Hypercorrection » par contre «
L’hypercorrection est -elle un piège ?
Parfois même entre » grands maîtres » les violons
ne sont pas accordés de la même manière.
Wikipédia nous parle de l’hypercorrection.
» Du trop vouloir bien faire » qui sème parfois
la discorde chez les accros de la grammaire.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypercorrection
Bonsoir Estudiantin,
Votre question est fort intéressante. Je pense qu’en effet l’hypercorrection est un piège. Pourquoi en est-elle un ?
Parce que la langue n’est pas figée, il y a des principes mais il y a aussi des régionalismes. Selon l’endroit d’où vous venez, il y aura des utilisations différentes de la langue, en l’occurrence des formules différentes, des verbes utilisés différemment.
Vous illustrez très bien la situation, vous relevez vous-même qu’il y a des discordances chez les grands maîtres. Mais c’est tout à fait normal. Il y en a aussi chez les grammairiens.
Vous prenez l’excellent exemple de “par contre”. Voltaire considérait cette tournure comme fautive sans donner de motifs sérieux. Cette locution est clairement passée dans l’usage comme le fait remarquer Grevisse et en accepte son emploi. On la rencontre partout à l’écrit et notamment dans la bouche de politiques, de journalistes, etc. L’Académie française change plusieurs sa vison à ce sujet. En 1835 puis en 1878, l’Institution admettait « par contre » dans le style commercial. Elle l’a exclu en 1932, puis l’a inséré de nouveau en 1988 avec le commentaire suivant (maintenu en 2001) : « La locution “par contre” » ne peut donc être considérée comme fautive, mais l’usage s’est établi de la déconseiller chaque fois que l’emploi d’un autre adverbe est possible. »
Mais comme le mentionne Gilde, il n’est pas toujours possible de remplacer “par contre” par un autre adverbe. Les autres adverbes suggérés par l’Académie française sont « en compensation » ou « en revanche ». C’est alors qu’André Gide, l’un des plus grands écrivains français, prix Nobel de littérature, intervient dans le débat. Selon lui, les adverbes de remplacement ne conviennent pas toujours. Trouveriez-vous décent qu’une femme vous dise : « Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche j’y ai perdu mes deux fils » ? ou « La moisson n’a pas été mauvaise, mais en compensation toutes les pommes de terre ont pourri » ? Questionne-t-il.
Pourtant, je ne pense pas que Gilde soit un “cancre”.
Puis pour dire qu’il est clairement entré dans l’usage , des grands écrivains l’ont utilisé. Des auteurs tels que Stendhal, Maupassant, France, Régnier, Gide, Proust, Giraudoux, Duhamel, Bernanos, Morand, Saint-Exupéry, Montherlant, Malraux, de Gaulle, Pompidou, etc.
Mais il y aussi d’autres exemples. On peut prendre le verbe “pardonner”. En principe, on pardonne quelque chose à quelqu’un. Mais dans certaines régions on ne dira pas pardonner à quelqu’un mais pardonner quelqu’un. Pour ma part, je viens de la Lorraine, et je n’ai jamais entendu une personne dire “pardonner quelque chose à quelqu’un”. On a toujours dit “pardonner quelqu’un de quelque chose.” D’ailleurs j’avais posé cette question à Patrick Vannier qui m’avait dit que dans certaines régions c’était l’usage et que c’était acceptable par métonymie. On peut aussi prendre l’exemple du verbe “ressembler”. En principe on dit “ressembler à quelqu’un”. Mais dans certaines régions l’usage et de dire “ressembler quelqu’un”. D’ailleurs le Trésor de la langue française écrit : La forme transitive ressembler quelqu’un, employée à l’époque classique, est aujourd’hui régionale (Belgique et Thiérache).
Ou on peut prendre un cas plus courant, l’accord du participe passé avec un complément circonstanciel et en particulier avec l’accord du participe passé “vécu”. Ici, les grammairiens sont divisés. Par ex pour Jacques de Lacretelle, aux années qu’elle avait vécu signifie « au nombre d’années, « à toutes les années », ce qui justifie l’invariabilité.
