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peut-on utiliser un déictique « ici « là » aujourd’hui » dans un récit ? tout comme on transforme « demain » par « le lendemain » ?
Merci.
Bonjour Achille.
Les déictiques, par définition, ne peuvent s’employer que si les circonstances spatiales ou temporelles du récit sont connues.
Voici des exemples tirés du CNRTL dans lesquels ils sont utilisés :
« Comme je n’aurai pas de temps non plus dimanche prochain, je profite, aujourd’hui, pour t’écrire, de la vague paresse triste d’une après-midi de jeudi… J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1905, p. 185. »
« Mouillard (…) nous montre le tombeau de Montaigne en chevalier : son cœur seulement est ici, aux Feuillants (Michelet, Journal,1835, p. 184) »
« Williams étendit la main vers une table. − Asseyez-vous là, dit-il, et écrivez (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 204) »
Merci tout d’abord pour cette question de linguistique, peut-être la première sur ce sujet précis depuis la création du site !
Elle me permet d’apprendre le mot (ou plutôt le couple déictique-anaphorique) et de mettre enfin un nom sur cette question que je dois souvent traiter en correction lors des passages fréquents du style direct au style indirect dans un texte.
Pour répondre à la question précise : il me semble que par construction, on ne peut employer dans une narration faite par un tiers que des éléments anaphoriques, c’est-à-dire se rapportant à des éléments externes et non au sujet même de l’action (dits éléments déictiques) que l’on trouve dans le discours direct. À défaut d’en avoir trouvé un pédagogique, je propose l’exemple suivant pour mettre en relief le changement dans les quatre catégories concernées : les pronoms personnels et démonstratifs ainsi que les adverbes de lieu et de temps :
* Jacques dit : « Je reste ici jusqu’à demain pour récupérer ce document. »
En indirect, cela devient :
* Jacques dit qu’il restera là jusqu’au lendemain pour récupérer le document.
Les mots déictiques sont remplacés par des anaphoriques qui renvoient à une connaissance antérieure du lecteur : Il renvoie à Jacques, là à un emplacement identifié, lendemain au jour de l’action et le à un document déjà mentionné.
On découvre aussi que ce changement peut nécessiter une adaptation des temps des verbes (reste > restera).
Donc, a priori, les éléments déictiques ne font pas partie de la narration par un tiers. Si vous avez un doute précis, vous pouvez le soumettre…