L’adverbe « tant »

Bonsoir, dans l’un des manuels scolaires de français, j’ai trouvé la phrase suivante  » Pierre n’a pas quitté sa cabine, tant il avait mal à la tête ». le manuel présente la 2ème proposition comme une subordonnée. Mais cette proposition n’est-elle pas une indépendante coordonnée ? MERCI

NOH Débutant Demandé le 27 mars 2025 dans Question de langue

Pour vous améliorer en orthographe, testez les modules d’entraînement du Projet Voltaire :

5 réponse(s)
 

Bonjour,

L’adverbe tant introduit ici une cause, une justification dont l’intensité est le facteur déclenchant. La proposition ainsi introduite dépend de la principale et ne peut être isolée sans qu’elle devienne incorrecte et perde en signification. Il est donc parfaitement logique de l’analyser comme une subordonnée.

Ce qui peut alors paraître illogique, c’est que le mot car soit, lui, rangé parmi les conjonctions de coordination. En effet, la phrase « Car il avait mal à la tête. » ne semble pas susceptible d’autonomie. Cependant, si vous vous contentez de juxtaposer les deux propositions :  « Pierre n’a pas quitté sa cabine. Il avait mal à la tête.« , le sens causal de la deuxième est parfaitement compréhensible et l’introduction de la conjonction car pour les relier ne fait qu’en confirmer le sens sans ajouter d’information. En revanche la notion d’intensité comme facteur déclenchant est obtenue au moyen de l’adverbe tant en créant une relation de dépendance .

Bruno974 Grand maître Répondu le 28 mars 2025

Vous avez raison. « Tant » est, dans cette phrase, conjonction de coordination marquant à la fois l’intensité et la cause.
La proposition introduite par une conjonction de coordination ne peut pas être placée avant la première proposition.
Exemple : Pierre n’a pas quitté sa cabine car  il avait mal à la tête > *Car il avait mal à la tête, Pierre n’a pas quitté sa cabine (incorrect)
Ce qui est possible avec la proposition subordonnée conjonctive :
Pierre n’a pas quitté sa cabine parce qu’ il avait mal à la tête > Parce qu’ il avait mal à la tête, Pierre n’a pas quitté sa cabine (correct)

On voit que cette inversion n’est pas possible avec « tant » :
Pierre n’a pas quitté sa cabine tant  il avait mal à la tête > *Tant il avait mal à la tête, Pierre n’a pas quitté sa cabine

Tara Grand maître Répondu le 28 mars 2025

Bonjour Tara,

La liste des conjonctions de coordination est strictement définie et l’adverbe tant n’en fait partie. Ce ne peuvent donc pas être des propositions indépendantes. Nous sommes ici dans un système corrélatif où l’ordre des propositions est rarement libre. Certains grammairiens ignorent d’ailleurs la notion de proposition subordonnée et considèrent directement les classes fonctionnelles (relative, complétive, corrélative, etc.).  Habituellement, la deuxième proposition exprime la conséquence en raison d’une certaine intensité : « J’ai tant ri que j’en pleure. » « J’ai tellement ri que j’en pleure. » L’inversion cause/conséquence est possible et elle efface la liaison par que :  « J’en pleure, tant j’ai ri. » « J’en pleure, tellement j’ai ri.« 

le 28 mars 2025.

Merci pour vos réponses.
 » La liste des conjonctions de coordination est strictement définie et l’adverbe tant n’en fait partie. » ==== Pas vraiment : on continue à identifier les conjonctions de coordination comme  » mais ou et DONC or ni car » alors que « donc » n’est plus classé dans la classe des conjonctions depuis longtemps mais dans celle des adverbe. De plus, la phrase complexe par coordination se construit aussi bien avec des conjonctions de coordination qu’avec des adverbes de liaison.
la relation de dépendance entre les 2 propositions n’est pas si « évidente » :on peut parfaitement dire :Pierre n’a pas quitté sa cabine. Il a TANT mal à la tête.
Ce n’est pas le sens de la causalité qui me pose problème mais la subordination. Hormis les infinitives et les participiales les autres subordonnées sont introduites par un mot subordonnant (P. relatif- mot interrogatif-conjonction de subordination) et jamais par un adverbe, non?

NOH Débutant Répondu le 28 mars 2025

On peut cependant considérer que « tant » , s’il n’est pas une conjonction mais un adverbe, est un mot coordonnant.
« Donc » non plus n’est pas une conjonction de coordination puisqu’on peut le déplacer et le mettre à la fin, contrairement aux conjonctions : Il a mal à la tête donc il n’a pas quitté sa cabine > Il a mal à la tête, il n’a pas quitté sa cabine donc. – chose impossible avec une conjonction :* il a mal à la tête, il n’a pas quitté sa cabine et.
Or, nous avons bien, dans la phrase proposée, « tant » et non « tant que » et la construction est donc différente de : il a tant mal à la tête qu’il n’a pas quitté sa cabine (on dirait d’ailleurs plutôt : il a tellement mal… que..
– la conjonction « que » a disparu
– les propositions se sont inversées.

Tara Grand maître Répondu le 28 mars 2025

Exactement ! Merci Tara. On peut appliquer des manipulations différentes mais la proposition ne peut être considérée comme une subordonnée.

NOH Débutant Répondu le 28 mars 2025

Pour ne plus vous poser cette question ni tant d'autres,
découvrez les modules d’entraînement en orthographe et en expression du Projet Voltaire :

Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.