j’ai été/je suis allée et déplacement au sens figuré
Bonjour,
De ce que j’ai appris
Je suis allée et non pas j’ai été devant un verbe à l’infinif ou lorsqu’il y a une notion de déplacement.
Je suis allée au cinéma
Je suis allée chanter
L’exemple ci-dessous reposera donc très logiquement sur les mêmes bases
(il cumule de surcroît et le verbe à l’infinitif et le déplacement)
« J’ignore pour quelle raison je suis allée y chercher midi à quatorze heures. »
Je ne sais pas pourquoi, à part que c’est probablement à tort, mais la phrase m’aurait semblé plus « légère » (ou plus fluide) écrite comme suit :
« J’ignore pour quelle raison j’ai été y chercher midi à quatorze heures. »
Est-ce le fait que le déplacement ne soit pas au sens propre du terme ?
En rapport avec l’introduction d’une expression toute faite ?
Néanmoins, et j’en ai conscience, le verbe à l’infinitif justifie à lui seul l’emploi de « je suis allée » (ce que me souligne par ailleurs mon correcteur automatique)
Ma question est, pourquoi, selon vous, cela me dérange-t-il dans ce dernier exemple ?
Esprit dérangé ou possible explication ?
Merci par avance
Ma question est, pourquoi, selon vous, cela me dérange-t-il dans ce dernier exemple ?
Esprit dérangé [ rhoooo 😀 ] ou possible explication ?
Peut-être parce que dans ce cas, la notion de déplacement est facultative :
C’est chercher midi à quatorze heures.
C’est aller chercher midi à quatorze heures.
Évidemment, si on choisit la forme sans aller, et si on veut éviter le registre familier, il faudrait dire ainsi :
J’ignore pour quelle raison j’y ai cherché midi à quatorze heures.
[Le y sans être erroné me parait superflu : on ne précise pas (ou rarement) ce qui a déclenché cette réaction : J’ignore pour quelle raison j’ai cherché / je suis allé chercher midi à quatorze heure (pour cette question / à ce sujet / à propos de ce problème, etc.)]
Bonsoir Marcel,
Nonobstant l’esprit dérangé qui n’a nullement été écarté clairement du champ des possibles 😉 , vos explications me conviennent parfaitement.
Il est vrai que le « y » me semblait logique (… que j’ai cherché sur ce sujet-là, dans celui-ci, etc.) mais qu’à postériori, il me semble complètement superflu (sauf si besoin se devait impérativement, pour x raisons, de refaire le lien à ou de rappeler le contexte de référence)
Quant à « pourquoi » j’ai évoqué la formulation » j’ignore pour quelle raison j’ai été/je suis allée chercher midi à quatorze heures » (et le dilemme qu’elle me créait) … alors qu’un simple » j’ignore la raison pour laquelle j’ai cherché midi à quatorze heures » suffisait… Là, je crois bien que la réponse est approchante du « rohhh » 😉 ( …pffff)
😀
Bonjour,
L’Académie dit : le verbe Être est trop souvent employé à la place du verbe Aller, qui doit toujours lui être préféré dans le sens de Se rendre (à), Rendre visite (à), de Convenir, ou de Se porter, Se comporter, Se conduire. »
(l n’y a donc pas toujours la notion de déplacement comme vous le voyez.)
On écrira donc : J’ignore pour quelle raison je suis allée chercher midi à quatorze heures.
(On doit supprimer « y » qui indique un lieu, mais le verbe aller n’indique pas ici de déplacement, donc un lieu à atteindre.)
Bonjour PHL,
Je vous remercie pour votre réponse.
Je suis en partie en accord avec celle-ci mais… »uniquement » en partie.
En effet, selon ce que l’Académie dit, cela pourrait se résumer ainsi (et pas seulement avec des verbes exprimant une notion de déplacement donc)
Néanmoins, je ne pense pas que cela puisse être aussi simplifié que cela. Les éléments complémentaires apportés par Tara ainsi que le cheminement de CParlotte me confortent dans cette idée.
Je rajouterai que je ne peux être qu’en partie en accord avec votre retour, car il n’exprime qu’une seule partie de ce que dit l’Académie française.
A été éludé ce qu’elle indique également, à savoir notamment :
★VI. Être, parfois employé dans le sens d’aller.
