de quoi
Bonjour,
Une petite question, j’aimerais qu’on me rassure…
Dans la phrase « Il sait de quoi il parle », « quoi » est un pronom relatif, non pas un pronom interrogatif ? Comme on pourrait dire « il sait ce dont on parle » mais je préfère la première.
Merci à vous !
Bonsoir,
Je peux te rassurer.
La phrase soumise n’est pas interrogative (absence d’interrogation directe et même indirecte – comme le serait Je me demande s’il sait de quoi il parle). Quoi n’est donc pas un pronom interrogatif, mais un pronom relatif sans antécédent dans cette phrase. Comme vous le savez sans doute, il existe des propositions relatives sans antécédent…
Oui, on pourrait dire : Il sait ce dont il parle.
Bonne soirée.
Les pronoms relatifs sont qui, que, quoi, dont, où.
► Quoi est un pronom relatif qui ne désigne que des choses. Il est toujours précédé d’une préposition et se substitue à quelque chose de vague.
Je sais ce à quoi tu penses.
Il ne se passe rien, il n’y a pas de quoi t’émouvoir.
Je la rencontrerai un jour, c’est sur quoi je compte.
► Quoi rappelle aussi ce qui vient d’être dit :
Il a fait un bon repas, après quoi il est allé faire une sieste.
Ton dossier doit être complet faute de quoi il sera refusé.
Je penche pour un pronom interrogatif.
Je trouve curieux d’analyser différemment :
— « Je demande de quoi il parle » : pronom interrogatif utilisé dans un style indirect
— « Je sais de quoi il parle » : pronom relatif sans antécédent
Est-ce le sens de la phrase qui fait donner des noms différents au même pronom ?
Avec — « Pouvez-vous me dire de quoi il parle », dans quel cas sommes-nous ?
Le TLFi classe les exemples « la religieuse savait à quoi s’en tenir » et « Gilbert devrait comprendre à quoi il s’expose » à la rubrique pronom interrogatif en interrogation indirecte. Je suis tenté de le suivre dans sa logique.
Ainsi on découpe plus clairement les deux utilisations.
* Pronom interrogatif
— « Je sais à quoi il pense. » « Je sais de quoi il parle. »
* Pronom relatif (avec antécédent neutre « ce »)
— « C’est ce à quoi il pense. » « C’est ce dont il parle. »
L’existence du relatif « dont » semble imposer son utilisation dans le cas du pronom relatif : « c’est ce dont je parle » et non « c’est ce de quoi je parle ».
Donc, dans votre cas, il vous suffit de considérer que c’est un pronom interrogatif, et vous aurez justifié votre construction.
J’ai lu chacun de vos commentaires et c’est très intéressant d’avoir des avis différents. Comme quoi j’ai bien raison de me poser la question, car j’hésite encore entre les deux, ça parait évident mais non…
Voici les différents emplois de QUOI.
► QUOI, pronom relatif neutre
1° Avec antécédent.
• a) Cet antécédent est toujours indéterminé: ce doit être un pronom neutre (ce, rien)
ou parfois toute une proposition ou une idée précédemment énoncée. Il est toujours précédé d’une préposition et est complément indirect d’objet, d’attribution ou complément circonstanciel.
Ce à quoi nous songions.
Il n’y a rien à quoi il n’ait pensé.
C’est ce pour quoi je vous ai mandé.
Accourez vite, sans quoi il sera trop tard.
• b) Autrefois, cet antécédent pouvait être un nom de chose exprimé, de tous genres.
Le bonheur après quoi je soupire (CORNEILLE).
2° Sans antécédent, et après une forte ponctuation : quoi a parfois une valeur démonstrative.
En foi de quoi j’ai signé.
Quoi faisant, vous rendrez justice.
Voilà sur quoi je vous laisse. (Mme DE SÉVIGNÉ.)
De quoi. (ce qui est nécessaire ou suffisant pour.)
Donnez-moi de quoi écrire.
