Le participe imparfait
Bonjour,
Le titre peut en effet paraitre bien mystérieux.
Je me retrouve souvent dans des situations où il me faut utiliser le participe pour parler de faits ou d’actions trouvant leur origine dans le passé. Nul participe présent ne sera alors utilisable. Maintenant, qu’en est-il du participe passé prenant une forme de passé composé ? Eh bien celui-ci également me semble parfois lointain du message que je veux faire passer, du temps que je veux utiliser. Où est le participe imparfait ? Est-ce un manque à la langue française ? Existe-t-il un système grammatical venant en remplacement de cette lacune ?
Prenons exemple avec cette phrase à l’indicatif présent : « La situation n’est pas à mon avantage. »
Toutefois, cette information est désormais caduque, alors j’utilise l’imparfait : « La situation n’était pas à mon avantage. »
Mais, je souhaite déduire de cette affirmation une conséquence. Il me faut alors utiliser la forme participiale : « La situation n’étant pas à mon avantage, j’ai abandonné. » Soit, mais on en a oublié le temps qui était à l’imparfait.
Essayons alors avec un participe passé : « La situation n’ayant pas été à mon avantage, j’ai abandonné. » Eh bien non, cela ne me sied pas ! Je veux garder mon temps imparfait. Que faire ? Existe-t-il une solution ? De mon invention sort une formule du type « La situation n’étiant pas à mon avantage, j’ai abandonné. », évidemment erronée et irréelle.
Voyez-vous l’idée ? Plusieurs enjeux à cette question : premièrement, existerait-il une construction grammaticale méconnue pour pallier cet obstacle bien contraignant ? ; ensuite, il peut être intéressant de voir le point de vue de chacun sur cette question que je trouve intéressante et d’en débattre ci-dessous.
SI vous abandonnez la participiale pour une subordonnée avec verbe conjugué, alors évidemment, vous ne bénéficiez plus de la valeur du participe présent qui lui, n’a pas de marque temporelle (passé/présent) et marque dans sa forme simple la simultanéité.
Plutôt qu’une lacune, j’y vois un avantage, une souplesse, qui permet de ne pas répéter une notion.
Les temps conjugués permettent en effet un grand nombre de nuances. Si vous avez besoin de ces nuances, employez-les
La situation n’est pas à mon avantage, alors j’ai abandonné. (présent + passé composé) Le premier fait est duratif le second ponctuel
La situation n’est pas à mon avantage, alors j’abandonne (présent + présent) simultanéité
La situation n’a pas été à mon avantage, alors j’ai abandonné » (passé composé + passé composé).
Mais si vous choisissez le participe présent, ne vous plaignez pas du fait qu’il fonctionne autrement :
La situation n’étant pas à mon avantage (alors disparaît : inutile)* j’ai abandonné
La situation n’étant pas à mon avantage, j’abandonne
La situation n’ayant pas été à mon avantage, j’ai abandonné
*notez qu’on fait l’économie de « alors » qui marque un rapport de cause à conséquence. , une notion qui est présente, selon le contexte, avec le participe… autre avantage !
Bonjour,
Il existe bien deux constructions grammaticales, qui n’est pas méconnue : user du participe présent ou du participe composé.
La subordonnée participiale a pour rôle d’exprimer une relation de cause à effet et la situe par rapport au temps de la principale.
« Ne recevant pas ma prime, je décide de démissionner »
« Ne recevant pas ma prime, j’avais décidé de démissionner »
« N’ayant pas reçu ma prime, je ne peux pas payer cette facture »
« N’ayant pas reçu ma prime, je ne pourrai pas payer cette facture »
Etc.
Le participe présent ne sert pas à situer dans le temps. À la forme simple, il indique la concomitance entre l’action qu’il désigne et celle du verbe conjugué ; à la forme composée, il indique l’antériorité. Donc ce qui permet de situer les choses dans le temps, c’est le verbe conjugué, non le participe présent.
Bonjour,
En effet l’emploi du participe, comme de l’infinitif d’ailleurs, gomme les nuances des temps conjugués. L’usage de la langue s’en accommode, car si l’on veut absolument restituer ces nuances, il y a toujours une périphrase ou un adverbe pour y parvenir : La situation n’ayant jamais été à mon avantage…, n’ayant durablement pas été à mon avantage, ayant souvent été à mon désavantage, etc.
Merci pour ces informations, notamment Marcel1 qui donne une explication assez concise en lien avec celle de Ouatitm. Je comprends que le participe ne doit pas donner le temps, c’est à la subordonnée de s’en charger.
Néanmoins, s’il nous fallait reformuler sans participe l’exemple donné dans ma question, en prenant bien en compte l’imparfait, voici la phrase que j’userai : » La situation n’était pas à mon avantage, alors j’ai abandonné. » Ici, nous avons, dans la première partie de la phrase, un temps à l’imparfait, et dans la seconde un temps au passé composé.
Le sens de cette phrase est complètement différent de celui donné aux phrases suivantes :
- « La situation n’est pas à mon avantage, alors j’ai abandonné. » (présent + passé composé) et
- « La situation n’a pas été à mon avantage, alors j’ai abandonné » (passé composé + passé composé).
Pour moi, les deux dernières phrases reformulées font paire avec d’un côté le participe présent, de l’autre le participe passé (passé composé), mais ma première reformulation avec l’imparfait ne trouve nulle paire dans les règles participiales. Nous voyons toutefois bien la différence entre les trois reformulations présentées ci-avant. Ne devraient-elles pas toutes être formulables en participe ? Comment bien en distinguer le sens sans ce que l’on pourrait appeler un « participe imparfait » ?
La situation n’est pas à mon avantage, alors j’ai abandonné.
Concomitance entre les deux actions (ou par rapport à la situation d’énonciation : la situation est toujours d’actualité, et elle n’est toujours pas à mon avantage).
> forme simple du participe : La situation n’étant pas à mon avantage, j’ai abandonné.
La situation n’a pas été / n’était pas à mon avantage, alors j’ai abandonné.
Antériorité du désavantage par rapport à l’abandon (ou par rapport à la situation d’énonciation : la situation n’est plus d’actualité).
> forme composée du participe : La situation n’ayant pas été à mon avantage, j’ai abandonné.
Le passé composé a valeur d’accompli du présent : la situation n’est plus d’actualité, en revanche, l’abandon (l’état de fait qui en résulte) l’est toujours.
(Je ne sais pas si c’est un lapsus de votre part – Je comprends que le participe ne doit pas donner le temps, c’est à la subordonnée de s’en charger -, mais si ça ne l’est pas, petite précision : ce qui donne le temps, c’est le verbe conjugué – qui se trouve ici dans la principale.)
Bonsoir,
Vous écrivez :
« Le sens de cette phrase est complètement différent de celui donné aux phrases suivantes :
-
- « La situation n’est pas à mon avantage, alors j’ai abandonné. » (présent + passé composé) et
- « La situation n’a pas été à mon avantage, alors j’ai abandonné ».
Je suis sans doute un poil radical mais votre première phrase n’a aucun sens :
« La situation n’est pas à mon avantage » est une proposition ancrée dans le présent, l’abandon dont elle est la cause ne peut avoir eu lieu dans le passé !
Pour votre deuxième phrase : « La situation n’a pas été à mon avantage, alors j’ai abandonné « , la nuance qu’elle affirme par rapport à « La situation n’était pas à mon avantage, alors j’ai abandonné » est ténue.
La première décrit un fait ponctuel échu qui déclenche l’abandon, la deuxième un état qui déclenche l’abandon.