des start-up ou des startups ?
Bonjour,
Pour une synthèse de livre, je dois impérativement utiliser le nom « start-up » et non « jeune pousse », comme le préconise l’Académie française.
Comment l’écrire ? Start-up ou, selon les Rectifications de 1990, « startup » ?
Quant au pluriel, les dictionnaires suggèrent l’invariabilité, des start-up. Mais j’ai lu aussi « des startups ».
Quel est votre avis ?
Merci de votre éclairage.
Bonjour Laurence,
Il y a plusieurs façons d’écrire ce nom. Soit avec un trait d’union ou la soudure. Pour ce qui est du pluriel, si vous décidez de le lier, il faut obligatoirement l’écrire au pluriel « des startups » ; si vous décidez de l’écrire avec un trait d’union, vous avez le choix « des start-up » ou « des start-ups ou des starts-up »
Les dictionnaires en ligne Wikidictionnaire et l’Internaute donnent toutes les possibilités que je vous ai mentionnées.
Personnellement, je privilégierais la soudure, et donc le « s » au pluriel.
Bonne journée.
Bonsoir Laurence,
Comme à l’accoutumée en pareil cas, je me suis livré à une enquête dans des textes et ouvrages de référence (tout en regrettant que vous ne puissiez pas employer le néologisme officiel jeune pousse*, créé par la Commission de terminologie et de néologie, à laquelle j’ai appartenu).
1. Concernant le trait d’union
Le Dictionnaire de l’Académie (9e éd., art. Pousse,2), le Grand Robert de la langue française de 2017, le Larousse en ligne et le Grand Larousse illustré de 2015 ont tous enregistré uniquement start-up (avec un trait d’union donc==> sans soudure/agglutination).
2. S’agissant du pluriel
Le premier de ces dictionnaires ne se prononce pas sur ce point.Les trois autres précisent que start-up est un mot féminin invariable.
NB 1 : Si quelqu’un n a des éléments qui contrebalanceraient ceux-là, je suis, bien entendu, preneur.
NB 2 : Il Il n’est pas certain que les règles concernant l’écriture des mots empruntés à une langue étrangère (et relatives au trait d’union ainsi qu’au pluriel de ces mots), évoquées par les R.O. du 6 décembre 1990 auraient été appliquées par les réformateurs à l’américanisme start-up, sachant que les dictionnaires cités ci-dessus n’admettent pas du tout la graphie startups.
Ma conclusion : Compte tenu de tout ce qui précède et à défaut de pouvoir écrire ici jeunes pousses, j’écrirais les/des start-up, seule graphie admise par d’importantes références dictionnairiques.
Cordialement
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* Extrait du site officiel France Terme :
« Jeune pousse
Journal officiel du 28/07/2001
Domaine :ÉCONOMIE ET GESTION D’ENTREPRISE
Définition :Jeune entreprise innovante et dynamique, à croissance rapide.
Note :Les jeunes pousses se rencontrent en particulier dans les secteurs de pointe tels que la biotechnique et les techniques d’information.
Voir aussi : Entreprise naissante
Équivalent étranger : start-up (en). »
La Mairie de Paris n’utilise pas le pluriel à start-up et je l’écris donc ainsi dans mes notes.
Je ne mettrais pas de majuscule à mairie… 😉
Bonjour Zully,
Il s’agit de l’avis de la Commission de terminologie et de néologie* publié au Journal officiel de la République française (J.O.R.F. ) du 28 juillet 2001 et intitulé « Vocabulaire de l’économie et des finances (liste de termes, expressions et définitions adoptées » (pour « jeune pousse » et « start-up », voyez p. 12244, 12246 et 12248). Ce néologisme officiel (on écrit aussi (« terme officiel ») a été approuvé, comme les autres, par l’Académie française (avant d’être publié). Son emploi est obligatoire dans les services de l’Etat et ses établissements publics et officiellement recommandé à tout un chacun.
