Les crochets, […], signalant une coupure dans le texte
Les crochets signalent, lorsqu’ils encadrent trois points de suspension, […], une coupure dans le texte.
Lorsque la coupure concerne un ou plusieurs paragraphes, pour signaler un passage à la ligne, le signe […] doit-il se situer en fin de ligne précédente ou en début de ligne suivante ?
Exemples :
« Éloge de l’oignon
À qui appartient la langue française ? À personne, bien entendu. Ou plutôt à chacun d’entre nous, puisqu’elle est notre bien commun, que nous en sommes les dépositaires. Ni des linguistes péremptoires, ni des conseillers pédagogiques grisés de leur pouvoir, ni même une sémillante ministre de l’Éducation ne sauraient la tripatouiller ou se l’approprier de leur seule initiative. Ils ne disposent d’aucune légitimité pour cela. […]
Comme je les aime, ces braves, ces méritoires oignons qui ne demandaient rien à personne et que l’on a voulu malmener en dépit de leurs bons et loyaux services ! […] »
(Frédéric Vitoux de l’Académie française).
ou
« Éloge de l’oignon
À qui appartient la langue française ? À personne, bien entendu. Ou plutôt à chacun d’entre nous, puisqu’elle est notre bien commun, que nous en sommes les dépositaires. Ni des linguistes péremptoires, ni des conseillers pédagogiques grisés de leur pouvoir, ni même une sémillante ministre de l’Éducation ne sauraient la tripatouiller ou se l’approprier de leur seule initiative. Ils ne disposent d’aucune légitimité pour cela.
[…] Comme je les aime, ces braves, ces méritoires oignons qui ne demandaient rien à personne et que l’on a voulu malmener en dépit de leurs bons et loyaux services !… »
(Frédéric Vitoux de l’Académie française).
L’insertion de « […] » se substitue effectivement à une partie de texte cité. Vos deux exemples sont corrects si vous avez tronqué soit la fin du premier paragraphe (exemple 1) soit le début du second (exemple 2).
Dans le cas où vous avez amputé le texte d’origine de tout un paragraphe (ou de plusieurs dans leur intégralité) et que vous souhaitez conserver la mise en pages d’origine, je pense que le mieux est de procéder comme suit :
« Éloge de l’oignonÀ qui appartient la langue française ? À personne, bien entendu. Ou plutôt à chacun d’entre nous, puisqu’elle est notre bien commun, que nous en sommes les dépositaires. Ni des linguistes péremptoires, ni des conseillers pédagogiques grisés de leur pouvoir, ni même une sémillante ministre de l’Éducation ne sauraient la tripatouiller ou se l’approprier de leur seule initiative. Ils ne disposent d’aucune légitimité pour cela.
[…]
Comme je les aime, ces braves, ces méritoires oignons qui ne demandaient rien à personne et que l’on a voulu malmener en dépit de leurs bons et loyaux services ! »
(Frédéric Vitoux de l’Académie française).
Il s’agit là plus d’expérience et de pratique plus que de théorie. On doit conserver – en fonction de l’écrit d’origine et du style de celui de destination – une bonne intelligibilité de ce qui a été fait. Il est par exemple peu souhaitable de juxtaposer deux troncations successives, quitte à recopier l’intégralité d’un paragraphe si l’on supprime le suivant complètement.
Merci. Je vous attendais.
Diable…
😉
Je ne cherche pas à éluder la question, mais je me demande si ce n’est pas une ligne de points qu’il convient de mettre alors.
Si l’on met des points de suspension entre crochets et qu’on les rattache à l’un ou l’autre des paragraphes, le lecteur ne peut en effet pas savoir qu’un paragraphe a été coupé. Et le fait de placer les points de suspension entre crochets seuls sur une ligne ne me semble pas typographiquement très orthodoxe.
Selon Jouette : « Si la suppression est importante, on mettra une ligne entière de points espacés. »
Selon Lacroux, la ligne de points est formée de points séparés par une espace forte, soit :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
et non …………………………………………… !
@veso
J’ai retrouvé trace de votre mention chez Lacroux à l’entrée « points de suspension ». Il y parle de « suspension longue » et de « comblement », usages effectivement reconnus. Mais je ne vois pas trace du remplacement d’un paragraphe. Avez-vous une autre entrée ?
Personnellement, je trouve cette solution assez inesthétique : cela coupe la page en deux et n’est pas intuitif.
Je n’ai pas trouvé mieux chez Lacroux…
Une ligne de points serait probablement un peu excessive, mais on peut s’en tenir à une demi-ligne, à peine ! Cela coupe moins la page.
Drillon parle aussi de cette ligne de points, dans le chapitre consacré aux crochets :
« Si la suppression est d’importance, l’éditeur le fera savoir au lecteur en ne se bornant pas à cette indication, mais en intercalant une ligne de points, si possible entre crochets », et il donne un exemple. (Une ligne de points encadrée de crochets, je trouve cela étonnant…)
Plus loin, Drillon précise : « Les crochets doivent respecter scrupuleusement la ponctuation originale, et se placer exactement à l’endroit de la partie retranchée », et un nouvel exemple suit.
Par ailleurs, « deux paires de crochets peuvent s’enchaîner », et l’exemple se rapporte à un texte suivi d’une démonstration mathématique : une paire de crochets pour le texte, une autre dessous (à la ligne avec aliéna) pour la démonstration mathématique.
Cela dit, le texte auquel se réfère jean bordes est un peu délicat à traiter (je viens seulement de le voir…), puisque le passage coupé n’est pas important mais il inclut un paragraphe.
Bonjour.
Je reviens sur ce sujet pour avoir un complément de réponse : si ma phrase est tronquée au début et à la fin, dois-je utiliser, à chacun de ses endroits, le crochet avec ses suspensions ?
Exemple :
[…] blablabla, blabla […].
Merci.
@Auzpec : votre question est proche d’un cas d’école, sans application dans un texte habituel. Si vous tronquez le début et la fin, il y a fort à parier qu’on ne comprenne plus.
La mention entre crochets indique que le rédacteur a ôté une partie organiquement liée à l’ensemble d’une citation. S’il ne garde que quelques mots ou une phrase incomplète, cela se résume à citer seulement ces éléments, ce qui doit être fait classiquement et simplement entre guillemets.
Personnellement, comme correcteur, je n’ai jamais rencontré ce cas de figure.