Fondre deux propositions en une
Bonjour,
Cette phrase-ci vous semble t-elle correcte ou s’agit-il d’une formulation orale ?
Isaac aurait eu une coquille qu’à la moindre contrariété, il s’y serait réfugié.
Bonjour,
Dans la Grammaire méthodique du français, on classe ce genre de construction à structure grammaticale singulière, où la subordonnée est introduite par que ou simplement juxtaposée, parmi les systèmes corrélatifs d’expression de la condition. Un des exemples cités est le suivant : « Les enfants étaient-ils un peu tristes (qu’)aussitôt leur mère les consolait. » Le vôtre est construit exactement sur le même modèle et vous pouvez même vous passer de la conjonction que : « Isaac aurait eu une coquille qu’à la moindre contrariété, il s’y serait réfugié. » ou « Isaac aurait eu une coquille, à la moindre contrariété, il s’y serait réfugié. »
Le mot « que » n’introduit-il pas la principale plutôt qu’une subordonnée ? Est-ce que vraiment les principales introduites par « que » ne donnent pas un petit côté popu et donc oral à la phrase (Si c’était gratuit, il en prendrait. Ce serait gratuit, il en prendrait. Ce serait gratuit qu’il en prendrait.) ? Cette construction ne demande-t-elle pas un verbe postposé dans la subordonnée exprimant la condition ?
Le système est en effet inverse. Dans l’ouvrage cité en référence, on constate expressément que le fait principal est exprimé par la seconde proposition, celle introduite par que, tout en qualifiant néanmoins celle-ci de subordonnée. Qu’en disent d’autres grammairiens ?
L’inversion n’est cependant pas un phénomène exceptionnel. On peut ainsi exprimer une relation de cause à effet dans un sens ou dans l’autre, avec une subordonnée de cause (« Il est parti parce qu’il s’ennuyait.« ) ou de conséquence (« Il s’ennuyait si bien qu’il est parti.« ) ; les faits sont identiques, pas la mise en avant.
Quant au caractère populaire de l’insertion de la conjonction que, somme toute facultative, il me semble l’avoir rencontrée aussi dans des textes classiques (à vérifier).
Merci beaucoup !
Et au vu de votre exemple, je suppose qu’une formulation avec Isaac aurait-il eu serait également correcte ?
Autant dans l’exemple de la grammaire où le verbe est conjugué à l’imparfait de l’indicatif la forme interrogative est incontournable et exige la présence inversée du pronom, autant avec un conditionnel elle n’est pas utile quoique possible. Mais pourquoi vous encombreriez-vous de mots superflus ? Personnellement, je préfère sans ils et sans que : « Isaac aurait eu une coquille, à la moindre contrariété, il s’y serait réfugié. »
Je trouve que, la conjonction « que » donne du relief, insiste. Ce peut être intéressant.