Les caprices du trait d’union
J’aimerais votre aide, s’il vous plait, à la correction de ce texte, ( qui voudrait refléter une tendance actuelle à entrer les défavorisés dans des cadres ou des opinions rigides et y opposer une image de nantis égoïstes).
J’avais envie de jouer avec les traits d’union (ou de désunion!) et les conjonctions de coordination
Merci de vos conseils
Les plus-que-rien
C’est nous les sans-dents, mais c’est vous les sans-cœur,
Est-ce nous les sans-papiers ou vous les sans frontières ?
C’est nous les sans-ressources, et vous, les sans limites,
C’est nous les sans-bruit, donc vous les sans-gêne.
C’est nous les sans-âge, or c’est vous les sans rides.
Non pas nous les sans-Dieu, ni vous les sans diables,
mais c’est nous les sans-voix, car c’est vous les sans-réponse.
Et pourtant, cependant, néanmoins, malgré tout …
Nous sommes uniques et vous, irremplaçables.
Votre texte peut avoir son charme et sa conviction, mais le trait d’union n’y est pour rien ! Une fois le texte lu, on ne sait en effet pas pourquoi vous en gratifiez certaines expressions et d’autres non. La logique du français est d’en mettre un lorsque la tournure devient un nom lexicalisé — en général confirmé par un dictionnaire — et prend de l’autonomie par rapport à ses composants. Dans le texte, la présence du trait d’union semble aléatoire, plonge le lecteur dans une réflexion qui ne débouche pas puisque sa distribution est arbitraire.
Ma conclusion : soit vous suivez le dictionnaire (mais ce n’est pas frappant), soit vous n’en mettez aucun (mais il y aura tout de même des fautes à assumer), soit vous en mettez partout (et l’attention se concentrera sur le fond du texte).
Bonne chance avec votre texte révolutionnaire, un peu « sans-culotte »…
Bonsoir Athies.
Les plus-que-rien
C’est nous les sans-dents, mais c’est vous les sans-cœurs,
Est-ce nous les sans-papiers ou vous les sans-frontières ?
C’est nous les sans-ressources, et vous, les sans-limites,
C’est nous les sans-bruits, donc vous les sans-gênes.
C’est nous les sans-âges, or c’est vous les sans-rides.
Non pas nous les sans-Dieu, ni vous les sans-diables,
mais c’est nous les sans-voix, car c’est vous les sans-réponses.
Les noms ou adjectifs composés formés avec la préposition sans s’écrivent avec un trait d’union. Il faut donc en mettre un pour tous les mots composés que vous avez utilisés.
Depuis la réforme de l’orthographe de 1990, la marque du pluriel des noms composés avec trait d’union est toujours présente sur le second élément uniquement si le mot est au pluriel, lorsque le composé est formé à l’origine soit d’une forme verbale et d’un nom, soit d’une préposition et d’un nom, comme avec sans .
La règle ne concerne pas les quelques composés dont le second élément commence par une majuscule ou contient un article (exemples : prie-Dieu, trompe-l’œil).
Si l’on veut appliquer cette règle, ce qui n’est pas obligatoire, on mettra un s à tous les mots composés, sauf à sans-Dieu.
Si vous ne voulez pas rédiger avec l’orthographe rectifiée, je vous renvoie à ceci : http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?t1=1&id=5183
Merci PhL; j’en reste sans voix, sans crier gare, ce ne sera pas sans conséquence.
A Mr Chambaron, merci de cette réponse « tranchée », pour le sans-culotte mais pas sans pudeur.
A titre anecdotique, l’expression odontologique, péjorative et présidentielle m’évoquait une période plus médiévale,
celle où les sans-dents étaient souvent et paradoxalement surnommés les croquants, par ceux qui les croquaient!