Couleurs : des yeux rouge de braise ou rouges de braise ?
Accordez-vous l’adjectif de couleur dans ce cas ?
Autre exemple : des yeux noir (ou noirs) de jais.
Avez-vous d’autres assemblages de ce type (adjectif + complément) ?
Bonjour,
Je ne comprends pas non plus l’ « explication » du site canadien : elle me semble erronée.
Par ailleurs, j’ai cherché d’autres exemples de cette tournure (invariable en effet, car plusieurs mots désignent une seule couleur) et mon cher André Jouette donne aussi :
bleu de nuit, jaune d’or et vert d’eau (adjectif de couleur + complément).
A priori, c’est le mélange qui nuit à l’accord des couleurs…mais je vais parfois vers cette page pour les couleurs, qui affirme qu’un groupe de mots pour exprimer une couleur est invariable.
http://monsu.desiderio.free.fr/atelier/adjcoul.html
Vous trouverez au paragraphe 3 d’autres assemblages (hauts en couleurs) dont le plus connu est « caca d’oie » (de même que « lie-de-vin ») et mon préféré est « gorge-de-pigeon » en raison d’une référence littéraire (les gants de Saltiel, personnage d’Albert Cohen). Vous aimerez peut-être « ventre-de-biche » (chamois) ou « cuisse-de-nymphe » (variété de rose).
Votre « rouge de braise » n’y figure pas.
N’écrit-on pas haut en couleurs avec l’adverbe haut invariable ?
Bonjour.
La règle dit que lorsque deux mots sont utilisés pour désigner une couleur, aucun ne varie (ex. des écharpes gris clair ou bleu foncé), donc comme pour « noir de jais » ou « rouge de braise« .
Mais je suis surpris de lire sur le site canadien (Office Québécois de la Langue Française)
http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?t1=1&id=4666
que « noir de jais » reste invariable parce que noir est alors un nom (donc équivalent à « comme le noir de jais » ?? ou peut-être faut-il assimiler l’adjectif de couleur à un nom, lorsqu’il est associé à un autre mot : comme le…)
Cordialement
Voici d’autres exemples qui désignent des nuances :
Bleu
Bleu de Berlin
Bleu de France
Bleu de minuit
Bleu de Prusse
Bleu des mers du sud
Noir
Noir d’aniline
Noir de carbone
Noir de fumée
Noir d’encre
Noir de Jais
Noir d’ivoire
Rouge
Rouge de Falun
Rouge d’alizarine
Blanc
Blanc de Troyes
Blanc d’Espagne
Blanc de platine
Blanc de zinc
Blanc de lin
Blanc de lait
Vert
Vert de vessie
Vert d’eau
Vert de chrome
Vert de gris*
Jaune
Jaune de Naples
Jaune de cobalt
Quant à l’assemblage « rouge de braise » j’avancerais qu’il s’agit d’une forme pléonastique, puisque les braises sont ardentes donc rouges. D’ailleurs un « regard de braise » n’est -il pas un regard ardent ? Un regard qui inspire la fougue, le désir , la passion …
*Le vert-de-gris (à l’origine « vert de Grèce ») est un produit de corrosion du cuivre. Sous sa forme naturelle, c’est un carbonate hydraté de cuivre, mais, à proximité de l’air marin, peut être un chlorure de cuivre. En présence d’acide acétique, le vert-de-gris peut être de l’acétate de cuivre.
Vert de gris est aussi, par dérivation, un nom de couleur.
Très belle liste, avec de nombreuses découvertes, même si plusieurs expressions semblent plutôt s’employer comme substantifs et sont très techniques du monde des pigments et de la chimie des couleurs.
Je pense que vous cautionnez aussi l’invariabilité en cas d’emploi comme adjectif. On écrit donc bien « des tissus bleu de France ».
Grand merci pour l’origine du vert-de-gris !
Un grand merci à vous trois.
La difficulté vient précisément du fait qu’il ne s’agit pas d’une couleur standardisée comme lie-de-vin ou les autres (qui ne contiennent pas de couleur dans leur nom et sont soudés par trait d’union). On a là un assemblage un peu occasionnel d’une couleur et d’un complément variable et l’on est tenté par un accord.
Mais l’invariabilité semble incontestable.
Un plus pour Evinrude et les exemples du Jouette…