Dialogue – narration
Bonjour à tous,
J’aimerais savoir comment insérer de la narration dans un dialogue (incise ?). Pouvez-vous m’indiquer la règle à suivre, merci.
Par exemple :
— […] J’ignore même s’il est encore en vie ! J’ignore comment il va ! Elle haletait, les yeux rougis. Et vous voulez que j’attende ici sagement ? N’avez-vous pas de compassion ?
— Madame…
— Il est ma seule famille. Elle sortit un mouchoir brodé de sa poche et le pressa contre son visage. J’irai. Avec ou sans vous.
Ou
— […] J’ignore même s’il est encore en vie ! J’ignore comment il va !
Elle haletait, les yeux rougis.
— Et vous voulez que j’attende ici sagement ? N’avez-vous pas de compassion ?
— Madame…
— Il est ma seule famille.
Elle sortit un mouchoir brodé de sa poche et le pressa contre son visage.
— J’irai. Avec ou sans vous.
Un des principes de la présentation des dialogues est que le tiret (cadratin) marque le changement d’interlocuteur. Il ne faut donc pas en insérer alors que le même personnage continue de parler.
Votre seconde présentation est donc confuse et on ne perçoit plus qui a la parole. Imaginez ce que cela donnerait avec trois personnages ou plus : cela deviendrait franchement illisible.
D’une manière plus générale, il vaut mieux éviter de larder le discours direct d’éléments externes de narration et utiliser de préférence des incises de dialogue, brèves et expressives.
Exemple réécrit :
— […] J’ignore même s’il est encore en vie ! J’ignore comment il va ! soupira-t-elle en haletant, les yeux rougis. Et vous voulez que j’attende ici sagement ? N’avez-vous pas de compassion ?
— Madame…
— Il est ma seule famille, poursuivit-elle en sortant un mouchoir brodé de sa poche et en le pressant contre son visage. J’irai. Avec ou sans vous.
À partir d’une certaine longueur de discours indirect, il devient néanmoins nécessaire de « casser » la présentation du dialogue (avec des guillemets par exemple). On passe à la ligne et on recommence plus loin une autre séquence.
Ce dosage n’a rien d’automatique et appartient au style de l’auteur. Comme correcteur, en vingt ans, j’ai constaté une forte inflation du volume des dialogues dans les ouvrages de fiction (romans, nouvelles, récits) par rapport aux ouvrages des XIXe et XXe siècles. Cela pose à la longue un problème global : les deux types de narration ayant des buts différents, ils finissent par se parasiter s’ils sont trop entremêlés.