Il n’a pas de quoi se vêtir.
Il n’y a pas de quoi, formule populaire de politesse qui répond à un remerciement.
► QUOI, pronom relatif indéfini neutre.
Se construit avec le subjonctif et introduit une proposition concessive: Quelle Que soit la chose que.
Quoi que vous disiez, il admire de confiance.
Quoi qu’il arrive, soyez prudents. –
Quoi qu’il en soit : Quelle Que soit la situation, en tout état de cause.
QUOI QUE CE SOIT. locution de concession employée avec le subjonctif.
► QUOI, pronom interrogatif neutre.
Ne s’emploie que pour interroger sur les choses.
1° Dans le style direct.
• a) Sans préposition. Quelle chose?
Comme sujet.
Quoi de plus riant qu’un splendide paysage ensoleillé?
Quoi de vrai dans tout cela?
Sans verbe.
Quoi donc?
Comme complément d’objet.
Vous disiez quoi? (emploi familier).
Quoi dire? Quoi faire? (Que faire serait de meilleure langue.)
Devinez quoi?
• b) Avec préposition. De, à, sur. Quelle chose? .
Comme régime indirect d’objet ou complément circonstanciel.
À quoi pensez-vous ?
Sur quoi repose cette hypothèse ?
Par quoi voyez-vous cela ?
De quoi est-il question ?
De quoi s’agit-il ?
De quoi vous mêlez-vous ?
2° Dans le style indirect.
Je ne sais quoi.
Je ne sais pas de quoi vous parlez.
Je ne sais pas quoi faire.
Il ne sait quoi faire de ses dix doigts.
Nota.
Placé devant un adjectif épithète (nécessairement au neutre) quoi est suivi de la préposition explétive de.
Quoi de plus beau qu’un acte d’ héroïsme?
Quoi interrogatif est souvent, dans le langage parlé familier, renforcé par est-ce que?
De quoi est-ce que vous parliez?
►QUOI, exclamation.
A la valeur d’une interjection marquant la surprise, l’étonnement, l’indignation:
Quoi! vous ne trouvez pas ce crime impardonnable? (MOLIÈRE.)
Souvent renforcé par hé ou mais.
Hé quoi! Mathan, d’un prêtre est-ce là le langage? (RACINE.)
Numéric,
Dans la phrase soumise (Il sait de quoi il parle, comment vous pouvez voir un pronom interrogatif (PI) dans quoi ? La définition de ce pronom donnée par une des deux meilleures grammaires actuelles (Grammaire méthodique du français, de Riegel, Pellat et Rioul) est la suivante : « symbole incomplet » au contenu lexical réduit à la notion de personne ou de chose et dont le sens consiste à demander l’identification du ou des référents vérifiant ces notions et ce qu’en dit le reste de la phrase interrogative. Ainsi Qui a éternué ? s’enquiert de l’identité de l’être humain qui vérifie le prédicat « avoir éternué » (p. 383). Or, Il sait de quoi il parle. ne s’enquiert pas de l’identification de de la chose qui vérifie le prédicat.
Voici des ex. d’emploi du PI quoi en interrogation indirecte et avec ou sans le verbe savoir : Il ne sait quoi devenir (Rem. : cette phrase est correcte, même si l’on dirait plutôt que devenir). Je ne sus d’abord quoi leur répondre (A. Gide). Ne plus savoir ni quoi dire ni quoi faire (B. Clavel). Je ne savais plus quoi écrire (Id.). Il y avait là je ne sais quoi. Il y avait dans son ton un je ne sais quoi d’arrogant. Je me demande à quoi il pense. Dites-moi de quoi il se plaint.
Ce sont tous les ex. que donne J. Hanse pour illustrer l’emploi de quoi pronom interrogatif dans l’interrogation indirecte. Si besoin était, ils me conforteraient dans l’idée que quoi dans Il sait de quoi il parle n’est pas un PI.
Cordialement.