Des déguisements de princesse (sans s) mais des costumes de bagnards (avec un s)
Bonjour,
Je m’interroge sur l’accord des noms « des costumes de bagnards » ou « des habits de paysans« , mais des uniformes de militaire (sans « s ») et des costumes de princesse (sans « s » non plus)… quelle est la règle qui explique cette différence ? Merci de vos lumières !
Dans ces groupes nominaux, « de » n’a pas forcément le même sens :
– Il introduit un complément déterminatif dans :
Des costumes de princesse = des costumes comme en aurait une princesse
Des costumes de chevalier = des costumes comme en porterait un chevalier
Elles portaient des habits de princesse – il avait plusieurs capes de sorcier
On choisira dans ce cas le singulier généralisant pour le complément du nom.
– Il indique la possession, l’appartenance :
Des uniformes de militaires – des habits de paysans : a priori il s’agit d’uniformes appartenant à de militaires, d’habits appartenant à des paysans. Le pluriel du complément du nom est de rigueur.
Cependant, si le contexte est un bal déguisé par exemple, on peut écrire : certaines personnes portaient des uniformes de militaire, des habits de paysan parce qu’alors, « militaire » et « paysan » déterminent le type de vêtements.
Merci de votre réponse néanmoins je demeure toujours perplexe, si on peut dire « des costumes tels qu’en porterait un chevalier », pourquoi ne peut-on pas dire « des costumes tels qu’en porterait un bagnard » ou « des habits tels qu’en porterait un paysan » ? Je ne suis toujours pas à l’aise avec l’explication de cette règle.
Du coup des uniformes de militaires (avec un s) m’interpelle aussi, je pensais que quand il s’agissait d’une fonction (comme des tenues de pompier) on n’accordait pas. ???
Il n’y a pas de règle absolue (dixit la BDL), je dirais même qu’il n’y a pas de règle (comme l’avait écrit le très bon Tony, avant d’être banni pour des raisons non liés à sa grande compétence).
La BDL s’est efforcée de dégager quelques critères qui permettent de résoudre quelques cas (ex : des couchers de soleil, mais des boucles d’oreilles), mais qui sont inopérants dans tous les autres (ex. : des salles d’étude ou des salles d’études ?).
Ce qui lui fait écrire : « Mais dans de nombreux cas, l’usage est flottant, l’idée de singularité étant aussi possible que celle de pluralité. »
Et de donner de très nombreux ex. à cet égard, ont ceux-ci :
« Exemples de compléments au singulier ou au pluriel
« Des chapeaux de femme ou de femmes
Une classe, une catégorie d’emploi ou d’emplois
(Au singulier, si on donne au complément d’emploi une valeur adjectivale « relative à l’emploi, en matière d’emploi »; au pluriel : si on met en évidence les divers emplois regroupés dans une classe, une catégorie.)
Une maison de, en brique ou de, en briques
Des offres de service ou de services
(Correct au singulier, même si on dit offrir ses services; au pluriel, si on veut insister sur la pluralité des services offerts.)
Des pattes de mouche ou de mouches
Des poignées de main ou de mains (mais : une poignée de main)
Des toiles d’araignée ou d’araignées
Des vêtements d’homme ou d’hommes »
Pour moi, des tenues rayées de bagnard(s), des habits de paysan(s), des tenues de pompier(s) entrent dans cette dernière catégorie (où il y a beaucoup d’hésitations – et pour cause !) Je note d’ailleurs que la BDL écrit « des vêtements d’homme ou d’hommes », ce qui est, mutatis mutandis, la même chose que des tenues de bagnard(s), etc. Cela dit, j’ai une légère préférence pour le CDN singulier, « générique », « englobant » (des tenues de bagnard).