Épithète détachée
Je me demandais quelle était la différence entre l’adjectif qui suit normalement le nom et celui séparé par une virgule?
par exemple : » Jérome serein regarde » et « Jérome, serein, me regarde »
Cordialement.
Vous avez sans doute mal choisi votre exemple JeanEustache.
En effet vous opposez « Jérome serein regarde »» et « Jérome, serein, me regarde » , mais dans le premier cas il faudrait aussi mettre l’adjectif entre virgules.
Comparons plutôt :
1.Le chat, curieux, vint à sa rencontre..
2.Le chat curieux vint à sa rencontre.
L’adjectif est détaché dans le premier cas et dit que la curiosité du chat est circonstancielle, c’est à dire liée à des circonstances particulières.
En 2, la curiosité est une caractéristique permanente du minet. Il est de tempérament curieux.
Certains adjectifs, comme celui que vous avez choisi, indiquent davantage une caractéristique circonstancielle. Est-on serein en permanence ?
D’autre part, on a rarement (sinon jamais, sauf effet particulier souhaité) un adjectif lié (non détaché) après un prénom. Ou alors, on lui accole un déterminant :
La vilaine Claudette est encore venue me voir.
et jamais : Claudette vilaine se met à son balcon.
Si on place un adjectif après le nom propre, il sera détaché :
Claudette, furieuse, s’en alla.
Pour terminer votre exposé complet, l’épithète détachée peut être mis en début de phrase, suivi de la virgule.
Curieux, le chat dressa les oreilles.
L’épithète étant de genre féminin, il aurait fallu écrire : misE en début de phrase, suiviE de la virgule.
On peut très bien entendre une phrase comme celle-ci :
Tu sais, il est arrivé, furieux.
Alors elle est arrivée vers moi et, toute gentille, elle ma dit.
Les adjectifs « furieux » et « gentille » sont détachés.
L’utilisation de l’adjectif détaché n’est ni désuète, ni réservée à l’écrit. Ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’il a un autre sens que l’adjectif lié.
Cet homme est constamment furieux.
Cette gentille fille me plaît bien.
Les adjectifs sont ici liés.
Mais peut-on considérer l’épithète détachée comme désuète de nos jours ? n’appartenant plus qu’à une langue littéraire ?
Cette formulation est du domaine de l’écrit (ou du conte), comme le passé simple. pour autant je ne la limiterais pas à la langue « littéraire ». Il faut pour cela accepter de faire une distinction entre la langue écrite et la langue littéraire, ce qui peut être sujet à débat…