Ils se sont suivi(s) de près : comment accorder ?
Bonjour,sur le blog de Mamiehiou (dans la rubrique, l’accord des verbes pronominaux), elle écrit ceci:
Verbes qui n’entrent dans aucune catégorie
SE SUCCÉDER, SE SUIVRE
Ils se sont succédé de père en fils.
Pas d’accord (se est COI) et ce n’est pas un verbe pronominal réciproque
Ils se sont suivi de près.
Même chose.
J’ai du mal à concevoir le non accord de suivi dans la seconde phrase
Ce paragraphe dans le BU ne concerne que la nature des verbes pronominaux réciproques., pas du tout les règles d’accord du participe passé !
C’est une généralisation abusive que de considérer que se suivre s’accorde comme se succède.
Ce paragraphe dans le Bon usage n’est qu’une explication d’un cas particulier de verbe pronominal réciproque, pas du tout des règles d’accord.
Il ne dit en aucun cas que se suivre suit les mêmes règles d’accord que se succéder.
Vous avez raison : succéder est un verbe transitif indirect (on succède à QQ) mais on suit QQ donc le pronom « se » s’analyse comme un cod.
Il est placé avant, donc ils se sont suivis.
…ils se sont trompés…Quelle est la référence de ce BLOG ?
Bonjour Joelle,
Voici l’adresse du blog en question:
http://mamiehiou.over-blog.com
Dans un premier temps, j’ai donné un avis identique à celui de joelle, mais j’ai été désemparé par la réponse de mamiehiou. J’ai consulté le paragraphe du Bon usage de Grevisse dont mamiehiou s’est inspirée. J’ai d’abord été étonné, puis j’ai essayé de comprendre et de trouver une explication rationnelle, sans dire pour autant que la règle énoncée était « intangible » (elle ne l’est pas) et la seule applicable, ni qu’elle était contestable (je ne me le permettrais pas).
Or, force est de constater, après la dernière remarque de joelle, que toutes les conjugaisons accordent le participe passé de se suivre, en particulier à la troisième personne du pluriel du passé composé : ils se sont suivis.
Il est regrettable que le Bon usage ne donne pas une explication plus claire et surtout, qu’il ne fournisse aucun exemple.
Si j’interprète correctement ce qu’énonce Grevisse, l’exemple « les évènements se sont succédé » est équivalent à « les événements se sont enchaîné » ou encore à « les événements se sont suivi » (le premier ne suit pas le second, ce dernier suit le troisième et ainsi de suite, mais le dernier n’en suit aucun, il n’y a donc pas réciprocité).
On pourrait aussi avancer que se dans se suivre n’est pas un pronom réfléchi (on ne suit pas soi-même), il n’y a donc pas réflexivité.
Grevisse propose ainsi une règle non pas « intangible », mais qui a sa propre logique, assez ténue, déroutante aussi.
Pourtant, les expressions ressemblant à « les voitures se suivaient au pas sur l’autoroute » sont très répandues et l’accord apparaît tout naturel « les voitures se sont suivies au pas sur l’autoroute » (les voitures se suivaient l’une l’autre sans distinguer première, dernière, devant, derrière). D’après Grevisse et mamiehiou on aurait plutôt « les voitures se sont suivi au pas sur l’autoroute », mais alors que penser des tableaux de conjugaison ? C’est à y perdre son latin.
Bonjour à tous,
Je sais que le sujet est un peu vieux et le débat clos, mais j’aimerais toutefois y revenir, non pour contester la conclusion à laquelle vous êtes parvenus, mais pour « réhabiliter » Grevisse et Goose, dont les propos ont été mal interprétés.
Nanou0 l’avait déjà fait remarquer, mais son commentaire étant semble-t-il passé inaperçu, je me permets d’apporter de l’eau à son moulin.
Le chapitre du Bon Usage dont il est question classe les verbes pronominaux selon leur sens : réfléchis, réciproques, subjectifs et passifs.
L’appartenance à une même catégorie n’implique pas une règle d’accord unique. Les auteurs l’énoncent d’ailleurs en toutes lettres pour la première catégorie, à savoir les verbes pronominaux réfléchis : « Les verbes pronominaux sont dits réfléchis quand l’être (ou chacun des êtres, au pluriel) dont il s’agit exerce une action sur lui-même. Tantôt le pronom réfléchi est objet direct : […] Ils se sont adjoints à nous. Tantôt le pronom réfléchi est objet indirect : […] Je me suis adjoint un aide. »
Dans un souci de concision, ils ne jugent pas utile de rabâcher cette règle pour chaque nouvelle catégorie. Aussi n’en trouve-t-on pas mention dans la section traitant des verbes pronominaux réciproques. Mais il en va bien entendu de même : ils se sont parlé et ils se sont écoutés sont tous deux des verbes pronominaux réciproques, mais leurs pronoms sont respectivement COI et COD.
