Formation de l’adjectif verbal
Bonjour,
Je suis Lusophone mais j’ai appris également le Français dès le berceau avec une jeune fille au pair.
Cependant, j’ai des problèmes avec certaines subtilités…
Je voudrais savoir s’il est autorisé de créer un néologisme avec un verbe au participe présent en le transformant en adjectif verbal sans que cela puise être considéré comme fautif, maladroit, incorrect…
Exemple :
La bête feulante avait bondi…
car je je trouve étrange (fautif ?) de dire
La bête feulant avait bondi…
ou lourd de dire
La bête en feulant avait bondi…
Je sais bien que les licences sont certainement celles que veut bien se permettre une autrice… Mais au cas où l’Académie Française veuille un jour accueillir une petite Portugaise…
Merci pour votre secours.
Bonjour Sybelle,
Le participe présent se distingue de l’adjectif verbal :
– à ce qu’il est suivi d’un complément ou d’un adverbe. Ex. : Les personnes voyageant dans ces pays prennent de gros risques. L’affaire, tournant mal, fut abandonnée.
– à ce qu’il peut être employé avec une négation. Ex. N’en pouvant plus, je décidais d’abandonner.
– à ce qu’il peut être remplacé par une proposition ou par un gérondif (en + participe présent). Ex. : Il s’est tordu la cheville en courant peut être remplacé par C’est parce qu’il courait, qu’il s’est tordu la cheville. Zigzaguant sous l’emprise de l’alcool, il prit congé de nous peut être remplacé par En zigzaguant, il prit congé de nous.
Ainsi, vous voyez si vous pouvez faire ce que vous dites !
Il y a quelques cas particuliers…
Adjectifs verbaux : chaise pliante ; il criait d’une voix assourdissante. (la voix a la qualité, ici le défaut, d’assourdir le public)
Merci pour votre réponse rapide.
Les exemples que vous me donnez (pliant, assourdissant) sont reconnus par les dictionnaires comme des adjectifs (sans préciser s’ils sont d’origine verbale ou non) et ne me posent pas de problèmes particuliers, d’autant que grâce à vos explications, je comprends bien qu’il ne s’agit pas de participes présents.
Cependant, de ces trois phrases, il semble que seule la première soit fautive, or c’est celle qui me semble la plus gracieuse. La seconde parait mal accordée à l’oreille, la troisième lourde.
La bête feulante avait bondi…
La bête feulant avait bondi…
La bête, en feulant, avait bondi…
à comparer avec
La bête hurlante avait bondi… (correct)
La bête hurlant avait bondi… (fautif)
La bête, en hurlant, avait bondi… (correct)
D’où ma question concernant la liberté de créer un néologisme sous forme d’adjectif verbal.
On a bien dans les dictionnaire « mugissant/e » , « rugissant/e », adjectifs verbaux, alors, pourquoi pas « feulant/e » ?
Il est vrai que selon ce principe, il faudrait aussi accepter « miaulant/e », mais finalement… pourquoi pas, selon les cas ?
Je pense que l’adjectif verbal se prête aisément aux néologismes parce qu’il indique un comportement qui est un état, ce qui n’est pas le cas du participe présent ni du gérondif, et parce que la forme existe déjà (celle du participe présent).
On peut se donner la licence donc, d’en inventer, avec parcimonie évidemment et avec discernement, dans des cas comme le vôtre où vous sentez qu’il manque.
Si j’étais vous, je m’autoriserais : la bête feulante avait bondi.
Sinon, si vous avez des scrupules, vous pouvez vous servir du gérondif : La bête, en feulant, avait bondi.
En ayant conscience que les deux phrases ne disent pas exactement la même chose.
Merci encore.
« mugissant/e » , « rugissant/e », illustrations réconfortantes… me réconfortant donc…
Donc, je vais partir du principe qu’il n’est pas hérétique de créer ses propres adjectifs verbaux, même si les correcteurs orthographiques (hé oui… j’en use…) me les soulignent d’une indignation rouge, ondulante et systèmatique…
Et effectivement, je prendrais ainsi, seule, comme une grande poétesse avant-gardiste (hummmmm….), le risque que cela soit… moche… (par manque de parcimonie et de discernement !)
En le cas présent, ce choix me semble pertinent; et puis..le plaisir d’écrire implique certaines audaces et donc certains risques. Bon voyage dans l’écriture Sybelle !
« Feulant » n’est pas un néologisme : Genevois l’utilise en 1952 !
Merci à tous pour tout.
Merci pour feulante de Genevois !
Ma question était également d’ordre général sur le sujet. Je ne vais donc pas me priver !