En ce moment je tombe tout. Je tombe des choses.
Puis-je écrire ou dire : Je tombe des choses. En ce moment je tombe tout. Je suis perturbé en ce moment, je tombe tout.
Merci pour votre aide.
Bonsoir.
On peut parfaitement dire En ce moment, je tombe tout.
Il y a un emploi transitif « classique » de tomber dans quelques expressions : tomber le masque, tomber la veste. Tomber les coeurs aussi. Il y a quelques années, une chanson à succès a relancé cet emploi : Tomber la chemise.
Pour le CNRTL, il s’agit d’un emploi vieilli (mais réactualisé, voir plus haut…). Voici ce qu’il en dit :
I. − Vx. Tomber qqc.
Ces exemples ont l’avantage de répondre directement à votre question !
Bonjour renmak12,
Je me demande si vous voulez vraiment dire que vous tombez le masque, la chemise, le seau cité par jbambaggi. Je me pose la question, car vous dites que vous êtes perturbé et que dans un tel état, les choses nous échappent des mains. Auquel cas, vous seriez renvoyé à « laisser tomber » ou « faire tomber », question traitée ici .
Je n’ai pas dit que renmak12 parlait de tomber le masque, etc. Ma réponse commence par : « On peut parfaitement dire En ce moment, je tombe tout. »
On peut bien entendu dire faire tomber ou laisser tomber, c’est même l’emploi le plus fréquent aujourd’hui. Mais, j’insiste, il est correct de dire tomber un objet, ce qui était la question posée.
Dans la précédente réponse, je cite plusieurs emplois transitifs de tomber comme tomber le masque, tomber la veste, etc., dans le but de faire une réponse le plus exhaustive possible. Mais je cite surtout l’emploi attesté par le CNRTL de la forme : tomber un objet.
Pour être plus clair. On dit le plus souvent : tu as fait tomber ta fourchette. Mais on peut parfaitement dire aussi tu as tombé ta fourchette. Le CNRTL dit que c’est une expression vieillie… Mais cela revient en force dans le langage parlé et, puisque c’est licite, on peut parfaitement l’employer à l’écrit. La citation où il est question de « tomber les seaux dans le puits » est de Giono… L’article complet du CNRTL se trouve ici (2e section, emploi transitif, vers la fin de l’article).
Je n’interviens plus beaucoup et apprécie de loin la qualité de vos réponses ainsi que de celles de nouveaux contributeurs réguliers. Mais je suis surpris par votre réponse ici.
Le TLFi (via le CNRTL) est une source irremplaçable mais est un ouvrage spécialisé : il s’appelle trésor (thésaurus) car il n’est pas vraiment un dictionnaire d’usage à utiliser pour la langue courante, écrite ou parlée. On y trouve de tout et les citations doivent être soupesées à peine de créer parfois la confusion.
En l’occurrence, dire que tomber quelque chose est parfaitement acceptable est trompeur : dans la majorité des cas courants, cela sera sanctionné par l’environnement comme grossièrement fautif, à l’image d’une autre tournure comme échapper le ballon (pour laisser échapper). L’exemple de Giono est une citation d’un personnage (parlant un langage très rustique) et tomber le masque ou les cœurs sont des expressions figées isolées et de sens figuré.
Je n’ai rien contre les évolutions de la langue, mais il reste indispensable de séparer les registres. Ce n’est pas toujours simple.
Loin de moi l’idée de dire que vous n’avez pas voulu dire… De plus, vous citez des sources. C’est curieux, parce qu’une fois le message envoyé, je me suis dit que j’aurais pu vous remercier d’avoir donné toutes ces informations dont certaines m’étaient inconnues. Cela me rappelle une fois où je remerciais quelqu’un pour sa réponse et l’auteur de la question n’a pas compris.
Quelques fois, je trouve beacoup de charme aux expressions vieilies ; dans le cas présent, j’ai de la peine à suivre. Je vois bien que le langage d’aujourd’hui est très relâché, raison pour laquelle je trouve cette plateforme remarquable. Je l’ai déjà dit plusieurs fois, certains experts remettent l’église au milieu du village et cela me fait du bien. D’un autre côté, être créatif dans une langue est aussi appréciable.