C’est dans ce contexte qu’intervient le paragraphe sur les verbes se succéder et se suivre. Les auteurs leur consacrent quelques mots pour démontrer qu’ils constituent un cas particulier quant à leur sens, puisqu’ils ne marquent pleinement ni la réflexivité ni la réciprocité, comme cela a déjà été abondamment expliqué au cours de cette discussion.
Mais à aucun moment ils n’affirment que l’accord se fait de la même manière pour les deux verbes. Ce chapitre classifie les verbes pronominaux selon leur sens, non selon la règle qui régit leur accord.
Dans son opuscule Savoir accorder le participe passé, Maurice Grevisse dresse une liste exhaustive des verbes pronominaux dont le participe passé est invariable. Si se succéder y figure, se suivre brille quant à lui par son absence.
P. 34 à 36, il n’a pas dit cela. (Ed. de 1983.)
Le pronom se est inanalysable ==> accord avec le sujet. Ils se sont suivis.
Se n’est pas COI mais COD, il faut donc accorder : Ils se sont suivis de près.
merci de me rassurer. la référence du blog c’est celle donnée par CZardas: http://mamiehiou.over-blog.com
(règles de l’accord du participe passé-l’accord du participe passé des verbes pronominaux).
vous qui œuvrez chaque jour pour l’intérêt de l’orthographe, que pensez-vous de telles incorrections venant de sites censés nous instruire?
Cela arrive, j’ai même relevé quelques petites erreurs dans l’excellent ouvrage Le grand livre de l’Orthographe. Certificat Voltaire (dans les corrigés). L’erreur est humaine, il ne faut pas condamner hâtivement.
Cela dit, dans Le petit Grevisse, je n’en ai relevé aucune et je ne pense pas qu’il y en ait.
Bonjour,
J’ai cherché en vain sur le site de mamiehiou la phrase : ils se sont suivis de près.
Pouvez-vous m’indiquer exactement l’endroit où elle se trouve ?
Merci.
Je connais ce site depuis deux ans déjà et je n’ai encore jamais trouvé de pareille erreur.
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Règles de l’accord des participes passés.
§ 13.
Bonjour jean,
J’ai enfin trouvé la phrase fautive, Merci.
J’ai écrit à mamiehiou pour lui signaler cette erreur. Je vous ferai connaître sa réponse.
J’ai fait la remarque de cette « erreur » (qui finalement n’en est pas une) au site mamiehiou qui m’a renvoyé à mes chères études en faisant référence à Grevisse qui écrit dans Le Bon usage :
« Une catégorie particulière est constituée par les verbes se succéder et se suivre, ainsi que s’enchaîner pris comme synonyme des précédents. Ils indiquent que le sujet constitue une série et que chacun des éléments de celle-ci est à la fois agent (sauf le premier) et patient (sauf le dernier), mais il n’y a ni réflexivité ni réciprocité (sinon une sorte de réflexivité globale). » (Le Bon usage. § 778).
C’est assez subtil tout de même et non moins évident. J’analyserais alors ainsi le non-accord de suivi :
Le participe passé s’accorde avec le sujet lorsque ce dernier fait l’action sur lui même : Elles se sont lavées (elles ont lavé elles-mêmes).
Le participe passé s’accorde avec le pronom réfléchi lorsque ce dernier est complément d’objet direct : Elles se sont regardées dans les yeux (chacune a regardé l’autre).
Dans notre exemple, on ne peut pas affirmer qu’ils suivent eux–mêmes ni que chacun suit l’autre (c’est un seul qui suit l’autre), il n’y a donc pas réellement réciprocité et on ne devrait donc pas accorder. L’écriture « Ils se sont suivi de près » ne serait alors pas fautive.
Bonjour,
Voici ce que l’on peut lire dans le bon usage de Grevisse – douzième édition § 748 remarque 2.
Une catégorie particulière est constituée par les verbes se succéder et se suivre: ils indiquent que les sujets constituent une série et que chacun des éléments de celle-ci est à la fois agent (sauf le premier) et patient (sauf le dernier), mais il n’y a ni réflexivité ni réciprocité(sinon une sorte de réflexivité globale)
Qu’en pense Woonoz ?