On remarquera que le seule graphie employée, dans ces trois pages, pour l’américanisme que jeune pousse est destiné à remplacer est start-up, ce qui exclut startups (qui ne comporte pas de trait d’union), comme l’exclut la seule graphie (start-up) retenue par, entre autres, le Dictionnaire de l’Académie française, le Grand Robert, le Larousse en ligne et le Grand Larousse illustré (de 2015). A cet égard, il n’est pas certain que les réformateurs de 1990 auraient écrit « startups » , sachant que les dictionnaires écrivaient uniquement start-up (au sing., en ce qui concerne ces quatre dictionnaires ; au pluriel, s’agissant des trois derniers cités).
D’autres publications n’emploient que « start-up », par ex. le fascicule « Vocabulaire de l’économie et des finances » publié sous l’égide de cinq ministères (cf. p. 143).
N.B. : Dans ce fascicule, il est recommandé d’employer les termes officiels « à tout locuteur soucieux de s’exprimer en français ».
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* Placée sous l’autorité du Premier ministre et dénommée aujourd’hui « Commission d’enrichissement de la langue française ».
Bonjour Prince,
Les dictionnaires que vous citez écrivent tous « hold-up » invariable. Pourtant les réformateurs de 1990 ne les suivent pas et écrivent « holdups ». Se fichent-ils des dictionnaires en question ?
Quelle différence faites-vous entre « holdups » et « startups » ? Excusez-moi, à moins d’être de mauvaise fois, c’est exactement la même composition. Nul doute qu’ils auraient tranché en faveur de la soudure et de la variabilité. J’ai la même analyse que Marc Raynal par ailleurs.
Après libre à vous d’interpréter comme vous le voulez (je respecte votre vision et j’apprécie votre talent), mais bon, sur ce point, c’est un peu forcer la main si je puis dire.
Bonne journée 🙂
Bonsoir Tony,
On ignore (n’en déplaise à Marc – dont j’apprécie beaucoup le site par ailleurs) si les auteurs du rapport de 1990 iraient à l’encontre des dictionnaires
D’ailleurs, plus je fais des recherches, plus je trouve des éléments en faveur de la graphie invariable et comportant un trait d’union (qui viennent donc s’ajouter notamment aux quatre ouvrages dictionnairiques que j’ai déjà cités) :
– le « Girodet » écrit : « Hold-up […] invariable : des hold-up. » ; or « à moins d’être de mauvaise foi, c’est exactement la même composition » ; 🙂
– – selon le Dictionnaire des difficultés Bescherelle (2011, p. 417) , le mot start-up est également invariable.
Tony, en fait, je pense qu’il faut distinguer deux questions :
– que vaut l’argument de Marc (qui est aussi le vôtre) ? Force est de reconnaître qu’il présente un intérêt certain, encore que l’on ne puisse pas préjuger avec certitude ce qu’auraient écrit (je ne sais même pas si le problème aurait pu se poser en 1990) ou qu’écriraient actuellement les réformateurs de cette année-là ;
– que faut-il recommander aujourd’hui d’écrire, des start-up ou des startups ? Il apparaît très difficile de conseiller à tous d’écrire (sauf à leur faire risquer fort de prêter le flanc à la critique) des startups, puisque tous les dictionnaires (de langue générale ou des difficultés) consultés retiennent, pour le pluriel, la graphie start-up (donc avec un trait d’union et sans la marque du pluriel) et non l’orthographe startups.
Il convient de relativiser l’importance de cette question orthographique. En effet, il faut écrire ou il est préférable d’écrire (selon le cas) jeune pousse ou licorne selon la taille de l’entreprise. Au demeurant, Laurence aurait écrit jeunes pousses si elle n’avait pas dû « impérativement utiliser le nom start-up et non jeune pousse, comme le préconise l’Académie française ».
Bonne soirée ! 🙂
Merci beaucoup et bonne journée
Laurence
Merci de vos explications. En effet, j’ai tendance à suivre prioritairement Le Petit Robert, voire le dictionnaire Larousse.
Mais dans ce cas précis, j’ai pour obligation d’utiliser le terme anglais et non sa traduction française.
Bonne journée
Laurence
Je ne connais pas du tout le contexte dans lequel vous utilisez le mot, Laurence, mais, vous pourriez faire une petite note… Cela peut toujours être utile.
Bonne chance !
Je ne sais pas ce que veut dire « il y a dictionnaire et dictionnaire » .. Ça voudrait dire qu’il y a de bons et de mauvais dictionnaires ? C’est sûrement vrai, comme il y a de bons et de mauvais grands maîtres.
