je reçoi(s)
J’ai une autre question pr laquelle je n’ai pas trouvé de réponse. Dans Cyrano de Bergerac d’E. Rostand, acte III, sc.7:
« Cyrano : Ils trouvent tout de suite ? oh ! cela va de soi,
Puisque c’est dans mon cœur, eux, que les reçoi ;
Or, moi, j’ai le cœur grand, vous l’oreille petite. »
Je ne comprends pas l’absence de S à la fin du verbe recevoir. J’ai cherché ds le texte original de plusieurs éditions, y compris la BNF, c’est la même chose. J’ai prospecté pr voir s’il y avait des particularités de conjugaison sur ce verbe, je suis même remontée à l’Ancien Français quoique 1897 me paraisse quand même un peu tardif, je n’ai rien trouvé … Peut-être une rime pour l’œil … mais au théâtre, quelle utilité ?
Maryse Mezzapelle

Bonjour,
Voici des éléments de réponse :
JE VOI, pour je vois, orthographe de l’ancien français. « La lettre s était figurative de la seconde personne des verbes, comme le t l’est de la troisième : je voI tu vois, il voit. Mais cette lettre s servit aussi aux poètes de finale pour éviter l’hiatus avec le mot suivant commençant par une voyelle, et à cette place où elle s’était glissée à la faveur de l’euphonie, l’s finale rendit de si bons services que son usurpation s’est convertie en droit. Ainsi, lorsque Corneille, Molière, Racine et la Fontaine écrivent : je di, je croi, je voi, je recoi, ils usent d’une forme ancienne, et ne se permettent pas de supprimer l’s pour le besoin de la rime, » (Variations du langage français depuis le xn » siècle.)
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Les licences poétiques peuvent consister : 1° dans l’orthographe […].
1° Dans l’orthographe. On peut se permettre, quoique rarement, de retrancher l’s final au présent de certains verbes ; je voi, je croi, je reçoi, je sai, j’averti, je revien.
Cette licence est peu tolérée aujourd’hui.
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