☆2. Fam. Aux temps composés, avec un complément de lieu.
Avez-vous été à Paris la semaine dernière ?
Cela a pourtant son intérêt 😉
Bon après-midi PHL
NB. Je vous rejoins également sur l’inutilité du « y » dans la phrase, mais uniquement en partie, car je garde à l’idée que « y » n’a pas la seule vocation d’indiquer un lieu.
Il peut également « représenter un nom de chose ou une proposition complément de verbe ou quelquefois d’adjectif précédé de la préposition à (quelquefois sur, dans, en) » (réf Larousse)
Il n’est pas toujours aisé de déterminer si « y » indique un lieu ou une chose (pour résumer)… surtout quand il n’y a pas déplacement 😉
Ce n’est peut-être pas pour rien que vous aviez écrit « je suis allée » : la forme, plus compliquée, un peu superflue à première vue, mime, en quelque sorte la complication inutile exprimée clairement dans « chercher midi à quatorze heure ». Il se peut que l’ajout de « y » ait la même motivation plus ou moins consciente.
Le choix des mots et leur agencement ne relèvent pas de la syntaxe exclusivement
—–
Pour ce qui est de j’ai été au lieu de je suis allé, je dirai comme CParlotte qu’il est trop facile de rejeter le « j’ai été » d’un revers de main avec une assertion du type : cela ne se dit pas – il faut dire – etc
Je tombe un peu par hasard sur ce bout de phrase dans L’écho du panorama des langues, dans le système d’unité linguistique (A. Latouche) : aller iῳ même racine que le verbe iῳ être ; car on dit « je fus » « j’ai été » pour « j’allai », « je fus allé » –
De quoi me mettre la puce à l’oreille.
Je suis donc allée (j’ai donc été) fureter.
– à noter : notre verbe être est issu de trois racines différentes qui portaient des sens différents . L’étymologie du verbe « être » (Martin Heidegger)
– d’après les lectures (rapides) que j’ai faite concernant le verbe aller, il a, lui aussi, trois racines différentes avec là aussi, des sens différents.
Rencontre sémantique des verbe aller et être ? l’usage le montre de toutes façons.
Je ne condamnerai donc pas aussi vite l’emploi de « j’ai été », pour « je suis allé »…
Bonjour Tara,
Je vous remercie d’avoir été fureter (nouvelle insurgence de votre raison ? 😉 )
Vos recherches sont riches (merci) et me confortent, une fois de plus, dans l’idée qu’il serait bien « pauvre » de considérer que tout est toujours formel et définitif, même dans la langue française.
Et de fait, je ne condamnerai pas non plus l’utilisation de « j’ai été » pour « je suis allé » de manière systématique. Il existe à mes yeux trop de points qui engagent à se garder d’être péremptoire. Je ne suis visiblement pas la seule à le penser, c’est rassurant pour une novice, je l’avoue.
S’efforcer à douter et laisser la porte ouverte aux possibles en étudiant les différents versants qui existent me sont des notions chères et/car habituelles (passé professionnel dans le domaine de la psychiatrie dans lequel on encourage le doute et privilégie l’emploi du conditionnel).
Au début, ce cheminement du doute, qui m’était évident en psychiatrie, ne m’apparaissait pas se devoir d’être en matière de langue française (« L’aura »de notre langue peut-être ? L’ensemble de règles formelles qui l’encadrent ?).
Eh bien, j’ai vite appris qu’il n’en était rien 😉
Néanmoins, malgré le temps infini passé en recherche (parfois même pour un simple mot utilisé depuis toujours, sans le moindre souci), je reconnais que ce « doute » qui advient de temps à autre me rend la langue française plus enrichissante, car moins… « descendante ».
Bonne journée Tara
Avoir été pour aller n’est pas réputé incorrect (sauf peut-être par des puristes très très puristes, bornés ?), il est réputé appartenir au registre familier (personnellement, je dirais courant, mais bon, je ne suis pas une source faisant foi).
La forme s’en être + passé simple appartient à la langue classique.
Extraits de l’Académie (si même l’Académie, l’accepte, hein ?!) :
★VI. Être, parfois employé dans le sens d’aller.