Donc, je fais comme j’avais pensé le faire, je vous remercie pour toutes les informations données. J’espère ne pas vous avoir fâché.
…et loin de moi l’idée de me fâcher ! Je croyais simplement que vous n’aviez pas vu une partie de ma réponse et tenais à préciser ce que j’avais voulu dire.
A l’oreille, la construction donne une impression de langage familier. Ce qu’elle n’est pas, c’est même le contraire, et c’est ce que j’ai voulu souligner.
Nous acceptons « tomber le masque » mais pensons que « tomber la chemise » est du registre familier.
Une expression vieillie revient au goût du jour par l’expression orale, pourquoi ne l’accepterions-nous pas ?
Bonjour, pour intéressante et documentée qu’elle soit, je ne suis pas certain que la réponse de jbambaggi réponde de façon appropriée à la question de renmak12. Pour que les choses soient tout à fait claires, je pense qu’il faut préciser que l’emploi du verbe tomber sous cette forme transitive (tomber quelque chose au sens de laisser tomber) est certes possible mais d’un registre très particulier (littéraire ou poétique, ou pour faire un effet de style). En langage usuel (parlé ou écrit) et dans le contexte précisé dans la question (une personne perturbée qui fait tomber ou laisse tomber des choses), on ne dira pas je tombe tout qui serait perçu comme une bizarrerie, voire une faute de français, mais je fais tout tomber, tout m’échappe des mains, ou encore, si l’on veut donner une connotation un peu humoristique, tout me saute des mains.
Comme j’ai demandé une nouvelle fois à emprunter l’ascenseur qui mène aux « amateurs éclairés », je ne peux plus mettre d’observations, jbambaggi. Je suis soulagée de ne pas vous avoir offusqué. Il est sûr que j’ai lu votre réponse jusqu’au bout et que trouvant qu’elle ne répondait pas au sens que je donnais à la question de renmak12, j’ai proposé autre chose. Et, je vous rassure, tomber la chemise ou tomber la veste sont des expressions que je connais. C’est celle des seaux et son sens que je ne connaissais pas.
Je remercie ChristianF, que je retrouve avec plaisir, pour ses précisions. Elles abondent dans mon sens. Il est plus pointu que moi. Et j’aime bien ces choses qui « sautent » des mains !
En ce qui concerne cette dernière expression, je me dis que si une chose saute des mains, c’est qu’elle y a trouvé appui (pour sauter, il faut d’abord s’appuyer sur une base), or quand on est perturbé, les choses sont simplement attirées vers le sol par leur propre poids, les mains ne sont plus là ; elles glissent des mains.
Chambaron, quel plaisir de vous lire ! Cela devient si rare… Permettez-moi de vous dire que vous me manquez. Je saisis l’occasion pour vous remercier des innombrables réponses, toujours très complètes, que vous m’avez données. De temps en temps, je relis les questions que j’ai posées sur cette plateforme et m’aperçois que je n’ai pas tout assimilé. Je ne sais plus quand je vous ai remercié, vous et toute l’équipe, de votre aide, mais je le refais maintenant. Et, donc, au plaisir de vous lire à nouveau !
J’ai été absent quelques jours et je découvre que ce fil s’est enrichi…
Je voudrais commencer par citer le commentaire de Chambaron, dont les avis que j’ai eu l’occasion de lire (pas mal en fait, en visitant ce site) sont toujours pesés : « dire que tomber quelque chose est parfaitement acceptable est trompeur : dans la majorité des cas courants, cela sera sanctionné par l’environnement comme grossièrement fautif (…) » (souligné par moi).
Chambaron a raison. Nous avons déjà eu l’occasion, sur un autre fil, de parler de cet aspect. Il est vrai que, justement pour cette raison, je n’aurais personnellement pas employé tomber de cette façon – pour éviter remarques et courriers. Ecrire, c’est aussi tenir compte de ceux qui vous liront en rusant pour rester correct sans les choquer.
