Fait / faite
Bonjour,
Je ne comprends pas l’absence d’accord du participe passé « fait » dans cette phrase :
« Mais quelle réponse a fait la maîtresse à ce Monsieur courtisan? » Molière, Georges Dandin ou la Mari confondu, I,2 (1668); ce n’est ni le cas du participe suivi d’un infinitif ou utilisé dans une tournure impersonnelle. Et le COD, par la forme interrogative, se trouve placé avant l’auxiliaire…
Maryse
Maryse,
Vous avez lu un texte en français contemporain qui n’a pas été corrigé, au moins sur ce point-là.
Certains l’ont été, par ex. celui-ci (Wikisource) :
Mais quelle réponse a faite la maîtresse à ce monsieur le courtisan ? »
D’autres, non. Volontairement ou involontairement.
Par ex., le texte de Tout molière.net n’a pratiquement pas corrigé les fautes d’orthographe par « fidélité rigoureuse au texte original ».
Ce site s’en explique dans une note préliminaire :
« Note
Nous avons établi ce texte d’après celui de sa première édition, parue du vivant de Molière, et conservée à la Bibliothèque Nationale de France. Pour le texte même, dans les cas de faute manifeste, nous nous sommes référé à l’édition de 1682, dont nous donnons toutes les variantes. Nous ne nous sommes référé que de manière exceptionnelle à l’édition de 1734, dans les cas où ses didascalies pouvaient éclairer un jeu de scène particulier.
Notre règle d’or a été la fidélité rigoureuse au texte original ; nous n’avons corrigé des fautes évidentes que dans quelques cas extrêmement rares, et que nous mentionnons en note. » (Pas de mention pour « fait »).
Tara, qu’en pensez-vous ?
Article de Sophie Piron (grande spécialiste du français et de la grammaire française à travers les siècles)
Intéressant sur la grammaire du français au XVIIe siècle.
Ce que j’en pense ? C’est un parti pris qui peut se défendre. Après, il faut savoir à quel public on s’adresse.
Un public de non spécialistes sera déstabilisé et il n’y aura sans doute aucun intérêt à ce qu’il soit confronté à un texte « brut ».
Je ne comprends pas bien votre réponse.
Il s’agit ici de la langue du XVIIème siècle :
Le participe pose ensuite des problèmes de norme grammaticale : comment faut-il l’accorder ? Les grammairiens lui consacrent désormais plus d’espace dans leurs ouvrages : son comportement vaut le détour. Les cas d’accord ne sont pourtant pas encore clairement fixés. Ainsi, les grammairiens présentent les règles en vigueur, mais ne traitent pas systématiquement de tous les cas. (Sophie Piron la grammaire du français au XVIIème siècle)
Sinon, et selon la grammaire de notre époque, vous avez raison. Le COD est avant le verbe « faire » qui a ici un de ses sens « pleins ». Si la langue de l’ouvrage dans lequel vous avez lu cette phrase a été modernisée, il y a erreur.
Mais quelle réponse a faite la maîtresse à ce Monsieur courtisan?
Il y a tout lieu de penser que la phrase n’a pas été modernisée.
Il reste que beaucoup d’éditeurs ont modernisé l’écriture d’ouvrages anciens.
Merci beaucoup Tara d’avoir éclairé ma lanterne et surtout de me confirmer mon analyse. Je pense également que la modernisation de l’écriture est le problème. Cela dit, je ne suis pas sûre que mes lycéens le remarquent …
Maryse
Eh bien, ce peut-être une bonne façon d’aborder la règle du PP et qu’ils constatent que la langue -et sa grammaire, et son orthographe- est en constante évolution.
Norme et conventions : relativité et intérêt !
Merci beaucoup pour ces éclairages.
Maryse