Hypothèse « Si » imparfait + imparfait, possible ?
Bonjour,
Je m’interroge sur cette phrase :
« Si tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là. »
(= En cas de soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là.)
Est-ce une hypothèse correcte ? Si oui, comment expliquer l’imparfait dans la principale ?
Je crois me souvenir qu’avec une condition avec imparfait, il faut utiliser le conditionnel présent ou passé comme cela :
« Si tu avais soif, tu n’aurais pu boire que cette bouteille-là. »
Pourquoi cette phrase me semble bizarre ? Est-elle au moins correcte ? Ou au contraire l’est-elle plus que la première ?
Je suis un peu perdu. Merci d’avance pour votre éclairage.
Votre première phrase est une simple et parfaite transposition au passé d’une phrase sans notion d’irréel, de type « si + présent, alors + présent ».
— Si tu as soif, tu peux boire.
— Si tu avais soif, tu pouvais boire.
Votre seconde phrase n’est pas correcte, c’est une mauvaise transposition au passé d’une construction hypothétique irréelle. La bonne transposition doit porter sur les deux propositions :
— Si tu avais soif, tu pourrais boire.
— Si tu avais eu soif, tu aurais pu boire.
Merci pour votre réponse.
Pour résumer et aussi pour être sûr, la phrase « Si tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là. » est correcte car ce n’est pas une hypothèse, mais une condition qui porte sur quelque chose qui s’est produit, alors que l’hypothèse avec « si + imparfait et conditionnel présent ou passé », elle, implique une conséquence virtuelle à partir d’un fait qui n’est pas réalisé. J’ai bien compris ?
L’idée est bien celle-là, mais il y a manifestement des hypothèses à la fois dans « si j’étais riche je voyagerais » et dans « si un jour je suis riche je voyagerai ». Plutôt que de dire qu’il n’y a pas d’hypothèse, dites que l’hypothèse est présentée comme une possibilité.
On peut utilise le mot « hypothèse », mais dissocier « hypothèse théorique mais irréelle » (non réalisée au passé ou peu envisageable au présent) et « hypothèse envisagée comme réalisable » (ce que dans votre question vous appelez « en cas de »).
a) Hypothèse clairement irréelle
Dans les phrases où on dit dans la subordonnée une chose qu’on sait fausse, on utilise le système strict « indicatif imparfait dans la subordonnée et conditionnel présent dans la principale », ou sa déclinaison au passé « indicatif plus-que-parfait dans la subordonnée et conditionnel passé dans la principale ».
— Si j’étais riche, je voyagerais (mais je ne suis pas riche)
— Si j’avais été riche, j’aurais voyagé (mais je n’étais pas riche)
b) Autres cas : hypothèse envisagée, condition réaliste, cas qui se présente, répétition, départ d’un raisonnement, formalisme logique…
On met tout à l’indicatif, aux temps qu’on veut, selon ce qu’on a à dire…
— Si je deviens riche, je voyagerai ; s’il pleut je m’abrite ; si je mange je n’ai plus faim ; si je n’ai pas faim c’est que j’ai mangé ; si la porte était ouverte ou que la lumière était allumée, on savait que la voie était libre ; si la voie était libre, le patron allumait les lumières ; si a est plus grand que b, alors b est plus petit que a, et inversement, sans que ni a ni b ne soit la condition ou la conséquence de l’autre ; si c’est trop tard c’est trop tard ; s’il était mort, comme on le disait, c’était évidemment trop tard…
À l’intérieur de ce cas (b), des verbes conjugués au conditionnel sont cependant possibles, mais d’un autre type. Par exemple le conditionnel de politesse reste possible (si tu viens demain, pourrais-tu…). Et le conditionnel présent exprimant un futur dans le passé reste également possible (si la voie est libre ce soir, la lumière sera allumée ; si la voie était libre ce soir-là, la lumière serait allumée).
Quand une phrase vous semble bonne, elle est généralement bonne. Quand elle vous semble bizarre, c’est généralement à raison, et il y a une erreur d’expression. Il est évident que vous parlez français aussi bien, aussi couramment, que nous tous. Fiez-vous à votre connaissance globale de la langue.
C’est bien de confronter de temps en temps votre pratique avec les règles enseignées, mais quand votre phrase vous semble en contradiction avec les règles, ne croyez pas que vous ayez tort, c’est juste que vous êtes tombé sur une règle qui n’existe pas, sur une mauvaise explication de la règle, ou sur une règle simplifiée et mal enseignée. Trop de gens inventent ou modifient des règles au gré de leur inspiration, en particulier sur ce site.
La tournure est tout à fait correcte. C’est peut-être le « si » qui vous fait douter.
Voici comment je comprends la phrase :
Si l’action se situe dans le passé
(À cette époque / lors de cette randonnée / pendant la canicule, …) quand tu avais soif, tu ne pouvais boire / tu n’avais pas le droit de boire plus qu’une petite bouteille comme ça.