J’ai trouvé un article intéressant à ce sujet. Allez voir le très respectable site « Parler français » que je cite :
Emprunté de l’abréviation de start-up company (de to start up, « démarrer, lancer », et company, « société », d’où « société qui démarre »), cet anglicisme a fait florès à la fin des années 1990 pour désigner une jeune entreprise à fort potentiel de croissance, dans le secteur des nouvelles technologies. Start-up a beau prendre la marque du pluriel dans son pays d’origine (start-ups, d’après le P’tit Dico du journal Le Monde), les dictionnaires usuels s’en tiennent à l’invariabilité de ce côté-ci de la Manche, comme c’est du reste le cas pour tous les mots composés en -up (hold-up, check-up, pin-up, etc.). Est-il nécessaire de préciser que l’on parle là de graphie traditionnelle ? Nul besoin de sortir de Saint-Cyr pour supposer que les réformateurs de 1990, s’ils avaient eu à débattre de notre affaire, auraient opté selon toute vraisemblance pour des startups, à l’instar des pluriels rectifiés holdups, checkups, pinups.
Si l’Académie approuve le principe – « Les mots d’origine étrangère prennent les marques normales du français (accents, pluriels) quand ils sont intégrés à notre langue. On écrit ainsi des spaghettis, des scénarios, des forums, des chichekébabs, etc. » –, Larousse et Robert n’en ont cure dans le cas présent… à cela près que l’invariabilité de start-up n’est curieusement pas mentionnée dans le Dictionnaire historique de la langue française, pourtant édité par Robert. Simple oubli ou prémices d’un prochain revirement ?
Ce qu’il conviendrait de dire
– Les créateurs de start-up (graphie traditionnelle, préconisée par Larousse et Robert) ou de jeunes pousses.
– Les créateurs de startups (graphie réformée).
– Les créateurs de start-ups (selon l’usage anglais). »
In fine, la position du dictionnaire Larousse n’est pas pertinente puisque ce meme dictionnaire écrit (comme le précise bien Marc Raynal, responsable du site Parler français) : sandwichs, spaghettis, des scénarios, des forums, etc.
Ce sont le même genre de mots empruntés à l’anglais. Donc la position des dictionnaires Wikidictionnaire et l’internaute suit celle des réformateurs de 1990. Je pense qu’il vaut mieux franciser ce mot comme tout les autres, pourquoi serait-il une exception ? D’ailleurs, même en anglais il prend la marque du pluriel donc ..
Bonne soirée. 🙂
C’est*
Comme tous les autres? 🙂
Comme tous les autres mots empruntés à l’anglais. Tous s’écrivent au pluriel lorsqu’ils sont francisés, pourquoi celui-ci ne pourrait pas l’être ? Allez lire l’article du site « Parler français » à ce sujet, ça fera contrebalancer ce que disent les autres contributeurs. Les noms empruntés à l’anglais doivent toujours prendre la marque du pluriel (du moins peuvent), mis à part les adjectifs. Nul doute que les réformateurs de 1990 auraient tranché de mon côté, ils n’auraient pas fait d’exception pour un mot, aucun intérêt. D’ailleurs ce même dictionnaire (Larousse) propose trois orthographes pour le pluriel de rugbyman, rugbymans ou rugbymen. C’est exactement le même principe, pour le coup c’est de la logique…
Je rajoute pour prouver que les réformateurs se seraient rangés de mon côté, qu’ils donnent la possibilité d’écrire « des holdups » au lieu de la graphie traditionnelle « des hold-up », bien que le dictionnaire Larousse le donne invariable. Donc il va de soi qu’ils n’auraient pas fait d’exception. Il n’y a aucune différence d’orthographe entre « hold-up » et » start-up ». Donc il est évident que s’ils ont toléré la graphie « holdups », ils auraient accepté « startups ». Pour le coup, si ce n’est pas de la logique, de la cohérence, je suis chinois. 🙂
Merci à tous !
Ce qui nous rapproche, c’est finalement la défense de cette belle et riche langue française.
Bonne soirée et encore merci
Laurence
Exact !
Bonne soirée.