Coupure de mots
Bonsoir.
Une coupure de mot en fin de ligne peut-elle se faire n’importe comment ou doit-on couper après une syllabe?
Merci pour votre réponse!
Cordialement,
Valérie R.
Bonsoir.
Non, la coupure de mot (césure) ne peut pas se faire n’importe comment. En français, la règle générale est de couper en suivant les syllabes, sans laisser une lettre isolée, en coupant s’il y a lieu entre deux consonnes (mais aussi en respectant l’étymologie des mots). Pour les mots composés, la coupure se fait au trait d’union. Pour un mot composé de plus de deux mots reliés par un trait d’union, la coupure se fait après le premier trait d’union. Quelques exemples.
– le mot argument peut être coupé de diverses façons. ar-gument, mais aussi argu-ment.
– Pour couper le mot distinction, on n’a en fait qu’une seule possibilité : dis-tinction. Si l’on coupait à la seconde syllabe distinc-tion, on ne respecterait pas la formation du mot qui contient disctinct. et la césure distinct-ion ne renverrait pas à la ligne une syllabe.
– Il est très difficile de couper un mot comme école. é-cole est interdit (lettre isolée) mais éco-le serait maladroit, le renvoi à la ligne de le ne correspondant pas à une syllabe prononcée.
– arc-en-ciel ne peut être coupé qu’après arc-.
Il faut sans doute rappeler que l’indication de la césure est un tiret (conditionnel) en fin de ligne mais qu’il ne faut pas répéter au début de la ligne suivante.
Tous les traitements de texte offrent l’option de couper les mots. Mais vérifiez soigneusement la façon dont ils le font qui est très souvent fautive !
Enfin, la césure n’est pas une obligation ! Elle est pratiquée dans la presse et l’édition pour des raisons de place, mais rien ne l’impose dans un texte manuscrit et, si vous ne manquez pas de place dans un texte saisi sur un traitement de texte, il est préférable de ne pas couper les mots. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, sur la plupart des traitements de texte, la césure n’est pas l’option par défaut.
Vous pouvez consulter un article assez complet sur les coupures syllabiques et étymologiques sur le site de l’Office québécois de la langue française. C’est ici. La liste de tous les articles donnant l’ensemble de règles de césure (il y en a beaucoup !) se trouve là.
Belle réponse dont je partage l’essentiel. Les règles de coupure sont un véritable artisanat et cela demande effectivement du doigté !
J’attire néanmoins votre attention sur le mésusage du mot césure pour désigner la coupure. Il s’agit d’un mot technique du domaine poétique ou musical et non typographique… Par ailleurs, il ne s’agit pas de tiret mais d’un vrai trait d’union (anciennement dénommé division d’ailleurs).
Merci pour ces précisions, Chambaron. Il me semblait que le terme «division» était réservé à la typographie et qu’on parlait de trait d’union dans la langue courante. Je ne savais pas que «tiret» et «trait d’union» n’étaient pas synonymes.
Le mot division a vécu, pour cause d’ambigüité. C’est juste un éclairage historique effectivement. Pour les tirets, il s’agit des cadratins et demi-cadratins qui ont un tout autre usage que le trait d’union. La confusion est hélas fréquente dans la langue courante.