Emploi du subjonctif imparfaif dans une phrase au conditionnel
Bonjour,
Je me pose une question quant à l’utilisation de l’imparfait du subjonctif dans une phrase dont la proposition principale est au conditionnel.
(Admettons que je rédige ce message antérieurement au 21 février 1901.)
Lorsque le verbe de la proposition principale est au conditionnel, le verbe de la proposition subordonnée COD de ce verbe doit être au subjonctif imparfait :
« J’aimerais que tu attendisses. »
Or, si le verbe n’est pas directement lié au conditionnel ; par exemple, si on ajoute une proposition subordonnée au verbe « attendisses », à quel temps faut-il alors le conjuguer : au présent ou à l’imparfait du subjonctif ?
« J’aimerais que tu attendisses que je revienne/que je revinsse. »
Même question avec une proposition subordonnée conjonctive circonstancielle : « Il faudrait que tu m’aidasses pour que je puisse/que je pusse le faire. »
Je sais que, de nos jours, l’emploi de l’imparfait du subjonctif n’est plus en vigueur, et que d’aucuns (pour ne pas dire tout le monde) me diraient que les deux sont corrects ; mais ce message est à considérer comme s’il avait été rédigé à une époque où l’imparfait du subjonctif était encore populaire.
Merci de votre aide.
Bonsoir E_Man,
Il s’agit d’appliquer la règle de la concordance des temps et pour cela situer l’action de la subordonnée par rapport à celle de la principale.
J’aimerais que tu attendes que je revienne.
J’aimerais que tu attendisses : J’aimerais, conditionnel présent dans la principale, appelle un subjonctif dans la subordonnée.
Que tu attendisses est la subordonnée qui me semble indiquer une action simultanée voire postérieure à l’action de la principale .
Aussi le verbe me semble devoir être au subjonctif présent : j’aimerais que tu attendes.
Ou au passé : j’aurais aimé que tu m’attendisses (imparfait du subjonctif si l’action est simultanée) ou que tu m’eusses attendu (plus-que-parfait du subjonctif si l’action est antérieure à la principale.
Si l’on ajoute une subordonnée à cette subordonnée, la règle s’applique de la même façon : J’aimerais que tu attendes que je revienne.
Si c’est la subordonnée qui devient dans ce cas principale est au présent, et si l’action de la deuxième subordonnée est simultanée ou postérieure, on utilise aussi le subjonctif présent : J’aimerais que tu attendes que je revienne.
Au passé : j’aurais aimé que tu attendisses que je revienne ou j’aurais aimé que tu eusses attendu que je fusse revenu.
Votre réponse me semble pertinente, mais l’arrêté dit : « On tolérera le présent du subjonctif au lieu de l’imparfait dans les propositions subordonnées dépendant des propositions dont le verbe est au conditionnel présent : Il faudrait qu’il vienne ou qu’il vînt. » (http://www.academie-francaise.fr/limparfait-du-subjonctif)
Cela ne signifie-t-il pas qu’auparavant il était attendu avec le conditionnel présent, et non seulement avec le conditionnel passé ?
J’ai relu le texte de l’Académie et, vous avez raison, l’imparfait était préféré avant 1901, après un conditionnel.
Je me pose la question de la valeur de ce conditionnel, et pour cela il faudrait connaître le texte dans sa globalité.
En effet on utilise parfois le conditionnel présent pour évoquer un événement du futur par rapport à un événement situé dans le passé. Le conditionnel n’a pas de valeur du mode conditionnel et correspond alors au futur du passé : Il déclara qu’il aimerait que tu attendisses, forme passée de il déclare qu’il aimera que tu attendes.
Ainsi, si cette phrase s’inscrit dans un contexte passé, on peut dire qu’il s’agit du futur du passé, et donc, selon les règles de la concordance des temps, le verbe de la subordonnée sera à l’imparfait du subjonctif comme avant 1901, et comme on peut l’écrire encore aujourd’hui, même si le présent est toléré.
Pourtant, dans Dom Juan de Molière, un personnage dit : « Voudriez-vous que je commisse un tel péché ? »
Le conditionnel n’a ici pas la valeur du futur dans le passé, et le verbe commettre semble indiquer une action simultanée ou postérieure.
Oui il s’agit bien du conditionnel qui marque un désir atténué.
L’imparfait du subjonctif peut se justifier par l’antériorité de l’action de commettre un péché par rapport à la principale.
De nos jours, l’imparfait du subjonctif n’est plus utilisé après une principale au conditionnel présent.
Une petite illustration de la bonne concordance conditionnel (principale) / Subjonctif (subordonnée) :
dans la pièce « Le Souper », de Jean-Claude Brisville, le personnage de Talleyrand corrige le personnage de Fouché : on ne dit pas « Je voudrais que l’on m’ouvrît la porte », on dit » Je voudrais que l’on m’ouvre la porte ». L’action de la subordonnée est ici simultanée par rapport à celle de la principale, donc pas d’imparfait du subjonctif… Le verbe de la principale est au conditionnel présent et le verbe de la subordonnée doit suivre.
En revanche : « J’aurais voulu que l’on m’ouvrît la porte », nécessaire… et magnifique !
Ecco.