Est-il en tel cas nécessaire de doubler le pronom personnel « elle » ?
« Je pense à Céline. Se rendre aux Amériques, c’est son rêve. Encore récemment, nous étions tous deux en train de fantasmer ce continent. Mais moi, maintenant, j’y vagabonde, alors qu’elle, est probablement toujours attablée dans quelque troquet occupée à l’imaginer. »
Bonjour. Pourriez-vous, s’il vous plaît, me dire s’il est ici souhaitable, voire nécessaire, de doubler le pronom personnel « elle » en écrivant plutôt : « Mais moi, maintenant, j’y vagabonde, alors qu’elle, elle est probablement… » ?
Merci d’avance.
La reprise du pronom « elle » est une insistance qui, ici, servirait à l’opposer à « moi ».
Il n’est donc pas impératif de l’utiliser ; mais alors la virgule n’est plus de mise :
Mais moi, maintenant j’y vagabonde alors qu’elle est probablement toujours attablée…
Merci.
Sur le modèle « moi, je » ou « lui, il », vous envisagez un « elle, elle », que vous savez correct. Mais vous aimeriez ne garder que le pronom tonique et faire sauter le pronom sujet. Ce n’est pas possible avec « moi » (moi pense que) mais c’est possible avec « lui » (moi je pense que… mais lui pense que…). C’est donc logiquement possible avec elle (moi je pense que… mais elle pense que…). Et cependant, sans la virgule, à cause d’une grande ressemblance entre « elle » et « elle », le lecteur risque de penser que vous avez fait sauter le pronom tonique et conservé le pronom sujet, et ce ne sera pas la même intonation à voix haute, pas le même style, et c’est pourquoi vous voulez conserver une virgule. Je pense que vous pouvez le faire dans une phrase courte : lui ne vient pas, mais elle, vient. Prendre ce risque sur une phrase plus longue est une affaire de style.
Merci. Ces subtilités linguistiques sont intéressantes.
Vous pouvez contourner la difficulté en employant « pour sa part » ou « pour ce qui la concerne/en ce qui la concerne » en conservant la virgule, le résultat sera juste mais plus lourd.
Merci.
Alors qu’elle, elle est…
Alors qu’elle est….
Les deux tournures sont correctes. La première met plus l’accent sur l’opposition entre « Moi » et « Elle », et l’on comprend bien l’intention de l’auteur.
En revanche, « aux Amériques » ne se dit pas.
D’ailleurs, le terme « Amérique » ne figure même pas dans le dictionnaire de l’Académie.
On parle plutôt des États-Unis d’Amérique, et on dira plus couramment « les États-Unis« .
Voir ICI
De plus, le verbe « fantasmer » ne se trouve pas non plus, chez nos référents crédibles.
Dans le dictionnaire de l’Académie j’ai vu qu’on le donnait comme verbe intransitif _ dans le langage familier, on dira « fantasmer sur » _ mais sur la page du dictionnaire, point de « Fantasmer « , on ne trouve que « Fantasme » et cette petite note en fin d’article :
Remarque
Le verbe Fantasmer, parfois utilisé dans le sens d’« avoir des fantasmes, rêver », est peu recommandable.
Voici ma suggestion :
Je pense à Céline. Se rendre aux États-Unis, c’est son rêve. Encore récemment, nous étions tous deux en train de nous projeter sur ce continent. Mais moi, maintenant, j’y vagabonde, alors qu’elle est / alors qu’elle, elle est probablement toujours attablée dans quelque troquet, occupée à l’imaginer.
Merci pour ces indications, Cathy Lévy.
« Aux Amériques » parce qu’ « États-Unis » est un vocable d’ordre administratif qui ne fait pas rêver.
Le verbe « fantasmer » a une bienvenue connotation sexuelle (onanique, plus précisément).
Pompadour, vous m’écrivez :
« Aux Amériques » parce qu’ « États-Unis » est un vocable d’ordre administratif qui ne fait pas rêver.
Le verbe « fantasmer » a une bienvenue connotation sexuelle (onanique, plus précisément).
Je ne suis pas d’accord avec vous, désolée.
D’une part parce que « les États-Unis d’Amérique » n’est pas un terme « administratif », c’est le nom de l’Amérique du Nord, tout simplement, et on peut dire plus communément « les États-Unis ».
D’autre part parce qu’on peut dire que « l’Amérique vous fait rêver« , on peut partir « en Amérique » mais pas « aux Amériques « , comme démontré dans le fil de discussion « Question orthographe » que je vous ai transmis.
On parle DES Amériques du Nord et du Sud, éventuellement.
Mais si vous voulez parler du continent américain dans sa totalité, vous direz « je pars en Amérique » et même « je fantasme sur l’Amérique ».
Pour ce qui du verbe fantasmer (qui n’est pas référencé dans les dictionnaires……….. ) :
Que voulez-vous dire par « une bienvenue connotation sexuelle » ?
Ce verbe est en effet employé dans le langage familier pour parler de fantasmes sexuels notamment, mais pas seulement, loin de là, et la connotation sexuelle n’est pas évidente si l’on parle d’un voyage, par exemple, comme votre héros….
À noter, cher Pompadour, que les femmes aussi peuvent avoir des fantasmes sexuels, et même pratiquer la masturbation !
Enfin, l’adjectif « onanique » n’existe pas.
Mais encore une fois, je n’ai fait que vous renseigner, et c’est vous qui tenez la plume.
Ha ha. Nous ne parviendrons pas à nous mettre d’accord, chère Cathy Lévy !
« États-Unis » est un terme bureaucratique, parce qu’il évoque l’union d’États par contrat. Un État est une entité administrative.
« Partir en Amérique », dans l’imaginaire collectif, c’est partir aux États-Unis d’Amérique. Car les États-Unis d’Amérique se sont regrettablement appropriés le terme « Amérique ». Le Che en personne s’en offusquait sur des cassettes audio enregistrées en Bolivie que mon ami A. A., en relation directe avec la dernière épouse de celui-ci et l’un de ses fils, m’a permis d’écouter à Florence.
Cette connotation sexuelle est bienvenue car le personnage qu’est Céline sexualise tous les aspects de sa vie. Êtres, concepts et objets qu’elle apprécie la conduisent à un tangible état d’excitation sexuelle.
Le verbe « fantasmer » est conjugué sur le site du Robert :
Oh oui, je sais _ avec Wikipédia et le Wiktionnaire bien sûr ! _ Le Robert est bien souvent le seul référent dans ce genre de cas…
Et pour cause, il accepte tout et n’importe quoi, notamment les fautes de français et les pataquès ! Il a même accepté dernièrement « gênance »……………………………..
Nous ne sommes pas d’accord cher Pompadour, ça n’est pas bien grave, j’aime bien votre façon de raisonner, et même vos entêtements finalement, et je continue à trouver vos questions intéressantes, malgré tout.