Je les ai fait cuire / Je les ai faites cuites. Tel et tel
Bonjour,
J’ai de nouveau quelques phrases à vous soumettre, présentant chacune un point de français.
1) Dans la première phrase, on n’accorde pas car le PP (fait) et suivi d’un infinitif, dans la seconde on accorde car il est suivi d’un attribut. Est-ce exact ?
– Je les ai fait cuire
– Je les ai faites cuites
2) Dans cette phrase, faut-il accorder au pluriel ou au singulier selon-vous ? J’ai un doute.
– C’est bien le projet d’un immeuble ou la présence d’un immeuble qui n’avait(ent) pas été envisagé(s).
3) Dans cette phrase, faut-il bien accorder au pluriel ? J’ai un doute avec « tel et tel ». Si ça avait été « ou » ça aurait été singulier nul doute.
– Il parlait de tel et tel livre qui avait(ent) un grand succès.
Merci de nouveau
Bonsoir Tony,
1) c’est exact, le participe passé fait suivi de l’infinitif est toujours invariable : elle s’est fait faire une robe, elle s’est fait avoir. Donc Je les ai fait cuire. Par contre, dans je les ai faites cuites (au sens de je les ai servies cuites), le participe passé cuites a valeur d’adjectif donc le participe faites s’accorde avec son COD les.
2) dans cette phrase, le projet et la présence sont exclusifs (s’il y a projet il n’y a pas encore présence et s’il y a présence ce n’est plus un projet), il y a donc disjonction et le verbe doit rester au singulier (…qui n’avait pas été envisagé).
3) ici par contre je mettrais effectivement le pluriel puisqu’il y a clairement addition : tel et tel livre qui avaient un grand succès.
« Dans cette phrase, le projet et la présence sont exclusifs. »
Attention, il me semble que ce n’est pas exactement cela. Je comprends bien que présence et projet s’excluent dans d’autres situations. Mais, ici, c’est l’ensemble des deux situations qui n’a pas été envisagé. On aurait pu tout aussi bien écrire : « Le projet d’un immeuble comme sa présence n’avaient pas été envisagés ». Du coup, cela milite pour le pluriel.
Tout à fait, une autre façon de voir les choses est de se dire que ce n’est pas forcément le même immeuble qui est en projet et qui est présent (il peut y en avoir un en projet et un déjà présent). Le contexte permettrait peut-être de trancher. Je verrais bien une clause de ce genre dans un contrat de vente, par exemple : la présence d’un immeuble ou le projet d’un immeuble sur le terrain rendra le contrat caduc (dans ce cas c’est bien l’un ou l’autre des événements — le premier survenu — qui serait pris en compte). Comme d’habitude, ce genre de question laisse une large part à l’appréciation. Quoi qu’il en soit, il me semble que ces principes d’addition/disjonction ne sont que des préconisations mais que les deux possibilités d’accord restent grammaticalement correctes, me trompé-je ?
Vous avez raison, il faudrait en savoir davantage sur le contexte. Quant à l’accord avec « ou », il me semble que la règle est devenue assez précise. Quand les deux accords sont possibles, le choix du nombre indique une intention d’inclusion ou d’exclusion. Wikipédia donne l’exemple suivant :
« Dans « La peur ou la misère lui a fait commettre cette faute. », le verbe est au singulier, car il n’y a qu’un seul agent qui a provoqué cette faute, soit la peur, soit la misère (disjonction exclusive), alors que dans « La peur ou la misère ont fait commettre bien des fautes. », le verbe est au pluriel, car ici c’est tantôt la peur, tantôt la misère les initiatrices de ces fautes (disjonction inclusive). Le type de l’accord confirme ainsi la nature exclusive ou inclusive de la coordination. »
Merci pour vos réponses Christian et Jbambaggi.
En effet, j’ai sorti cette phrase d’un texte d’un livre de droit. À priori les deux sont envisageables selon sur quoi on souhaite insister. Vous me rassurez.
Il est vrai que c’est toujours assez difficile de trancher avec « ou » ..
Petite précision pour la phrase 3, je pense qu’il faut écrire également « livre » au pluriel :
« Il parlait de tel et tel livres, qui avaient un grand succès ».