Entrer – Verbe soit intransitif soit transitif direct ?
Bonjour,
Si j’ai bien compris, les verbes intransitifs se suffisent à eux-même dans une phrase (Je mange. Il aboie. J’entre.), les verbes transitifs directs sont ceux admettent un COD, et les verbes intransitifs indirects ceux qui admettent un COI.
Si j’ai bon, j’ai du mal à comprendre en quoi « entrer » ne peut être qu’intransitif ou transitif direct. Par exemple dans « J’entre dans la maison. », la maison est bien un COI ? J’entre dans quoi ? -> dans la maison. En anglais : I enter the house -> I enter what ? -> the house. Là c’est bien un COD. Non ?
Merci d’avance pour votre aide.
Bonjour Lucas33,
[Pour plus de clarté, utilisez « emploi transitif du verbe » et « emploi intransitif du verbe » plutôt que « verbe transitif » et « verbe intransitif », notions qui appellent toujours des contradictions du type « c’est un verbe transitif généralement, mais ici il est intransitif… ». Par ailleurs « intransitif » ne veut pas dire « sans complément », comme vous l’avez montré.]
Voici comment je comprends votre question : Puisque « dans la maison » est un complément, qu’il a le rôle d’objet participant à préciser sur quoi porte l’action du verbe, et qu’il est introduit par une préposition et donc indirect, est-il bien sérieux de ne pas l’élever à la dignité de COI ? Quel nom alors lui donner ? [Spoiler : complément essentiel adverbial de lieu]
Complément
Dans « il entre dans la maison », « dans la maison » est-il un complément circonstanciel de la phrase ? non, il n’est pas déplaçable : « dans la maison, il entre ». Il est complément spécifiquement du verbe « entrer ». Vous avez raison de ne pas en faire un complément circonstanciel mais un complément du verbe.
Objet
Vous pensez que sémantiquement c’est un complément d’objet et qu’il ne faut pas se laisser abuser par une construction avec « dans ». Vous avez commencé à le démontrer en faisant le parallèle avec l’anglais. Si c’est un objet faisant partie du syntagme verbal à Douvres, alors c’est également un objet à Calais, la construction n’y change rien. Vous auriez pu faire une démonstration du même type en restant dans le domaine du français en mettant en parallèle « il habite dans une vieille maison » et « il habite une vieille maison » : on a apparemment un complément d’objet direct dans le second cas, mais pas dans le premier, où on entrevoit, puisque le sens est proche, un complément d’objet indirect…
Mais peut-être après tout n’est-ce un complément d’objet dans aucun des deux cas ? C’est effectivement l’explication à retenir, voir plus bas. C’est ce qui justifie qu’on puisse écrire « la maison qu’il a habité » et non « habitée ».
Indirect
Le complément « dans la maison » est-il introduit par une préposition ? oui, donc c’est un complément indirect. Mais pourquoi met-on des mots différents sur des compléments qui s’articulent identiquement avec le sujet et le verbe ?
– parler à un passant : complément d’objet indirect
– rentrer dans un passant : complément essentiel de… d’on ne sait quoi, le passant n’est pas un lieu…
Ou encore, si dans « bousculer un passant » il y a un cod, alors dans « rentrer dans un passant », avec un sens identique, il devrait y avoir un coi. Le passant y joue exactement le même rôle, seule la construction change.
Après quelques siècles de travail de quelques milliers de grammairiens, on en est encore là, à ne pas trouver un nom partagé par tous à un simple complément utilisé tous les jours.
On pense avec cet exemple avoir montré que « dans un passant » est un coi, comme « à un passant », mais retenons qu’on réserve en français ce terme coi aux compléments répondant aux questions : à qui, de qui, à quoi, de quoi. On peut tenter de le justifier, voir plus bas.
Gardons donc « complément » et « indirect » mais acceptons d’abandonner le mot « objet », qui ne s’appliquerait qu’à un nombre limité de compléments.
