Demande de vérification
Bonjour à tous,
Une amie a récemment participé à une dictée organisée localement. J’ai plusieurs doutes sur la phrase suivante…
« Quelles magnifiques émotions m’ont procurées ces excitants jeux Olympiques ! »
Pouvez-vous me dire ce que vous en pensez ?
Belle journée à tous et mille mercis.
Les organisateurs de dictées ont l’art d’empiler des difficultés dont ils ne maitrisent pas toujours les variantes. Ils utilisent souvent une source unique, il suffit de la connaitre. Le raisonnement n’y a pas toujours sa place.
Ici pas de difficulté sur la version présentée à l’exception du classique conflit sur les majuscules de « jeux olympiques » sur lequel je ne m’étendrai pas ici.
Ces excitants Jeux olympiques (sujet) ont procuré … » magnifiques émotions » (COD placé avant) à moi (m’ = COI)
Donc l’accord de procuré… se fait bien avec le COD « émotions » placé avant. ==> procurées
Merci de cette réponse… donc « m’ont procurées » est confirmé ?
Oui, selon la règle encore en vigueur du complément d’objet direct antéposé (ici émotions est C.O.D. de procurer).
Votre amie est probablement du genre à écrire ainsi, sans accorder :
— Ce midi, c’est de la purée que j’ai mangé.
–> Parce que de la purée, « j’en ai mangé », « c’est cela que j’ai mangé », et non « c’est elle que j’ai mangée ».
— Tu as pris une pomme ou une poire ? Une pomme, c’est une pomme que j’ai pris.
–> Parce qu’une pomme, « c’est cela que j’ai pris », et non « c’est elle que j’ai prise ».
— Que de peine j’ai eu à calmer sa fureur ! (Hamlet traduit par Francisque Michel)
–> Parce que de la peine, « j’en ai eu » et non « je l’ai eue ».
— Quelles magnifiques émotions m’a procuré ce spectacle.
–> Parce que de magnifiques émotions, « il m’en a procuré », et non « il me les a procurées ».
–> Parce que de magnifiques émotions, c’est « cela qu’il m’a procuré » et non « c’est elles qu’il m’a procurées ».
Quand le COD est remplaçable par « cela », et qu’il n’est pas remplaçable par un pronom personnel, votre amie ne voit pas au nom de quoi il faudrait considérer ce COD comme étant féminin pluriel, alors qu’on a la preuve par le pronom qu’il est neutre dans cet emploi. Cette approche est assez courante, et la plupart des locuteurs natifs font très naturellement une différence d’accord entre « voici la pomme que j’ai prise » et « c’est une pomme que j’ai pris », entre « je me souviens de la peur que tu m’as faite ce jour-là » et « quelle peur tu m’as fait ce jour-là ! ». Et cependant, les correcteurs se contrefichent du sens dans lequel un mot est utilisé, ou de savoir s’il représente réellement un objet au féminin pluriel, plutôt que son niveau, son type, sa catégorisation. Ils ne font pas la différence entre « les pommes, je les aime » et « les pommes, j’aime cela », entre « une grande émotion, c’est elle que j’ai ressentie » et « une grande émotion, c’est cela que j’ai ressenti »… En situation de dictée, on accorde donc le participe passé, sans tenir aucun compte du sens et de l’approche, mécaniquement selon le genre et le nombre du nom noyau du COD antéposé.