Des pro-palestiniens
Bonjour,
Doit-on mettre une majuscule aux nationalités après « pro » ?
Exemple :
Des pro-palestiniens ont…
En matière de majuscule (mais aussi de ponctuation, d’italique, même de trait d’union, il est inutile de consulter les dictionnaires dont la vocation est d’expliquer le sens des mots et comment les écrire avec des lettres (ortho-graphie) mais pas avec des « types » d’imprimerie (typo-graphie). Cette dernière est affaire de pratique contextuelle, pas de normes académiques. L’Académie française a toujours considéré cela avec dédain.
Cela étant, chez les typographes (Édition, Presse), la pratique courante est de faire chuter une majuscule dès que le mot concerné est incorporé dans un nom composé. Le mécanisme est simple et général : un vin des côtes du Rhône, un côtes-du-rhône.
Donc un pro-palestinien, un pro-russe, un pro-anti-américain, etc.
En dehors d’un principe clair, vous pourrez toujours remuer toutes les sources, elles ne mèneront qu’à la cacophonie.
Bonjour,
Cette construction est essentiellement adjectivale au même titre que procommuniste, progouvernemental. Être proeuropéen ou propalestinien, ce n’est pas être exclusivement en faveur de personnes qui sont des Européens ou des Palestiniens, mais être surtout en faveur d’une cause au travers de ses représentants. Cela reste donc des adjectifs et la majuscule ne se justifie pas. Par ailleurs, avec un préfixe d’origine grécolatine, l’usage moderne fait disparaître le trait d’union.
Dans la mesure où pro-palestiniens se glose par qui est pour les Palestiniens, il pourrait sembler logique de mettre une majuscule, mais ça n’est pas l’usage. Voir l’entrée pro- du Tlfi qui donne bien ces composés pro + ethnonyme sans majuscule. En revanche, la majuscule est bien conservée avec les noms propres : pro-Moscou, pro-Nastase, pro-Gaillard.
Merci pour cette réponse, le Tlfi met bien une minuscule quand le pro-… est considéré comme adjectif mais une majuscule pour le nom :
ex : les pro-Haïtiens
Oui, ils citent un article du Point qui utilise la majuscule ; dans l’entrée anti- on trouve une citation avec des substantifs non majusculés :
D’Estrème est avant tout un anti, nous explique-t-il. Antianglais, antiallemand, antirusse, etc…« (Abellio, Heureux les pacifiques, 1946, p. 360).
D’un point de vue morphologique, l’absence de majuscule peut se comprendre/défendre : ces composés sont d’abord des adjectifs qui varient typiquement en genre et en nombre, et on voit alors que la glose que j’ai proposée ci-dessus ne fonctionne pas :
Des prises de positions pro-palestiniennes > Des prises de positions pour les / en faveur des Palestiniennes.
Lorsque l’adjectif est composé d’un nom propre, il reste atypiquement invariable, et la glose fonctionne :
Des prises de positions pro-Chirac > Des prises de positions en faveur de Chirac.
Donc, le composé pro + ethnonyme substantivé se trouve dans une situation « bâtarde », ce qui explique sans doute la fluctuation dans l’usage. Pour une première impression de cet usage (évidemment grossière), voir ce ngram.
(D’ailleurs, dans l’emploi substantif (question de la majuscule mise à part), diriez-vous C’est un pro-palestinien, ou Cest un pro-palestiniens ?
Et pour une femme ? Une pro-palestienne ? Une pro-palestiniens ? )