Il les a toutes mises au fond
Bonjour,
Pouvez-vous me dire s’il faut bien accorder « tout » dans la phrase suivante ?
– Il les a toutes mises au fond (« les » représente des frappes)
De plus, quelle est la phrase correcte entre les deux suivantes ?
– C’est elle la chef
– C’est elle le chef
Merci pour vos réponses
Bonjour Tony, ils les a toutes mises au fond. Ici il n’y a pas d’ambiguïté, il s’agit bien du pronom tou(te)s qui s’accorde en genre et en nombre. Si la phrase avait été Il les a mises tout(es) au fond, cela aurait été différent car il aurait pu aussi s’agir de l’adverbe tout (tout au fond).
D’autre part, chef est accepté comme nom féminin donc la chef est correct, cependant c’est elle le chef peut se dire aussi (notamment dans le cas où l’on veut plus insister sur la fonction que sur la personne).
Merci beaucoup pour ces précisions Christian.
De ce fait, pour le cas 1. J’aurais pu imaginer aussi les tours suivants si j’ai bien compris :
– Il les a mises tout au fond (adverbe signifiant « complément »)
– Il les a mises toutes au fond (adjectif, signifiant chacune d’elle)
Au masculin, on aurait pu imaginer le même tour ?
Tout à fait, Tony, mais votre première formulation est préférable justement parce qu’elle ne laisse pas d’ambiguïté (il est a toutes mises au fond). Si vous dites (oralement) il les a mises tout au fond, il peut y avoir un doute (tout au fond ou toutes au fond ?). Ce doute pourrait être levé en faisant la liaison (il les a mises toutes-z-au fond) mais malheureusement la pratique de la liaison est un art qui se perd, par les temps qui courent… 🙁
Au masculin ces différentes formulations existent aussi mais le problème ne se pose pas puisqu’on entend bien la distinction entre tous et tout.
Par ailleurs, on dit plutôt la tournure que le tour (ou on parlera ici de la formulation)
C’est parfait Christian. Tout est clair
Merci encore une fois 🙂
Il convient de distinguer tout adjectif et tout adverbe.
• Quand tout est adjectif, il s’accorde avec le nom qu’il précède :
Au singulier, il signifie entier ou n’importe quel :
Elle a visité toute l’Espagne (l’Espagne entière).
Au pluriel, il équivaut à la totalité de, à l’ensemble de :
Il aimerait rassembler tous ses amis (l’ensemble de ses amis).
Elle a prévenu toutes ses collaboratrices (l’ensemble de ses collaboratrices).
• Quand tout est adverbe, il a le sens de « complètement, entièrement, tout à fait », il est invariable.
Ce garçonnet est tout sale.
Ces enfants sont tout tristes.
Cette fillette est tout heureuse.
Tout varie cependant en genre et en nombre lorsqu’il est placé devant un adjectif féminin commençant par une consonne ou par un h aspiré :
Elle est toute rouge de honte.
Elle est rentrée de vacances toute hâlée.
• « Il les a toutes mises au fond »
Il s’agit de l’adjectif variable :
Il les a tous mis au fond.
D’où :
« Il les a toutes mises au fond ».
2. Il faut dire « le chef », mais aujourd’hui, on féminise tout au depens de la grammaire et on emploie beaucoup (à tort) « la (féminin) chef (masculin) ».
Merci pour votre analyse Jean Bordes. Je comprends mieux à présent
Bonjour Jean Bordes, je n’ai pas la version papier sous la main, mais mon Petit Robert électronique m’indique bien chef comme nom masculin et nom féminin. Quand il est utilisé au féminin, il est donc légitime de le faire précéder de l’article féminin (comme le concierge / la concierge). L’emploi au féminin est aussi admis (bien que tempéré par familièrement) par le Larousse, tout au moins dans sa version en ligne.
Le Robert et le Larousse sont trop permissifs, ils lexicalisent des mots encore trop récents, quant à la féminisation, ils suivent l’usage trop « moderne ». Je ne m’y fie pas.
Le mot « chef » ne figure pas dans le Dictionnaire de l’Académie, dommage ; en revanche, il figure dans le Trésor de la langue française, et comme étant un substantif masculin.
Cependant, on pourrait suivre une préconisation du Bon usage :
« La solution la plus simple parce qu’elle contourne les difficultés quelles qu’elles soient est de ne pas modifier le masculin. rebelle aux changements et de confier aux déterminants, aux épithètes, etc. la charge de marquer le genre.
C’est le procédé le plus naturel parce qu’il fonctionne déjà non seulement pour un grand nombre de masculins terminés par –e dans l’écriture, mais aussi pour d’autres masculins :
« Ceux [les airs] que Rossini fabrique sont pour la Coldbrand […] ; c’est pour cela qu’aucune (imprimé en italique) amateur de Paris ne les chantera jamais » (Stendhal).
« Ma tentative était aussi désespérée que celle d’une puissante chef d’entreprise » (R. Billetdoux).
« En face de moi, une sous-chef de bureau » (H. Troyat). »
Si Grevisse le dit, je vous l’accorde, mais je maintiens : « chef » est masculin… 😉