☆1. Class. Au passé simple. À peine arrivé en ville, il fut directement à son hôtel. À peine sortis de table, les convives s’en furent.
☆2. Fam. Aux temps composés, avec un complément de lieu. Avez-vous été à Paris la semaine dernière ?
[Je me cite (allez !) :Évidemment, si on choisit la forme sans aller, et si on veut éviter le registre familier, il faudrait dire ainsi :
J’ignore pour quelle raison j’y ai cherché midi à quatorze heures.]
@Marcel
Je vous remercie pour vos « investigations ».
De fait, si même l’Académie l’accepte…
Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas été jeter mon œil sur ce qu’en disait celle-ci (une fois n’est pas coutume)
Eh bien, je crois qu’il va me falloir rajouter »familière » à d’autres qualificatifs que je m’attribue parfois 😉 parce que, voyez-vous, je viens d’écrire, tout naturellement, » je n’ai pas été jeter mon œil ».
(Ceci étant dit, pour ma défense, entre bornée et familière, à choisir…)
Pour en revenir au sujet, même si je peux en partie comprendre une sorte de besoin d’unification, je pense tout-de-même regrettable que soit considéré incorrect (ou à éviter)ce qui est pourtant admis par ailleurs. C’est encore plus vrai si la référence qui admet est l’Académie française.
Alors certes, dans notre cas, « j’ai été » est reconnu, mais uniquement dans le langage familier.
Une des questions que cela m’amène est : À partir de quand, les instances font-elles progresser un mot, un terme, une expression du langage familier au langage courant ?
J’entrevois une possible réponse : À partir du moment où la « majorité » est devenue familière.
Me voici rassurée 😉
@Marcel
Vous avez eu bien raison de vous citer à nouveau.
Si ce n’est que je vois à nouveau en bonne place le « y » dans votre phrase.
Comme quoi… 😉
Les milliers de « je fus chercher », de « je m’en fus chercher », ou « ils s’en furent chercher », qu’on trouve dans la littérature, montrent que cette construction avec le verbe « être » est bien autre chose qu’une faute de français. Peut-être pourriez-vous chercher des réponses sur un forum de littérature ou simplement d’étudiants en lettres. Le « j’ai été chercher » est-il le « je fus chercher » du pauvre ? C’est à tort qu’on dissèquerait analytiquement cette construction. Il faut une autre approche que celle des examinateurs. Quelques demandes à Google nous orientent très vite vers des pistes de réponses.
——–
[Le lendemain…]
La forme « être + infinitif » est courante au passé simple, et quand on continue à l’utiliser en littérature, elle est loin d’être familière, bien au contraire. C’était manifestement la forme normale il y a quelques siècles :
— Il fut querir son fidèle Bécafigue.
— Il fut prendre les armes…
— Il fut demander l’agrément du vice-roi et il eut ordre de…
Au passé composé, c’est plus récent, et rédigé à une époque où il aurait été possible d’employer le verbe « aller », mais je ne vois pas de nuance particulière dans l’emploi du verbe « être » :
— Que n’ai-je été rejoindre mon plus intime ennemi dans le ciel — William Shakespeare traduit par François-Victor Hugo
— Le médecin, qu’on avait été chercher, était accouru. — Victor Hugo
— … ce jour où Albertine avait été faire des courses … — Marcel Proust
— Raoul avait été faire une visite à Mme de Chevreuse et était parti pour rejoindre l’armée. — Alexandre Dumas
— On avait été chercher un pâtissier à Yvetot, pour les tourtes et les nougats. — Gustave Flaubert
— M. Auger l’académicien avait été chercher sa tabatière — Honoré de Balzac
— … une délégation de la garde nationale avait été demander des instructions au général Trochu — Maxime Du Camp
Bonjour CParlotte
« Les milliers de « je fus chercher », de « je m’en fus chercher », ou « ils s’en furent chercher », qu’on trouve dans la littérature, montrent que cette construction avec le verbe « être » est bien autre chose qu’une faute de français. »
« C’est à tort qu’on dissèquerait analytiquement cette construction. Il faut une autre approche que celle des grammairiens modernes et des examinateurs. »
Je vous rejoins à 100%, et je suis bien heureuse que Tara tende également en votre sens en apportant des éléments de réflexion complémentaires. Comme je l’ai indiqué, je ne condamnerai pas non plus l’utilisation de « j’ai été » pour « je suis allé » de manière systématique. Il existe à mes yeux trop de points (présents comme antérieurs) qui engagent à se garder d’être péremptoire.
