J’ajouterai que / J’ajouterais que
Bonjour,
Doit-on écrire ‘j’ajouterai’ ou ‘j’ajouterais’ ? Si une personne parle avant moi et que je veux ajouter un argument :
J’ajouterai(s) qu’il y beaucoup de personnes qui….
Il est souvent difficile de trancher clairement entre l’indicatif et le conditionnel dans ces tournures.
Le conditionnel est plus courant même s’il renvoie à un sous-entendu : « (si on me le demandait,) j’ajouterais qu’il y beaucoup de personnes qui…. » On ne vous demande rien mais vous le dites quand même.
Le futur est un peu incohérent : vous ne pouvez signifier que vous allez dire quelque chose alors que vous êtes déjà en train de le dire. Dans ce cas, autant dire clairement : « J’ajoute qu’il y beaucoup de personnes qui… ». Il y a de la prétérition dans l’air…
On peut aussi passer à la première personne du pluriel pour tenter d' »entendre » la différence (nous ajouterons/nous ajouterions) mais cela est rarement probant.
Le futur a également cette valeur modale d’atténuation, vous pouvez par conséquent utiliser ces deux « temps/modes » : J’ajouterai… ou J’ajouterais …
Extrait de la 14e édition du Bon Usage :
En effet le futur peut aussi prendre une modalité d’atténuation. Mais dans d’autres contextes que celui-ci.
Pour ce qui concerne « notre » cas :
J’ajouterai à votre argumentation ceci/j’ajouterais à votre argumentation ceci
On voit bien qu’ici, le futur est plus direct, et que le conditionnel atténue.
Dans le cas que vous citez, par exemple :
Vous voudrez bien m’excuser, je vous prie, l’atténuation est rendue par l’emploi du semi-auxiliaire « vouloir », puis par l’adverbe « bien » + évidemment la formule de politesse.
à noter qu’on ne eut donner un autre temps à « vouloir » : vous voulez… vous voudriez sont exclus.
à comparer avec : excusez-moi tout cru.
Je souligne que, bien que n’étant pas tout à fait d’accord avec Marcel, je ne me serais pas permis de lui « faire sauter » un point…
Dans l’exemple que vous citez, le futur n’est pas d’atténuation, mais d’injonction (1°).
Le futur d’atténuation concerne la phrase soulignée en orange (2°).
Il est possible que l’atténuation du futur soit (ressentie) moins forte que celle du conditionnel, puisque hors de ces modalités atténuatives, le premier est un temps du réel, alors que le second relève de l’hypothétique.
Je nous relis. Oui , vous avez raison : le futur est bien d’atténuation dans la phrase proposée en question.
En revanche, je ne ressens pas le futur d’injonction comme une atténuation… Je le sens au contraire comme une insistance dans l’injonction. Mais peut-être ai-je tort.. ou peut-être cela dépend-il du contexte.
Je ne suis pas certain que Grevisse classe ce futur injonctif comme un atténuatif (il fait bien la différence entre les deux : 1° / 2°).
Cela dit, le futur me parait tout de même moins fort que l’impératif :
Vous ferez tenir cette lettre à monsieur X. vs Faites tenir cette lettre à monsieur X.
Le bien d’autrui tu ne prendras vs Ne prends-pas le bien d’autrui (Le bien d’autrui ne prends pas).
etc.
Le futur me paraît plus intrusif : on considère que le fait dont on donne l’injonction sera réalisé. L »impératif peut donner lieu à l’oral à des modulations de l’intonation, à l’écrit à des formules d’atténuation, alors que c’est bien moins le cas avec le futur.
Venez me voir demain, cela me ferait plaisir mais : vous viendrez me voir demain, cela me fera plaisir (le conditionnel tombe).
On peut aussi considérer le conditionnel ici comme une modalité de politesse (atténuation).
Je m’aperçois en lisant votre réponse sur le conditionnel dit « de politesse » que j’ai peut-être inconsciemment démonté ce qui fonde cette appellation un peu paradoxale : le fait de sous-entendre que l’on vous demanderait aimablement votre pensée vous autorise à la donner. Voilà qui fait réfléchir sur « qui » est poli…
Je ne vois pas clairement ce que vous voulez dire. La politesse ici se marque par l’atténuation. On évite une déclaration trop brutale, abrupte. C’est une notion très simple.