« Il eût été tombé »
Bonjour,
Cette phrase est-elle correcte ? « L’adolescent se précipita vers le gouffre, aveuglé par la joie ; si les mineurs ne l’avaient pas retenu, il eût été tombé dans le précipice, tué par son élan. »
Initialement, j’avais écrit « il serait tombé dans le précipice », mais comme le reste de mon texte utilise autant que possible le subjonctif imparfait/plus que parfait, je ne sais pas si « serait » est cohérent avec le reste…
Je me suis dit qu’il me suffisait de mettre le conditionnel présent au passé (forme 2), voilà pourquoi je voulais transformer « serait » en « eût été ». Mais « eût été tombé » me semble très bizarre.
Merci à tous !
Bonjour Caufield,
Si + imparfait ->conditionnel présent => Si tu voulais, tu pourrais.
Si les mineurs ne l’avaient pas retenu, il serait tombé.
– vous avez utilisé 3 formes verbales : eût – été – tombé
– « eût été » : est le verbe avoir au subjonctif passé
– Le verbe tomber se conjugue avec l’auxiliaire être.
Si vous voulez utiliser le conditionnel passé 2ème forme, voici :
Si les mineurs ne l’avaient pas retenu, il fût tombé.
En effet, tomber ne peut se conjuguer qu’avec être…
À force de vouloir faire compliqué, j’en oublie les règles de bases. J’ai honte.
Merci en tous cas pour vos réponses si rapides ! C’était très clair !
Pas de quoi en avoir honte, Caulfield. Il arrive qu’on finisse par s’embrouiller. 🙂
« En effet, tomber ne peut se conjuguer qu’avec être… »
Tomber un adversaire se conjugue avec avoir et n’est pas pas su tout familier ; c’est du langage sportif non populaire et non familier. Voyons ce qu’en dit le fameux Dictionnaire Bordas des pièges et difficultés de la langue française, de Jean Girodet (p. 763) :
« Tomber Emplois transitifs, auxiliaires, expressions.
1. On admet l’emploi transitif dans la langue du sport : Le lutteur a tombé son adversaire. […]
2. Sauf des les emplois transitifs exposés ci-dessus [il s’agit donc notamment de l’emploi dans la langue du sport], l’auxiliaire est être. »
Le Dictionnaire Robert des difficultés du français, de Jean-Paul Colin (p. 749) abonde en ce sens :
« ce verbe [tomber] ne s’emploie plus aujourd’hui avec l’auxiliaire avoir, sauf dans la langue du sport, en emploi transitif, au sens de « triompher de » : Le catcheur a tombé son adversaire. »
Le Dictionnaire Larousse des difficultés du français d’aujourd’hui va tout à fait dans le même sens (p. 567).
Etc.
Hier, j’ai encore appelé l’attention sur la nécessité, souvent, de ne pas être trop catégorique… 🙂
Second volet de ma réponse.
1° Bien sûr, on peut dire : Si les mineurs ne l’avaient pas retenu, il fût tombé. Mais c’est moins naturel et plus recherché que Si les mineurs ne l’avaient pas retenu, il serait tombé (que j’ai proposé).
2° Tara, vous avez écrit : « eût été tombé » n’existe pas.
Cette forme verbale existe bel et bien. (Si ne m’en croyez, voyez les tableaux de conjugaison du Monde, par ex.)
Ex. : Si ce catcheur n’avait pas été si fort, il eût été tombé (par son adversaire). Bien entendu, il s’agit d’un emploi assez rare et spécialisé (verbe « tomber » en emploi transitif – cf. mon message précédent – et à la forme passive). Mais c’est correct.
Cela dit, on emploierait plutôt il aurait été tombé, plus naturel.
Bon appétit. 🙂
Je ne connaissais pas cet emploi du verbe « tomber » qui d’ailleurs me rappelle l’expression : tomber la veste où le verbe étant transitif peut avoir l’occasion de prendre cette forme d’autant plus rare, artificielle que l’expression est familière.
Mais c’est possible, oui, bon.
« Il aurait été tombé » signifie « il aurait été battu / surpassé / défait » par un adversaire, ainsi que le démontre Prince.
Dans votre phrase, la tournure ne convient pas.
En outre, la première partie est un peu bancale, et la répétition « précipita / précipice » est dérangeante.
De plus, ce n’est pas son élan qui l’aurait tué, mais les conséquences de sa chute.
Voici ma suggestion
Ivre de joie, l’adolescent se mit à courir, sans se rendre qu’il se précipitait vers le gouffre. Si les mineurs ne l’avaient pas retenu, il y serait tombé tête la première, emporté par son élan.
Edwin,
Vous écrivez :
Grevisse écrit cette phrase comme exemple dans son livre: 《je fusse tombé, si tu ne m’eût pas tenu.》
Alors, j’écris votre phrase comme ci-dessous.
《si les mineurs ne l’eussent pas retenu, il fusse tombé.》
Êtes-vous sûr de ce que vous avancez là ? 🙂
Je pense que vous avez mal copié l’exemple de Grevisse, car la forme « tu m’eût » est incorrecte.
De plus, votre « il fusse » est une tournure incorrecte également.
Enfin, votre réponse est erronée.
Bonjour Madame
Merci…
« Mal copié » <<< vous avez raison Madame. Je l’ai tiré de mon souvenir.
Et je ne m’y connais encore pas en la conjugaison de subjonctif x_x
Mais je crois que la théorie que j’ai citée était bonne.
Edwin
Bonjour,
Selon Grevisse…
Quand on utilise le pqp du subj à la phrase subordonnée, on doit aussi employer le pqp du subj à la phrase principale (la phrase avec « si »).
Grevisse écrit cette phrase comme exemple dans son livre: 《je fusse tombé, si tu ne m’eusses pas tenu.》
Alors, j’écris votre phrase comme ci-dessous.
《si les mineurs ne l’eussent pas retenu, il fût tombé.》
Cette phrase équivaut à 《si les mineurs ne l’avaient pas retenu, il serait tombé.》
Cette phrase, elle s’agit de fait passé non réalisé.
C’est à dire qu’il tombe actuellement, parce que les mineurs ne l’ont pas retenu. <<< est-ce que vous voulez envoyer ce sens?
Edwin
Relisez-vous… fautes d’orthographe, erreurs en rafale…
Bonjour Madame
Merci pour votre intervention.
J’ai rajouté le capture d’écran du Grevisse.
Et de s’être corrigé.
Edwin