Finaliser, son emploi
Je sais, en théorie, que « finaliser » ne veut pas dire finir, terminer, achever et qu’en fait il veut dire paufiner, régler les derniers détails. Je sais aussi qu’il vaut mieux l’éviter.
Mais, j’aimerais comprendre mieux. Ainsi, on pourrait dire que l’on finalise les actes pour la vente d’un immeuble, les démarches afin d’intégrer une organisation, un projet avant sa présentation.
Par ailleurs, je vois dans divers dictionnaires, lorsque je cherche la définition de ce verbe, la même phrase : « Le bien politique est un bien digne en soi de finaliser l’action humaine »
. J’ai de la difficulté à former une autre phrase dans ce genre-là où finaliser veut dire « orienter vers un objectif précis, donner une finalité à ». Je suis dans le flou…
Pourriez-vous m’aider ?
Bonjour Zully,
Effectivement, le mot « finaliser » s’est dévoyé en français sous l’influence de l’anglais. Les Anglais eux-mêmes réprouvent son mauvais usage qu’ils imputent aux… Australiens (voir ICI l’amusante explication du Merriam-Webster).
L’emploi correct est en revanche limité aux domaines philosophique et religieux comme en attestent différents exemples donnés par le CNRTL.
Sauf texte élaboré, il vaut peut-être mieux éviter ce terme et utiliser des périphrases.
Zully, vous avez écrit : … « et qu’en fait il veut dire peaufiner, régler les derniers détails. »
Non, finaliser n’a pas du tout ce sens…Il signifie « orienter vers un but ».
Je vous propose un exemple :
« J’ai fait des études de sciences, mais cette démarche n’était pas finalisée« . (je n’avais pas de but précis)
» Le service de l’inspection nous a transmis un rapport mais leurs recherches n’étaient pas finalisées (ils ne précisent pas ce qu’ils recherchent) : leurs analyses n’ont aucune portée ».
Quand je retrouverai d’autres phrases du module Excellence, je vous les donnerai : je devrai donc finaliser ma recherche dans l’application.
Chambaron a raison, il vaut mieux employer ce terme dans un sens spirituel : finaliser l’action humaine, ce qui donne une finalité à la vie.
Dans mon travail, je rencontre souvent les triplés diaboliques du jargon professionnel :
On « initie » la réflexion, on « finalise » le projet et on « clôture » la demande…
Pas facile de faire corriger les trois d’un coup sans passer pour une extraterrestre !
Au moins, les gens sauront que quand ils vous liront, ils pourront vous faire confiance !
Bonsoir Zully,
1° Comme tu* l’écris, il vaut mieux éviter l’emploi de finaliser, qui est un anglicisme.
2° Oui, « on pourrait dire que l’on « finalise » les actes pour la vente d’un immeuble, les démarches afin d’intégrer une organisation, un projet avant sa présentation », dans la mesure où ces actes, ces démarches et ce projet sont à peu près au point avant leur « finalisation » et si l’on ne répugne pas à employer cet anglicisme (que, sauf erreur de ma part, l’Ac. fr. n’a même pas enregistré.
3° Plus généralement, on trouve à ce verbe deux sens : « assigner un but à qqch. » (cf. extrait ci-après du TLFi) et « Mettre au point de manière définitive, en partant d’une mise en forme partielle ou provisoire » (cf. extrait ci-dessous du Grand Robert).
TLFi
« DÉR. Finaliser, verbe trans., mod. Assigner un but à quelque chose. Le bien politique est un bien digne en soi de finaliser l’action humaine (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 230). De la société globale, l’Église exige qu’elle soit finalisée par le salut de l’homme (Philos., Relig., 1957, p. 3808). Part. passé en emploi adj. Mécanisme finalisé : un mécanisme considéré comme établi pour des interactions avec son environnement exclusivement déterminées (COUFFIGNAL, Mach. penser, 1964, p. 63). »
Le Grand Robert
© 2017 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
4° Outre la phrase de Maritain, figure dans le TLF une seconde phrase où finaliser a le sens que tu recherches (v. ci-dessus). On pourrait dire aussi : La recherche du Beau, du Bien et du vrai devrait finaliser l’activité de l’homme.
Bonne nuit. 🙂
_________________________________________________________________
* Je te tutoie puisque la dernière fois que tu m’as adressé la parole, tu as fait de même.
(Ajout : L’envoi de ma réponse a précédé ma lecture des réponses de Joëlle et de Chambaron.)
Compris ! Je bois quand même le verre !
Une question, Prince, en quoi « vrai », mentionné dans la dernière phrase du paragraphe 4 démerite-t-il une majuscule ?
En ce qui concerne la définition, Joëlle, j’ai un Littré qui donne comme définition « Donner un but, une orientation précise à quelque chose. Finaliser son désir d’aider les autres », puis « Mettre au point, établir de manière définitive. FInaliser un projet ».
Mais, je comprends mieux , Joëlle, alors la phrase que je trouve dans la référence que Chambaron me donne : De la société globale, l’Église exige qu’elle soit finalisée par le salut de l’homme. Traduction, l’Église exige que la société arrive au salut.
Oui, Chambaron, c’est rigolo de voir les circuits empruntés par les mots. ll n’y a pas que la toile ! Et c’est aussi intéressant de savoir que les Anglais se soucient de leur langue. Il y a bien des efforts qui vont dans ce sens.
Vous aviez déjà donné une explication de finaliser ici, mais j’étais encore dans le flou. Je vous remercie pour votre réponse et vais m’adonner à des périphrases et les utiliser mentalement lorsque je lirai des personnes qui emploient ce terme.
On va vous appeler Sherlock ! Je ne me souvenais pas de cette réponse de 2015.
Chambaron, j’aime toutes vos interventions !
Ah Prince ! Il me semble qu’il doit y en avoir deux sur cette plateforme : celui qui me tutoie parfois, alors je fais de même, car c’est quand même plaisant, et l’autre qui me vouvoie d’autres fois, qui donne parfois des leçons et qui utilise la barre oblique (ou je me trompe ?).
En tous les cas, je vous mercie, te remercie (au choix) pour cette réponse. Ce qui est beau c’est qu’on est d’accord pour éviter l’anglicisme. Je bois virtuellement un verre pour, non pas pour finaliser cet échange, mais pour souligner l’entente qui règne !
Oui, Czardas, ce mot ne figure pas dans le dictionnaire de l’Académie française. En faisant des recherches, je suis tombée sur la plateforme « Parlez français » (que j’ai découverte grâce à l’un d’entre vous, Chambaron, me semble-t-il) qui note cette absence en plus de donner des périphrases auxquelles Chambaron fait allusion.
Que tout cela est passionnant ! Je vous remercie de votre intervention.
Zully
Je vois qu’une ligne a sauté, mais n’arrive pas à corriger sous peine de voir tout le texte disparaître. Mille excuses.