La faute À pas de chance ?

Répondu

Alors qu’à la forme interrogative nous disons « À qui la faute ? », pourquoi doit-on dire, à la forme affirmative « C’est la faute DE… » ?

Cathy Lévy Grand maître Demandé le 4 décembre 2014 dans Question de langue

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Tout d’abord, on peut noter que si le nom faute comporte quelques difficultés spécifiques (c’est ma faute, c’est de ma faute, c’est par ma faute…), la construction avec un complément, comme ici, suit principalement la règle générale :
C’est la faute de Saturnin.
C’est le stylo de Saturnin.

La préposition de, qui sert alors à marquer l’appartenance, devient à après un verbe :
La faute revient à Saturnin.
Le stylo appartient à Saturnin.

Ainsi que devant un pronom personnel :
C’est un stylo à moi.

Dans ces derniers cas, de n’exprimerait plus l’appartenance, mais l’origine : comparer Ce tableau est à Saturnin et Ce tableau est de Van Gogh.

Dans certaines tournures interrogatives, le verbe est omis. C’est le cas dans « À qui (revient) la faute ? ». À qui et de qui correspondent aux pronoms interrogatifs simples en fonction de compléments indirects : comme ci-dessus, on peut souvent établir une nuance d’appartenance (à qui) ou d’origine (de qui).
À qui est ce stylo ?
De qui est ce tableau ?

En résumé : À qui la faute ? La faute revient à Saturnin ; c’est donc la faute de Saturnin.

On peut aussi se référer à l’onglet Difficultés du Larousse en ligne, article faute (l’explication ne m’a cependant pas complètement convaincu).

Vlavv Maître Répondu le 5 décembre 2014

Très clair, très précis, très complet.

le 5 décembre 2014.

(je suis tombé par terre) c’est la faute À Voltaire.

J’avoue ne m’être jamais posé la question mais la réponse m’intrigue.

JonathanAngoin Érudit Répondu le 5 décembre 2014

On dit « la voiture de Paul » et non »la voiture à Paul ».
On dit par ailleurs « c’est ma faute », « c’est sa faute », donc on dira « c’est la faute de… »
Le Trésor de la langue française indique que « c’est la faute à », « c’est de la faute à » sont populaires. En revanche, il précise que l’on peut employer l’expression « la faute en est à » : « Je m’étonne beaucoup de n’avoir pas de nouvelles de vous. La faute en est à la poste, sans doute. » (Flaubert. Corresp.)
L’Académie française dit ceci : « On ne peut plus l'[la préposition à] employer entre deux noms, comme on le faisait dans l’ancienne langue, sauf dans des locutions figées (une bête à bon Dieu), par archaïsme ou dans un usage très familier.

jean bordes Grand maître Répondu le 5 décembre 2014

Et le nez dans le ruisseau, « c’est la faute de Rousseau ?  »

Parler vert de la rue, Gavroche au secours des insuffisances noires de la langue dite de Voltaire ou de Molière.

Mea culpa , ma faute à moi, que je chéris entre toutes.

Chambaron Grand maître Répondu le 5 décembre 2014

Je suis bien certaine que chacun connaissait déjà toutes ces règles dans leurs moindres détails, ou presque, n’est-ce pas ?…
Pourtant, cela ne semble pas répondre à ma question :
En effet, si l’on peut dire  « À qui (sous entendu revient) la faute ? », pourquoi alors ne pourrait-on pas dire «  La faute (sous entendu revient) À Voltaire » ?

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 5 décembre 2014

Veuillez m’excuser pour l’oubli du trait d’union de « sous-entendu » !

le 5 décembre 2014.

Je crois pourtant que les réponses ont été suffisamment claires. Celle de Vlavv me convient tout à fait. Modestement, je dirais que la mienne semble répondre à la question. On peut dire « à qui la faute ? » mais on ne peut pas dire « c’est la faute à » pour les raisons que nous avons évoquées ; telle était votre question. Pour ce qui est de « à qui la faute ? » c’est une expression figée au fil du temps dans la littérature française et par ailleurs, c’est une question qui n’attend pas de réponse.

le 5 décembre 2014.

Je ne suis pas complètement sûr de vous suivre. Sur l’omission du verbe dans « À qui la faute ? », voici ce que dit Grevisse (§392 – Interrogation et mode du verbe) :

  • Parfois […] le verbe seul manque, et il ne doit pas être cherché dans la phrase précédente. Cela s’observe même dans la langue la plus soignée : À quoi bon le souci d’être ou de n’être plus ? […] — Pourquoi, demandez-vous, l’étrange clause du secret ? — Quoi de plus simple […] ? — […] Mais à qui la faute ?

Vous effectuez un parallèle avec une phrase qui a déjà un verbe : « °C’est la faute à Voltaire. » Il n’est pas possible, ici, d’en sous-entendre un autre ; nous sommes donc dans le cas général, et de est bien la seule préposition correcte. Si le verbe avait été juste avant la préposition, en revanche, on aurait dû écrire : « La faute revient à Voltaire. » 😉

le 6 décembre 2014.

Je voulais juste soulever (avec une pointe d’humour…) une question « d’injustice » : pourquoi admettre la forme ancienne, dite « figée » pour la forme interrogative, alors que la forme affirmative (qui était exactement dans le même cas…) s’est vue privée définitivement de ce privilège, sans la moindre indulgence ? Je me demandais s’il y avait une raison littéraire, historique ou même anecdotique, rien de plus.
Mais si vos réponses vous conviennent, alors c’est l’essentiel !
Je m’en contenterai donc.

le 6 décembre 2014.

Cette fois encore, je suis d’accord avec Vlavv.
Le complément de question de CATHY LEVY me paraît superflu, car les réponses avaient bien été données. Cependant, le commentaire de cette nouvelle formulation me paraît ici bienvenu.

le 6 décembre 2014.

Je vous suis tout à fait Vlavv, vous êtes en effet très clair et très complet dans vos explications et votre documentation, et compréhensible même par une intelligence moyenne comme la mienne, notamment à propos de l’omission du verbe.
Justement, dans votre exemple où, pour les deux formes, c’est le verbe « revenir » qui est omis, à la question « À qui la faute ? » (à qui en revient la faute ?), nous devrions pouvoir répondre « À Saturnin » (la faute en revient à Saturnin). C’est cette « injustice-là » que je pointais de ma plume… C’est donc moi qui ne me suis pas bien fait comprendre, sans doute ?

le 8 décembre 2014.

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