l’on voit écrit : les gestes barrières.
Est-ce correct ? J’aurais tendance à écrire »les gestes barrière ».
Merci pour votre précision.
En effet, le pluriel est adopté (cf. conférence de presse de M. Philippe – Premier ministre) : les gestes qui sont des barrières.
J’avais personnellement opté pour le singulier au début de l’épidémie, voir ici, en arguant du fait que c’était une image : il n’y a pas de vraies barrières mais des gestes qui fonctionnent comme une barrière. C’est possible aussi. Faites en votre âme et conscience !
Je m’étais référée à « tendance »qui reste invariable: des chaussures tendance.
Comme vous Joëlle, je choisis « barrière ». Il s’agit d’une image. Je trouve le pluriel impropre. Ce n’est pas parce qu’on le trouve dans des écrits ministériels que cela change quelque chose.
Merci pour vos réponses,
En effet, les écrits ministériels n’ont pas la science infuse. Je continuerai donc à écrire »barrière ».
Barrière est ce qu’on appelle un nom épithète : des enfants rois, des vaisseaux fantômes, des acteurs vedettes, des bijoux fantaisie, des sauces avocat.
Pour savoir si le nom employé à la manière d’un adjectif doit prendre la marque du pluriel, il faut d’abord déterminer sil entretient avec le nom qu’il caractérise un apport de complémentation ou de qualification. En effet, dans le premier cas, le second nom reste, en général, au singulier, alors que, dans le second cas, il s’accorde au pluriel (si, bien sûr, le premier nom est lui-même au pluriel).
Le nom en apport de qualification attribue une caractéristique essentielle à l’autre nom. Les deux renvoient au même être ou au même objet. Entre le nom en apport de qualification et le nom qu’il caractérise, on peut ajouter qui est ou qui est comme (date limite = qui est une limite ; jupe ballon = jupe qui est comme un ballon). . Quand on a affaire à un nom en apport de complémentation, la structure nom + nom s’interprète comme la réduction d’une construction dans laquelle il y a généralement une préposition : chandail mode = chandail à la mode ; sauce pesto = sauce au pesto. Le nom en apport de complémentation désigne un autre être ou un autre objet que le nom qu’il caractérise.
Pluriel du nom en apport de qualification
Exemples :
– Un acteur vedette, des acteurs vedettes (des acteurs qui sont des vedettes)
– Une boutique atelier, des boutiques ateliers (des boutiques qui sont des ateliers) – Un chapeau melon, des chapeaux melons (des chapeaux qui sont comme des melons) |
– Des écoles modèles
– Des enfants rois – Des exemples types – Des gâteaux éponges – Des légumes racines – Des livres témoignages – Des murs écrans – Des opérations coups de poing – Des papiers filtres |
– Des restaurants bars
– Des robes fourreaux – Des secteurs clés – Des solutions miracles – Des talons aiguilles – Des vaisseaux fantômes – Des visites surprises – Des classes passerelles – Des publicités spectacles
|
Pluriel du nom en apport de complémentation
Exemples :
– Un bijou fantaisie, des bijoux fantaisie (des bijoux de fantaisie)
– Un café crème, des cafés crème (des cafés additionnés de crème) – Un motif armoiries, des motifs armoiries (des motifs d’armoiries)
|
– Un espace loisirs, des espaces loisirs (des espaces pour les loisirs)
– Des chaussures sport – Des cafés filtre – Des concerts midi – Des foulards pure soie – Des légumes vapeur – Des produits minceur – Des adresses courriel |
– Des rayons lingerie
– Un régime protéines – Des sauces avocat – Des soirées grand public – Le son Cowboys fringants – Le style Picasso – Des styles château – Des vacances bistouri – Des voitures sport
|
N.B. Le rapport de sens entre le nom employé comme adjectif et le nom qu’il accompagne est dans certains cas difficile à paraphraser. De fait, deux graphies sont parfois possibles : des formules chocs (des formules qui sont comme des chocs), des formules choc (des formules de choc)
Enfin, l’emploi du trait d’union est lié au degré de figement de l’expression.
Ma conclusion: Compte tenu de ce qui précède, j’écrirais les gestes barrières (les gestes qui sont comme des barrières (à la propagation du coronavirus).
C’est lumineux.
Oui, c’est vrai que la BDL est souvent lumineuse ; néanmoins, en l’espèce, je pense que les deux accords sont défendables, selon la paraphrase que l’on retient :
Les gestes qui sont des barrières.
Les gestes qui font barrière.
(Je vois d’ailleurs dans le lien donné par joelle que c’était alors la position de Tara.)
Oui.
Merci pour cette longue explication.
J’aurai ainsi moins de mal à écrire barrières avec un S.
Cordialement