Anatole France, quant à lui, estime que dans les heures qu’elle avait vécues…il n’y a pas de complément adverbial de mesure ; ce qui explique la variabilité de vécues. On peut parfois choisir l’une ou l’autre de ces interprétations.
Et il y a encore plein d’autres exemples.
Parfois un y a plusieurs solutions, plusieurs interprétations. Il faut choisir l’une d’entre elles et s’y tenir. Il est inutile de se prendre la tête avec des petites gens qui n’ont pas la même vision que la vôtre.
Pour conclure, vous avez raison, l’hypercorrection est donc un piège et entraînera toujours des conflits, des désaccords et, hélas, des échanges quelque peu virulents.
Bonne soirée. 🙂
Bonjour Estudiantin,
Je crois bien que vous vous êtes un peu hâté et soit omis des mots, soit fait une faute de frappe, car je trouve dans Wikipédia que l’hypercorrection « consiste à s’exprimer de manière « trop correcte », et finalement incorrecte à force de trop vouloir parler ou écrire de façon irréprochable », donc vous pourriez enlever le circonflexe à « Dû » ou alors mettre « Le trop – À force de ».
À propos de « par contre », l’un de mes professeurs de français nous invitait à l’éviter, car on ne met pas deux prépositions ensemble, disait-il, et j’ai toujours suivi son avis, mais sur la plateforme le sujet a été débattu ici . En ce qui concerne la phrase de Gide, reprise par l’Académie française : Trouveriez-vous décent qu’une femme vous dise : « Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche j’y ai perdu mes deux fils » ? Il est évident qu’il faudrait tourner la phrase autrement.
Pour le reste, il me semble que l’on fait allusion aux gens qui désirent se démarquer et alors commettent, par ignorance et pas par excès de savoir, des fautes, comme « il va-t-être », ou mettent un « s » à « quatre », etc. En lisant les exemples, j’entendais la voix de certains présentateurs ou commentateurs à la télévision… C’est rigolo.
Je me disais bien que vous alliez reparaître…
Zully, j’étais partagé avec le verbe » devoir « et de l’article « du «
je pensais qu’il fallait mettre le verbe devoir « dû « .
J’ai bien pensé, Estudiantin, mais alors, vous auriez dû écrire : Dû à trop vouloir bien faire, bien qu’en plus vous auriez dû remplacer le point précédent par une virgule. Je vous propose :
Wikipédia nous parle de l’hypercorrection, phénomène dû à trop vouloir bien faire. Quant au reste de votre phrase, vous l’aurez compris et Czardas le dit plus clairement, ce n’est pas le sens que vous lui donnez, mais, tout est bien qui finit bien !
Merci Zully de votre compréhension,
et de votre acuité !
Je vous en prie, Estudiantin. J’apprécie qu’on m’aide avec élégance et j’aime aider.
Je trouve étonnant que ce que je croyais être des fautes, des « cuirs » (selon Larousse : « Faute de liaison comme Dis-moi-t-un peu ») est qualifié de « hypercorrection ». C’est vraiment très intéressant.
Je partage l’expérience de Zully ; mes professeurs m’ont toujours recommandé de ne pas employer « par contre » mais « en revanche ». Il est vrai qu’ils avaient aussi peu de justification que Voltaire.
Toutefois, on peut trouver d’autres substituts : néanmoins, toutefois, mais, or ? Ou bien, s’il n’est finalement pas si incorrect, on peut l’utiliser…
Par contre, Estudiantin, accro s’écrit sans le « c » à la fin. Ce n’est pas un « accrochage ».
Ah, Joëlle, vous avez vu l’accrochage… Je l’avais vu aussi, mais il est passé aux oubliettes tellement j’étais dans le sujet… Cela mis à part, je suis contente de savoir que vos professeurs aient aussi prôné le même conseil que le mien ! De plus, je vous sais grè pour le sens de « cuir » dans ce contexte et, finalement, je suis reconnaissante à Estudiantin pour avoir été l’intermédiaire de cet enrichissement !