Grammaire actuelle, exemple du Grevisse
Après avoir répandu l’erreur de donner le choix entre compléments circonstanciels et compléments d’objet, voici comment le Grevisse articule les compléments depuis son édition de 1986 (juste après la mort de Maurice Grevisse) :
Tous les compléments qui ne sont pas circonstanciels sont dits essentiels, et parmi les compléments essentiels on trouve les compléments essentiels adverbiaux et les compléments d’objet. « Le complément d’objet est un complément essentiel non adverbial. »
On entrevoit alors la nuance :
* le complément essentiel adverbial modifie le sens du verbe : entrer dans une maison ou entrer dans un champ, ce n’est pas la même action du point de vue du sujet, ce sont des actions différentes.
* le complément (essentiel) d’objet garde le sens du verbe et de l’action mais l’applique à des contextes différents : parler à Pierre et parler à Paul, c’est la même action du point de vue du sujet ; il fait la même action.
[On devine rapidement que cela entraîne la déclassification d’une série de compléments que nous appellions cod ou coi jusqu’à présent. Mais le Grevisse ne peut pas aller au bout de sa logique, parce qu’il constate plus qu’il prescrit. Nous sommes encore loin de la cohérence.]
Si vous voulez adopter cette théorie, dites donc « complément d’objet indirect » uniquement pour les compléments essentiels de verbe (car c’en sont) qui répondent à la question « à qui, à quoi, de qui, de quoi ». Et dites « complément essentiel adverbial » pour les compléments de verbe (donc non circonstanciels) qui répondent à d’autres questions, parce que, répondant à une autre question, ils modifient selon cette théorie obligatoirement le sens du verbe.
* il pénètre la chair : cod
* il pénètre dans la chair : cea
* il habite une maison, au choix
– il habite quoi ? une maison = cod
– il habite où ? une maison = cea
* il rentre dans un passant = cea
* il parle à un passant = coi
* il entre dans la maison = cea, complément essentiel adverbial de lieu.
Bonjour,
Un verbe intransitif exprime un état, une action , et n’a jamais de complément d’objet.
Le verbe entrer est intransitif, mais aussi transitif.
► Intransitif :
Il entre
Combien entre-t-il de personnes dans cette salle ?
Cela n’entre pas dans le cadre de mes fonctions.
► Transitif : (dans le sens de faire entrer, introduire)
Il entra la clef dans la serrure.
Ces trafiquants entrent du tabac en fraude.
Note :
Chaque langue a sa grammaire et sa syntaxe. Il est donc vain de calquer le français sur l’anglais et inversement.
Par exemple :
Français:
Je veux que tu me dises la vérité
Anglais:
I want you to tell me the truth
Plus compliqué :
Anglais :
It never entered my head that she would tell him about me.
Français :
Je ne pensais jamais qu’elle lui parlerait de moi
Manger un est verbe transitif qui admet un Cod.
Le Cod répond à la question « quoi » : je mange quoi ? Une banane
Le COI = pour les verbes transitifs indirects, répond à la question « à quoi ou à qui ? »
Je parle à ma mère.
Les verbes intransitifs n’admettent pas de Complément d’objet.
Vous ne devez pas confondre ces derniers avec les compléments circonstanciels.
Il ne faut pas non plus décalquer le français sur l’anglais.
Entrer est un verbe intransitif en français car il n’admet pas de CO.
Lucas, bonjour,
Votre message demande plusieurs mises au point :
– une langue a son propre fonctionnement.
Deux verbes ayant le même sens dans deux langues différentes peuvent demander un COD dans une langue et pas dans l’autre, c’est très fréquent, et c’est le cas avec « entrer » et « to enter ». Même si ces deux mots ont des origines communes, ils ont une histoire différente et appartiennent à des organismes, systèmes linguistiques différents.
– Un verbe intransitif est un verbe qui n’admet pas de complément d’objet direct.
« Entrer » est intransitif : on ne dit pas j’entre la maison
– un verbe intransitif ne « se suffit pas » forcément à lui même. Il peut avoir besoin d’un complément, mais qui ne soit pas COD.
C’est le cas du verbe « aller », par exemple. Sauf dans des cas assez rares, il lui faut un complément de lieu :
On ne dit pas je vais. mais je vais en Espagne/à la maison/ chez toi
– certains verbes sont dits transitifs indirects : ils acceptent un complément d’objet indirect
Je me souviens des jours anciens.
Attention, le verbe intransitif n’admet pas de complément d’objet « tout court », direct ou indirect.