De ce point de vue, Zully et ChristianF ont eu raison de me reprendre : je n’ai sans doute pas très bien conseillé renmark12 en ne lui signalant pas davantage cela. Et donc, s’il revient sur ce fil, il faut effectivement qu’il sache que tomber quelque chose risque fort d’être considéré comme fautif par ceux auxquels il s’adresse ou, au moins, comme familier.
Pourtant… l’emploi transitif de tomber, au sens donc de faire tomber, est licite puisqu’il a donné les expressions « tomber le masque », « tomber les coeurs » qui ne sont pas vraiment du registre familier. Pourquoi un tel emploi ne peut-il pas revenir d’une façon plus générale ? Ce serait une façon de lutter contre cette tendance à la complication de la langue – qu’on songe à l’erreur si fréquente de l’emploi du subjonctif après après que : l’erreur n’a pas été d’employer l’indicatif après avant que… Ou encore l’emploi intransitif de se rappeler : l’erreur n’a pas été l’emploi transitif de se souvenir. L’erreur commise va dans le sens de la complication au lieu d’aller dans le sens de la simplification. De ce fait, nous risquons de devoir bientôt tous dire : « je me rappelle de quelque chose » (tournure fautive) parce que tout le monde croirait que c’est « je me rappelle quelque chose » qui est fautif…
Laisser tomber ou faire tomber, deux verbes au lieu d’un seul. Toujours aller vers une complexification inutile. Mais ce n’est peut-être pas le lieu de telles interrogations. Je suis assez nouveau ici et je ferai davantage attention (:
Bonjour jbambaggi,
Je ne sais que dire au sujet des choses dites compliquées en français. J’aime la richesse de la langue, ses subtilités. C’est pour cela que je viens sur cette plateforme. Bien sûr que les choses, dans la vie, devraient être simples et claires, mais les nuances, les tournures… C’est tellement beau ! C’est vrai que parfois c’est compliqué, mais j’aime l’effort et quand j’ai réussi à m’enrichir, c’est un plaisir incomparable. Je ne vois pas pourquoi, du fait que bien des choses se relâchent, on devrait aller dans ce sens. J’aime aussi inventer des mots et jouer avec eux, mais la structure d’une langue est le reflet de l’esprit de celui qui la parle.
Bonjour Zully.
Ce ne sont pas les complications de la langue française qui me posent problème : en général, elles ont d’excellentes raisons d’être. Non, ce que j’ai pointé, ce sont les « complications » inutiles, voire fautives.
Je reprends mes exemples. Après après que, il faut l’indicatif – et c’est bien normal puisque l’événement qui suit est supposé être déjà passé. Après avant que, il faut le subjonctif – là encore, rien que de de très normal puisque l’événement qui suit est supposé rester à venir.
Mais la symétrie entre les deux locutions conduit un très grand nombre de gens à unifier les modes employés. On aurait pu croire que c’est le mode le plus « simple » (l’indicatif) qui aurait été choisi, mais non, c’est le subjonctif. Du coup, la tournure fautive (après que + subjonctif) est tellement fréquente que ce sont ceux qui ne se trompent qui sont considérés comme étant dans l’erreur. Du coup, il faut se contorsionner pour réussir à s’exprimer correctement sans pour autant donner l’impression d’être en faute (utilisation de l’infinitif ou du passé antérieur de de l’indicatif parce qu’il ressemble au plus que parfait du subjonctif: après avoir fait telle chose , ou après qu’il eut fait telle chose, sans le circonflexe). Cette évolution est tellement lourde que la norme finira peut-être par donner après que + subjonctif, alors que ce serait tout à fait illogique.
Pour en revenir à tomber, l’usage transitif existe (ne serait-ce que dans les expressions tomber le masque, tomber les coeurs, sans connotation familière particulière). Il est plus simple. Mais il faudrait utiliser une forme bien plus compliquée (faire tomber ou laisser tomber) qui utilise deux verbes au lieu d’un pour dire la même chose (les nuances entre les trois seraient absolument imperceptibles). Est-ce le résultat d’une « bonne » évolution ?