Les fautes de liaisons :
Le pataquès : quand on fait entendre un T ou un S de liaison quand c’est inutile ou que l’on interverti.
Ce n’est pas-t-à moi. Quatre-z-amis
Le mot vient de l’exemple : « ce n’est pas-t-à moi, je ne sais pas-t-à qui est-ce. »
Le cuir désigne plus spécifiquement les pataquès avec le T : « Ce n’est pas-t-à toi. »
Le velours désigne les pataquès avec le S : « Les Sept-z-animaux. »
La psilose désigne la faute consistant à faire entendre la liaison devant un h aspiré : « Les Z’haricots. » ou d’élider l’article le : l’héros au lieu de le héros.
Note :
La présence d’un h aspiré ou d’un h muet à l’initiale d’un mot prétend répondre à des critères étymologiques. Il n’est donc pas rare de rencontrer des prononciations considérées comme fautives où le h aspiré n’est pas marqué et la liaison est faite. Hormis dans un registre de langue populaire, de telles erreurs de prononciation restent rares sur les mots courants (comme haricot ou hérisson). Toutefois sur des mots moins fréquents, y compris en registre courant ou dans le parler journalistique, les psiloses ne sont pas rares (le handicap, le héron). À l’inverse, par hypercorrection, certains locuteurs prononcent parfois un h muet comme un h aspiré : certains hellénistes disent et écrivent le hoplite au lieu de l’hoplite, par contamination avec la connaissance du grec ancien. L’Académie française, y compris dans la réforme de 1990, n’a jamais recommandé ni même toléré l’abandon du h aspiré.
Bonjour Estudiantin,
Je pense que vous avez mal interprété le sens de ce nom. En linguistique, l’hypercorrection est due à des emplois erronés de la langue parlée ou écrite : le locuteur essaie de pallier l’insécurité linguistique qu’il ressent, il veut trop bien faire et produit une forme grammaticale inexistante (donc fautive). C’est donc une situation propre à un individu, et par conséquent ne concerne pas les dissensions éventuelles qui opposeraient des personnes.
Voici un exemple d’hypercorrection : de la bouche du gendarme dressant solennellement son procès-verbal :
L’individu dont auquel j’ai l’honneur de vous causer
Pléonasme où l’accumulation superfétatoire de deux formes hypercorrectes est doublement «distinguée».
Merci Czardas de votre contribution, j’en prends note !
Bien amicalement.
J’en prend note
j’en prends note
Oups, oui bien vu !
« Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche j’y ai perdu mes deux fils »
« La moisson n’a pas été mauvaise, mais en compensation toutes les pommes de terre ont pourri »
En citant ces deux phrases, il me paraît évident que Gide était de parfaite mauvaise foi, uniquement dans le but de défendre son point de vue.
En effet, il est tellement simple de les tourner de façon cohérente, comme par exemple :
« Oui, hélas ! j’ai perdu mes deux fils dans cette terrible guerre. En revanche / Par bonheur, mon frère et mon mari en sont revenus saufs. »
« Toutes les pommes de terre ont pourri cette année, en revanche / mais heureusement la moisson n’a pas été mauvaise. »
Tout comme Zully et Joëlle, j’ai toujours appris qu’il était erroné d’employer ensemble deux prépositions, en particulier « Par » et « contre ».
Et encore une fois, « tout le monde le dit, même les grands intellectuels » n’est pas une preuve que cela se dit.
Bonjour Cathy,
Je suis ravie, une fois de plus, de vous lire ! Vous l’avez compris, j’avais fait un signe à Gide…
Votre réponse m’a fait remarquer le commentaire de Czardas sur les noms donnés aux différentes fautes de liaison, pataquès, cuir (sous-catégorie mentionnée par Joëlle), le velours, la psilose en plus d’autres explications.
Je suis aussi contente de savoir que vous avez eu un professeur comme le mien. Cela doit lui faire plaisir, là où il se trouve. Je suis ravie aussi de lire que ce n’est pas parce que X ou Y dit, écrit une chose que c’est correct !