Elle m’a laissée croire ou laissé croire ?
Bonjour,
Comment accorder le verbe « laisser » dans le contexte de la phrase suivante ?
« Ce produit n’est pas bio, contrairement à ce que la vendeuse m’a laissée croire (ou laissé croire). » ?
Sachant que je suis une femme.
La réforme de l’orthographe de 1990 a introduit l’invariabilité du participe passé de laisser quand il est suivi d’un verbe à l’infinitif, tout comme l’est déjà le verbe faire : Quant à ma fille, je l’ai laissé choisir. C’est ma maison, je l’ai fait construire.
Ce produit n’est pas bio, contrairement à ce que la vendeuse m’a laissé croire (ou laissée croire : ancienne orthographe puisque vous êtes une femme).
Bonjour Joelle,
Accord du pp ou invariabilité, les deux sont donc admis ?
Merci pour votre retour
L’ancienne orthographe préconisait l’accord (elle a laissé qui ? moi, croire quelque chose) ; les rectifications de 1990 sont en vigueur mais elles ne sont que des suggestions… Personne ne peut vous compter une faute.
Comme les auxiliaires ne sont jamais eux-mêmes conjugués avec l’auxiliaire « être », et n’ont jamais de COD, ils sont logiquement invariables.
Est-ce que la vendeuse m’a laissée ? Non, elle m’a laissé croire. Le verbe « laisser » est ici utilisé comme auxiliaire du verbe « croire ». C’est pourquoi il est invariable.
Cette évidence a été combattue longtemps par les auteurs de manuels scolaires et les autorités officielles, qui voyaient de façon idiote un COD dans l’agent de l’infinitif (la vendeuse a laissé qui, elle a laissé moi, elle m’a laissée…), mais ce petit combat a été gagné par les grammairiens en 1990. On peut désormais sans craindre les foudres de l’État et les mauvaises notes des examinateurs, écrire logiquement « la vendeuse m’a laissé croire » comme on écrit « la vendeuse m’a fait croire ». L’ancienne écriture officielle préconisant l’accord, infondée, disparaîtra d’elle-même avec tous ceux qui l’avaient arbitrairement inventée.