le plus « adjectif » avant ou après le nom ?
Faut-il écrire :
– Le plus célèbre agent secret se révèle sans armure, à cœur ouvert.
ou
– L’agent secret le plus célèbre se révèle sans armure, à cœur ouvert.
– Néanmoins, le maire d’Amity mérite bien la palme du plus gros requin.
ou
– Néanmoins, le maire d’Amity mérite bien la palme du requin le plus gros.
D’après ce site (https://www.bertrandboutin.ca/Folder_151_Grammaire/F_f_place_adj.htm), les adjectifs accompagnés d’un adverbe court peuvent généralement se placer avant ou après le nom. (Ex : une très haute montagne ou une montagne très haute).
D’après ce site (https://www.espacefrancais.com/la-place-de-ladjectif/), un adjectif, qui a un complément ou qui est modifié par un adverbe, doit toujours être placé après le substantif : malheur commun à tous, fief dépendant de ce duché, homme extrêmement aimable, etc.
À la limite, en suivant la règle du deuxième site, je veux bien croire que la construction « le plus célèbre agent secret » puisse être fautive, mais privilégier « la palme du requin le plus gros » à « la palme du plus gros requin » me semble sonner mal à l’oreille.
Bonjour Juliano, à la [re]lecture du site que vous mentionnez (le deuxième), je constate que la plupart des règles (ou conseils) de placement de l’adjectif paraissent évidentes pour un francophone natif (mais peuvent s’avérer utiles pour une personne étrangère qui n’a pas une connaissance naturelle de la langue). Notamment le cas des adjectifs qui ont un complément (il ne viendrait à aucun francophone l’idée de dire un commun à tous malheur). Je suis plus réservé sur le cas des adjectifs modifiés par un adverbe : s’il est exact qu’alors qu’on dit un bon dessert, on dira plutôt un dessert délicieusement bon qu’un délicieusement bon dessert, une extrêmement belle femme ne me choque pas outre mesure. Quoi qu’il en soit, cette règle ne me paraît pas devoir s’appliquer aux adverbes très, plus, moins et leurs superlatifs (je ne vois aucune raison de préférer un dessert très bon à un très bon dessert ni la plus belle fille du monde à la fille la plus belle du monde). Dans votre première phrase, vous pouvez donc opter indifféremment (selon votre préférence) pour le plus célèbre agent secret ou l’agent secret le plus célèbre ; quant à la seconde, il est évident que vous ne pouvez pas écrire la palme du requin le plus gros (ici encore, comme la dernière fois, nous sommes dans le cas où la position de l’adjectif modifie significativement son sens).
Bonjour, Christian.
Les adjectifs accompagnés d’un adverbe long sont à priori toujours postposés, je pense qu’il sera donc préférable de dire une femme extrêmement belle.
Les adjectifs accompagnés d’un adverbe court sont d’après le premier site au choix antéposés ou postposés. Il me paraît même évident de préférer « un très bon dessert » à un dessert très bon » tout comme « la plus belle fille du monde » à « la fille la plus belle du monde ». Avec l’exemple du « requin le plus gros », je tenais à renforcer l’idée que le second site se trompe en disant ceci « un adjectif, qui a un complément ou qui est modifié par un adverbe, doit toujours être placé après le substantif ».
Par contre, je n’arrive pas à cerner la différence de sens pour « gros » en fonction de son placement, car pour moi sans adverbe il est toujours antéposé.
« Le plus célèbre agent secret » ne me choque pas outre mesure, j’ai constaté après quelques recherches que « l’agent secret le plus célèbre » était à chaque fois employé.
Pourtant, on dira plutôt « le célèbre agent secret » que « l’agent secret célèbre ».
En tout cas, avec les exemples « le requin le plus gros », ou « un requin très gros », on a la confirmation que la règle exclusive du site 2 est à prendre avec des pincettes.
Je retiendrais donc plutôt la règle du premier site concernant un adjectif modifié par un adverbe court.
Merci.
Bonjour,
ChristianF, pourquoi écrivez-vous » je constate que la plupart des règles (ou conseils) de placement de l’adjectif paraissent évidentes pour un francophone natif (mais peuvent s’avérer utiles pour une personne étrangère qui n’a pas une connaissance naturelle de la langue) « .
Depuis quand y a-t-il une connaissance naturelle de la langue ?
Il me semble que la réalité est tout à fait le contraire de ce que vous affirmez. Ce sont les francophones » non natifs « , pour reprendre votre expression, qui ont généralement une meilleure connaissance de la langue parce qu’ils ne sont en contact qu’avec la langue écrite, plus soignée, et sont à l’abri des parlers populaires et argotiques.
Il en est parmi eux qui sont de grands écrivains et poètes de langue française, et qui ont été membres des différentes académies françaises, y compris l’Académie française.
Brad, je pense que vous vous êtes mépris sur le sens de ma remarque qui n’avait rien de péjoratif. Je sais bien que de nombreuses personnes d’origine étrangère (ou du moins francophones non « natives », c’est-à-dire dont le français n’est pas la langue maternelle), écrivains, personnalités ou simples citoyens manient bien mieux langue française que certains francophones natifs (et j’en suis toujour admiratif). Ce que j’appelle la connaissance « naturelle » de la langue est celle qu’on acquiert sans l’apprendre dès la toute petite enfance. Un enfant de cinq ou six ans saura intuitivement quelle est la position « normale » d’un adjectif par rapport au nom sans avoir besoin de règles fondées sur le nombre de syllabes ou d’autres considérations « techniques », alors que ces règles peuvent constituer une base utile pour un « apprenant » du français, en attendant d’être complétées, précisées ou rectifiées par la pratique.