Depuis + présent
Bonjour,
Que pensez-vous de cette phrase :
« Depuis le 1er septembre 2022, Marc succède à Jean »
Est-ce bien le présent qu’il faut employer ?
Merci.
Je pense que succéder à quelqu’un est une action très brève, qui ne peut pas durer depuis le…
Marc a succédé à Jean le 1er septembre 2022 ou Le 1er septembre 2022, Marc a succédé à Jean.
Sinon, on pourrait dire : Depuis le 1er septembre 2022, Marc succède peu à peu à Jean. En tout cas, il faut ajouter un adverbe : lentement, difficilement, joyeusement, tranquillement, instinctivement….
Cdlt
Le présent convient très bien. C’est simplement un présent duratif.
Il y a dix ans que j’habite ici.
Depuis le 1er septembre Marc succède à Jean.
Quant au verbe succéder il peut être employé avec un sens duratif lui aussi. Il a ici le sens de relayer – se substituer et même remplacer, tout simplement.
Pardonnez-moi Tara, mais je vois mal comment succéder à pourrait être duratif. Pour que la succession soit effective, il faut que le processus ait aboutit, et une fois abouti, le processus est terminé.
On doit en revanche pouvoir envisager un passé composé, dans la mesure où succéder à peut avoir un aspect résultatif (il lui a succédé, il occupe donc à présent son poste) :
« Depuis le 1er septembre 2022, Marc a succédé à Jean ».
Pour moi, en l’absence d’un contexte bien spécifique, on ne peut pas dire de manière compréhensible « Depuis telle date, untel succède à untel ». En revanche, ça peut fonctionner avec remplacer, qui n’est pas un synonyme parfait de succéder. Remplacer peut s’inscrire dans la durée. « Depuis telle date, Machin remplace Bidule. » ne pose aucun problème. On peut prendre la place de qqn pour toujours, après lui avoir succédé… 😉
Je suis de l’avis de Tara et l’Académie également :
Succéder : Posséder après lui une charge, un emploi, une dignité, etc.
La possession n’est en rien un processus. Je dirais même que succéder est plus « duratif » que « ponctuel » .
La hiérarchie commence: Lin succède à Pierre, Clément à Lin, et cette belle chaîne de pontifes, héritiers de l’autorité apostolique, ne s’interrompt plus pendant dix-huit siècles, et nous unit à Jésus-Christ. (Chateaubriand)
Lin succède à Pierre jusqu’à ce que Clément lui succède. Rien de ponctuel ici.
@Ouatitm
Je n’ai pas voulu employer le terme procès que je trouvais un peu trop technique, je pensais que processus passerait mieux (imperfectif/perfectif seraient sans doute plus adéquats que duratif/ponctuel). Extrait du Tlfi :
-
- ext.(dans le domaine du lexique). Verbe perfectif. Verbe qui désigne un procès comportant en lui un seuil au delà duquel il ne peut être que recommencé et non pas prolongé. Synon. transformatif, cyclique. [Entrer est perfectif : une fois qu’on est entré, on ne peut que ressortir pour recommencer l’action; marcher est imperfectif : cette action peut être indéfiniment prolongée]. Il est sans doute utile de distinguer entre des verbes « perfectifs » (pour lesquels l’action n’a pas eu lieu si elle n’est pas portée à son terme, p. ex. tuer) et des verbes « imperfectifs » (dont l’action s’effectue vraiment dès qu’elle a commencé, (…) p. ex. jouer) (H. Sten, Les Temps du verbe fini [indicatif] en fr. mod., Paris, København, 1952, p. 8).
Un procès perfectif peut durer très longtemps. Mourir est un verbe perfectif, pourtant on peut mettre des heures voire des jours à mourir. Mais tant que le procès n’est pas achevé, il n’est pas réalisé, contrairement à un verbe imperfectif dont le procès est réalisé dès son commencement.
Il était en train de chanter quand on a sonné à la porte, alors il s’est arrêté pour aller ouvrir, donc il n’a pas chanté ? Faux. Chanter = verbe imperfectif : procès réalisé dès son commencement.
Il était en train de mourir, mais les secours sont arrivés à temps et ont réussi à le ranimer, donc il n’est pas mort ? Vrai. Mourir = verbe perfectif : procès réalisé uniquement s’il arrive à son terme.
Comment succéder à pourrait-il être imperfectif ? Le Tlfi propose comme définition de ce verbe : Prendre la suite de qq’un. Tout comme succéder à, prendre la suite de est perfectif. Accepteriez-vous : Truc prend la suite de Machin depuis le 1er octobre ?
Quant à la définition de l’Académie, elle montre simplement l’aspect résultatif du verbe succéder à : une fois qu’on a succédé à qq’un / qu’on a pris sa suite (procès achevé), on possède sa charge / on occupe son poste / on le remplace (état résultant).
Merci Marcel, vous avez su expliquer clairement ce qu’on peut ressentir comme différence entre deux mots qui ne peuvent pas être mis vraiment l’un pour l’autre, même s’ils ont des sens approchants. C’est d’ailleurs toute la richesse de notre langue que de posséder autant de possibilités et de nuances !
