culpabiliser de
Bonjour,
Peut-on dire « culpabiliser de quelque chose » ?
Exemple : « Il culpabilisait de son mensonge » ou « culpabiliser de » ne s’utilise-t-il que suivi d’un verbe : « Il culpabilisait d’avoir menti. » ?
Merci
Je ne vois rien qui interdise cette construction (la forme intransitive étant correcte, et la préposition de valant pour à propos/au sujet de/à cause de) néanmoins, ce n’est clairement pas la plus usitée.
Son mensonge le faisait culpabiliser l’est sans doute davantage par exemple.
Malgré l’ancienneté de la racine latine, le verbe culpabiliser (faire naître chez quelqu’un un sentiment de culpabilité) semble n’être vraiment apparu que dans les années 1960, dans le jargon des psychologues. Il n’y a pas encore un usage clairement établi. Néanmoins, comme l’immense majorité des verbes en -iser, c’est un verbe transitif indiquant que l’on exerce une action sur quelqu’un ou quelque chose : on culpabilise quelqu’un pour (cause) ou par quelque chose (moyen).
Malgré ce que l’on entend parfois, on ne culpabilise pas de manière intransitive, on se culpabilise éventuellement. L’objet du sentiment de culpabilité est en général introduit par pour (et par de pour un infinitif).
Donc : « Il se culpabilisait pour son mensonge » ou « Il se culpabilisait d’avoir menti ».
Bonsoir,
La construction « Il culpabilisait … » est incorrecte quoiqu’on l’entende souvent, car culpabiliser signifier « faire ressentir la culpabilité » ; il faut plutôt dire : « Il se culpabilisait d’avoir menti. » Si vous souhaitez employer un substantif au lieu d’un verbe, il vaut mieux utiliser une locution explicite : « Il se culpabilisait à cause de ses mensonges »

Votre confirmation sur la transitivité est rassurante : on entend désormais tout et l’on va bientôt singulariser, atomiser, carboniser, extérioriser, alcooliser, sensibiliser et surtout vulgariser sans complément. Le français s’avachit à grande vitesse. Dommage que les dictionnaires (certes ici canadien) ne fassent plus leur boulot et gobent immédiatement tout ce qui passe…

Je me demande bien sur quelles bases vous vous fondez pour décréter que la forme intransitive est incorrecte, alors que les dictionnaires réputés sérieux (Larousse, Robert, Usito) l’enregistrent.

Si par hasard la question vous intéresse (bien que j’aie un gros gros doute), avec un cas qui ne fait pas polémique : parallèlement à culpabiliser = quelqu’un/qq chose fait que quelqu’un se trouve culpabilisé, on a casser = quelqu’un/qq chose fait que qq chose se trouve cassé, or que constate-t-on ? Un exact parallélisme entre les différentes structures que peuvent prendre ces deux verbes (causatifs) (avec en gras souligné le patient qui a selon le cas la fonction objet ou sujet) :
Le vent casse la branche
La branche est cassée par le vent
Le vent fait casser la branche
La branche se casse
La branche casse
Pierre culpabilise Paul
Paul est culpabilisé par Pierre
Pierre fait culpabiliser Paul
Paul se culpabilise
Paul culpabilise
Et pour revenir à la sphère plus psychologique, il y a fort à parier que si le Tlfi était toujours actualisé, il aurait enregistré la forme intransitive de culpabiliser, comme il l’a fait par exemple pour stresser et angoisser. Bref, le français ne s’avachit nullement, il vit sa vie de langue vivante, dynamique, évolutive et en l’espèce de façon bien sage en ne faisant qu’emprunter un chemin déjà bien tracé.

@marcel1 : Bon, je tranquillise…

Eh oui, ce n’est pas parce qu’une branche ne peut briser qu’elle ne peut casser (en l’état actuel de la langue). Et donc, en l’état actuel de la langue Chambaron peut se tranquilliser, mais non tranquilliser ; et aussi bien (dé)culpabiliser que se (dé)culpabiliser.
Ce qu’il serait intéressant de voir, c’est si ce trou dans le paradigme est le fait d’une simple contingence ou bien d’un blocage explicable.