Ou bien
si tu avais eu soif, tu n’aurais pu boire que ça
Si l’action se situe dans le futur
(Quand vous serez là-bas),
si tu as soif, tu ne pourras boire que ça
(au cas où) si tu avais soif, tu ne pourrais boire que ça
Si n’indique pas toujours la condition. Ni même l’hypothèse. Il peut indiquer la cause, l’éventualité … (voir le TLF par exemple)
Et notamment, et c’est le cas pour votre phrase : « si » a un emploi. argumentatif : dans tous les cas où p est vérifié, q l’est également] (TLF)
Et dans ce cas la concordance des temps ne s’applique pas. Le sens en serait altéré
Votre phrase de départ est donc parfaitement correcte
—–
Voir ci-dessous d’autres emplois de « si »
Si tu avais soif, tu ne pourrais boire que cela parce qu’il n’y a rien d’autre —> hypothèse oui ou non vérifiée dans le présent
Si tu as soif, tu ne pourras boire que cela —> éventualité dans le présent
Si tu avais eu soif tu n’aurais pu boire que cela–-> hypothèse non vérifiée dans le passé
Tu ne pouvais boire cela si et seulement si tu avais soif –-> condition dans le passé
Bonsoir,
Je vous invite à consulter la définition de si proposée par le cnrtl et vous verrez que dans un système hypothétique le rapport des temps entre celui de la protase (condition) et celui de l’apodose (conséquence) est bien plus varié et complexe qu’une simple combinaison imparfait/conditionnel.
Dans votre exemple, on peut considérer la situation B.3.b, soit qu’on ignore actuellement si l’hypothèse a été vérifiée, soit qu’il s’agissait d’un élément d’une alternative, soit que la conséquence a été réellement accomplie, soit un peu des trois.
- − [Empl. argumentatifs: dans tous les cas où p est vérifié, q l’est également]
- − [Si pose une rel. de type causal ou déductif]
- [Si p, q signifie qu’il y a une rel. de cause à effet entre deux faits réels, objectifs] Étant donné que, puisque.
Puisque tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là (et pas une autre).
Cette phrase me semble incomplète ou mal formulée.
La cause (car, parce que, puisque) répond à la question « pourquoi ».
Pourquoi ne pouvais-je boire que cette bouteille-là (et pas une autre) ?
= Pourquoi avais-je la permission de ne boire que cette bouteille-là (et pas une autre) ?
= Pourquoi avais-je la capacité de ne boire que cette bouteille-là (et par une autre) ?
La phrase comporte une négation restrictive.
La question porte aussi sur la cause de cette restriction. Si on me répond :
Parce que/puisque tu avais soif…
Je ne sais pas quelle est la raison qui m’empêche de boire le reste.
La subordonnée ne justifie qu’une partie de la principale.
Merci à tous pour vos réponses.
Pour résumer et aussi pour être sûr, la phrase « Si tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là. » est correcte car ce n’est pas une hypothèse, mais une condition qui porte sur quelque chose qui s’est produit, alors que l’hypothèse avec « si + imparfait et conditionnel prst ou passé », elle, implique une conséquence virtuelle à partir d’un fait qui n’est pas réalisé. J’ai bien compris ?
Autre analyse possible : « si » indique une concession mais surtout une opposition. L’emploi d’un temps de l’indicatif identique dans la principale et dans la subordonnée est permis. (Cela ne serait pas possible si on emploie « bien que » que cet emploi de « si » concurrence).
(A la fin du combat, ce matin-là), si tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là.
= Tu avais beau avoir soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là.
= Tu avais soif, pourtant tu ne pouvais boire que cette bouteille-là.
Si tu avais soif, tu ne pourrais boire que cette bouteille-là. imparfait + conditionnel présent
tu avais eu soif, tu n’aurais pu boire que cette bouteille-là.
Plus-que-parfait + conditionnel passé
Je ne peux que vous rappeler les règles de base, mais à vous de préciser le contexte et ce que vous voulez dire, pour que l’on ajuste les réponses.
Si votre phrase exprime une condition, elle est incorrecte. Dans ce cas, Joëlle vous a rappelé les règles de concordance.
Si votre phrase exprime une répétition, l’emploi de « si » est correct. Il peut être remplacé par « quand ».
Par contre, peut-on boire plusieurs fois cette bouteille-là ?
Chaque fois que tu avais soif, tu ne pouvais boire que cette bouteille-là.
Une fois la bouteille bue, l’action ne pourra plus se répéter.
Ici, j’écrirai « dans cette bouteille-là » ou « une bouteille comme celle-là ».
Bruno974
La règle que vous évoquez n’existe que dans l’autre sens : si la principale est au conditionnel présent, la subordonnée de condition introduite par si est à l’imparfait.