Le faire ressembler/lui faire ressembler
Bonjour,
Je souhaitais savoir s’il y avait une réelle différence entre ces deux phrases ? Si oui, laquelle ? Y a-t-il une forme plus juste que l’autre ?
– Son corps lui faisait ressembler à…
Merci !
Le pronom est ici COD du verbe ‘faire ressembler’ donc ‘le’; le pronom ‘lui’ s’emploie comme COI, ce qui n’est pas le cas dans la phrase.
donc ‘Son corps le faisait ressembler à …’
Je ne comprends pas les deux réponses précédentes. La notion de « COD de ‘faire ressembler' » est absente de mes grammaires.
Le Grevisse classe votre pronom comme « agent de l’infinitif » dans une « proposition infinitive COD ».
Il dit que, dans une proposition infinitive COD, si l’infinitif n’a pas lui-même de COD, son agent se met à l’accusatif, et si l’infinitif a un COD, son agent se met au datif :
— Je le fais partir, je le fais parler.
— Je lui fais prendre le départ, je lui fais raconter une histoire.
Pour le verbe « croire » sans COD, c’est pourtant manifestement le datif qui convient :
— Je lui ai fait croire à une blague.
La règle est donc loin d’être systématique, et le Grevisse note effectivement des exceptions, avec un datif (lui, leur) là où on attendrait un accusatif (le, les) :
— lui faire changer d’avis (P. Benoit) ;
— lui faire renoncer à son projet (Robbe-Grillet).
La construction ne suffit donc pas à trancher sur le pronom représentant l’agent de l’infinitif, il y a aussi une question de sens. Je vous suggère de choisir sur la base de la question qui / à qui.
* Qui as-tu fait changer d’avis ? je l’ai fait changer d’avis, ou à qui as-tu fait changer d’avis ? je lui ai fait changer d’avis (deux nuances selon le datif ou l’accusatif).
* À qui fera-t-on croire à une blague ? Il faut un pronom datif. On lui fera croire à une blague.
* À qui son corps fait-il penser à un insecte ? à eux. Datif. Son corps leur fait penser à un insecte. Qui son corps fait-il penser à un insecte ? eux. Accusatif. Son corps les fait penser à un insecte. Au choix, mais deux sens différents.
* Qui son corps fait-il ressembler à un insecte ? Il faut l’accusatif. Son corps allongé le fait ressembler à un insecte.
Globalement, c’est quand l’agent exerce un contrôle sur le verbe à l’infinitif, ou s’il s’agit d’une façon de se représenter une chose, qu’on peut préférer le datif.
Le livre « La Grande grammaire du français », par Anne Abeillé et Danièle Godard, accepte ainsi : « on leur fait rêver à un voyage, « on lui a fait obéir à son père », mais n’accepte pas (sans réelle justification) « cette nouvelle coupe de cheveux lui fait ressembler à son père ». Moi je trouve que ça passe si le gars s’est coupé les cheveux pour ressembler à son père.
Et vous, quel est votre avis ? Quelle est votre phrase en entier ? C’est avec un phrase en entier qu’on peut juger s’il y a une intention ou non dans le fait de ressembler. Comment diriez-vous à l’oral ? Voyez-vous une nuance entre « le » et lui » dans votre phrase ? Si vous voyez une nuance, si vous connaissez la règle un peu arbitraire de l’accusatif mais ressentez le besoin sémantique d’un datif, si vous balancez entre les deux, il y a peut-être une raison. Ne condamnez pas trop vite la possibilité du datif, et en tout cas pas sur la base de réponses expéditives et caricaturales.
Je ne vois pas pourquoi on a enlevé un point à Feuillu qui pousse l’analyse de façon intéressante plutôt que d’énoncer des règles rigides.
Je lui mets un point pour que ce message soit lu avec confiance.
Je fais sentir le parfum à Pierre –> Je LUI fais sentir le parfum Mis pour « je fais sentir À LUI le parfum«
Mais dans votre exemple ça ne fonctionne pas :
« Son corps LUI fait ressembler à un curieux animal » serait mis pour « Son corps fait ressembler À LUI à un curieux animal » ?
Non, ça ne voudrait rien dire !