Concernant les forums que vous me conseillez, je passe tellement de temps en recherche d’éléments quand je doute (ce qui tend à être de plus en plus fréquent) que je suis preneuse.
Auriez-vous des noms de sites/forum/blogs à m’indiquer ?
Merci d’avance CParlotte
NB J’ai déjà testé des sites,forums, autres, mais… la plupart ne font que répéter à l’envi « les règles » et en général ceux-ci ne perçoivent absolument pas ce que je cherche à comprendre. Ils se demandent même visiblement quel est mon piètre niveau pour poser de telles questions qui vont au-delà des « règles ».
D’autres, censés être spécialisés, font plus de fautes que moi (ce n’est pas très engageant), ou bien me semblent plus ressembler à des repaires d’égos.
@CParlotte
Pourquoi votre commentaire indique-t-il un « -2 » dans la colonne de gauche ? (j’ai personnellement mis que celui-ci m’était utile)
@Cocojade
Sur les forums, c’est vrai qu’on peut croiser parfois des petits caporaux bornés amateurs de rubriques « il faut dire / il ne faut pas dire ». Mais j’y ai rencontré aussi des gens érudits et intéressants. Si sur un forum littéraire vous demandez à une personne qui a lu mille livres pourquoi le passé simple du verbe être porte souvent le sens d’aller, et s’il y a une raison à l’emploi du verbe être dans cette traduction de Shakespeare « que n’ai-je été rejoindre mon plus intime ennemi dans le ciel », il est peu probable qu’on vous réponde « Euh… désolée, mais c’est inapproprié, on dira : je suis allée rejoindre, et je suis allée chez le coiffeur », avec un smiley derrière.
@CParlotte,
Je viens de lire vos exemples du lendemain (smiley derrière).
Je m’intéresse à la philosophie, parce que j’aime « comprendre ». Elle permet d’explorer et d’échanger des points de vue, sans barrières. J’entends par là, que même si quelques références ne gâtent rien, il n’est pas besoin d’être érudit pour ressentir ou percevoir. Il en va donc de même pour s’autoriser à s’exprimer, à développer, à étayer ou encore à échanger en comparant/étudiant d’autres ressentis. J’aime à penser que c’est même l’un des attraits de la philosophie. Après tout, s’il nous a été donné le pouvoir de ressentir, s’essayer à en créer des déroulés à vocation explicative ou à y mettre des mots, semble logique.
Je m’intéresse, j’aime la langue française et je la ressens à ma mesure. D’où mes questionnements et doutes qui vont souvent au-delà du simple usage correct de cette langue (ceci, rajouté aux bases mêmes de l’apprentissage de la langue, est d’un fatiguant pour moi, vous n’imaginez même pas). En ce sens oui, la voie littéraire pourrait m’être extrêmement enrichissante en m’ouvrant à d’autres sensibilités, hors des sentiers battus admis.
Je vois donc un lien entre philosophie et voie littéraire.
Je ne me frotterai cependant pas à cette dernière. Elle requiert des milliers d’heures de lecture et de connaissances pures (qui s’apprennent) que je n’ai pas. Je crois qu’il est certain que sur un forum littéraire, c’est moi qui dénoterais clairement. Je ne souhaite pas ici donner dans le misérabilisme, mais je pense que nous avons tous nos qualités et nos limites. On ne peut pas tout savoir, il faut aussi l’admettre. (On peut s’améliorer certes, mais il y a aussi une notion de « temps ».)
D’ailleurs, à ce propos, en essayant de m’améliorer en français, au début j’avais la réelle impression de progresser et d’en savoir plus. Aujourd’hui, plus le temps passe, avec son lot de doutes nouveaux (dans le sens qu’ils sont souvent très « différents » de ceux que j’avais au début), plus j’ai l’impression d’en savoir encore moins qu’avant.
Subjectif d’après vous ? (smiley 😉 )
@CParlotte
Pour la petite histoire, votre commentaire n’a plus le « -2 »
C’est désormais ma question qui a un « -1 »
Drôle de monde